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Au procès de Leahain Malcolm, un psychiatre de la défense soutient que l'accusé traversait un épisode psychotique lorsqu'il a tué son époux à Toronto et que son trouble mental l'a probablement empêché de comprendre que ce qu'il faisait était moralement mal. L'individu a plaidé non coupable d'une accusation de meurtre non prémédité pour la mort de Rupert Brown en 2021.
Dans ce procès sans jury, personne ne conteste le fait que Leahain Malcolm a poignardé à mort son conjoint la nuit du 27 février 2021, mais la responsabilité criminelle de l'accusé est au centre des plaidoiries.
ATTENTION : Cet article pourrait choquer certains lecteurs.
À l'époque, Malcolm avait appelé le 911 pour expliquer à la répartitrice qu'il entendait des voix qui lui disaient que son époux était le démon et qu'il devait le tuer s'il ne voulait pas être tué avant.
Le corps ensanglanté de Rupert Brown avait été découvert dans la chambre du couple d'origine jamaïcaine, qui habitait un appartement modeste dans le nord-ouest de la métropole.
Les deux hommes avaient demandé le statut de réfugié au Canada.
La défense appelle à la barre le psychiatre-légiste, le Dr Derek Pallandi, qui a rencontré le prévenu à deux reprises en détention au début de l'année pour poser un diagnostic.
Interrogatoire de la défense
Le Dr Pallandi pense que l'accusé est atteint d'une forme de psychose, mais reconnaît du même souffle qu'il est toxicomane et que ses épisodes psychotiques peuvent être déclenchés après la consommation de méthamphétamine en cristaux ou de crack.
Il a des hallucinations et il est en proie à des délires, dit-il en ajoutant que la génétique peut expliquer la transmission d'une maladie mentale d'un parent à un autre.
Les rapports à son sujet montrent qu'il a un oncle et un cousin atteints de troubles mentaux, poursuit-il. Il est toutefois incapable de préciser la nature exacte de la psychose, mais n'exclut pas la schizophrénie.

L'agent Moore met en joue Leahain Malcolm vers 3 h 30 du matin le 27 février 2021 juste à l'extérieur de l'appartement de l'accusé et de la victime.
Photo : AVEC L'AUTORISATION DE LA COUR SUPÉRIEURE DE L'ONTARIO
Le médecin ajoute que les trous de mémoires ne sont pas inhabituels chez les personnes atteintes de psychose et qu'il n'est donc pas anormal que l'accusé ne se souvienne plus de ce qui s'est passé.
Le procès a montré que Leahain Malcolm consomme régulièrement du cannabis – qu'il consommait déjà lorsqu'il habitait en Jamaïque – mais aussi des méthamphétamines, du crack et de la cocaïne depuis qu'il est arrivé au Canada en janvier 2020.
Chez une infime minorité de fumeurs de cannabis, la marijuana peut aussi affecter leur vulnérabilité au niveau des psychoses, explique-t-il.

Les policiers découvrent le corps de Rupert Brown sur le plancher de la chambre du couple. (Photo d'archives)
Photo : AVEC L'AUTORISATION DE LA COUR SUPÉRIEURE DE L'ONTARIO
Le Dr Pallandi affirme qu'il ne fait aucun doute que l'accusé est un toxicomane et qu'il se drogue pour alléger un traumatisme, une détresse ou encore son stress.
Il est toutefois incapable de dire combien de temps peut durer un épisode psychotique. Quelques minutes, une heure, plusieurs jours voire des mois, dit-il en soulignant que des patients peuvent rester psychotiques pendant quelque temps même après avoir cessé leurs traitements.
Un épisode peut aussi en entraîner d'autres dans le futur, confie-t-il.

L'accusé, Leahain Malcolm, est emmené au poste de police dans une autopatrouille quelques minutes après son arrestation le 27 février 2021.
Photo : AVEC L'AUTORISATION DE LA COUR SUPÉRIEURE DE L'ONTARIO
Dans son interrogatoire, l'avocate de la défense, Andrea van der Heyden, tente d'anticiper les questions à venir de la Couronne. Cette dernière ne croit pas à la non-responsabilité criminelle de l'accusé.
Le psychiatre confirme que l'accusé lui a dit que la relation avec son conjoint battait de l'aile et qu'il pensait que son mari le trompait et que cela le rendait jaloux.
Oui, la jalousie peut tuer, mais dans son cas, la psychose et la toxicomanie expliquent davantage son geste, mentionne-t-il.

Leahain Malcolm a été vu par une poignée de psychiatres au Centre de détention du sud de Toronto entre 2023 et 2025. (Photo d'archives)
Photo : iStock
Le Dr Pallandi ajoute que l'accusé traversait aussi une période difficile de sa vie : il avait des problèmes maritaux, il a failli aboutir dans la rue, il faisait face à l'expulsion du pays, il était au chômage, le Barreau n'a pas reconnu sa licence de Jamaïque et il était confiné à cause de la pandémie.
Un tel stress aurait pu aussi contribuer à provoquer un épisode psychotique, admet-il.
Me van der Hyden projette à l'écran la vidéo de son arrestation que la caméra du policier a filmée. Le Dr Pallandi confirme que l'accusé est inhabituellement calme dans des telles circonstances.
Il est dépourvu de toute émotion, son ressenti est inexistant; or, sa camisole est tâchée de sang, remarque-t-il.

L'appartement de la victime était situé au troisième étage de cet immeuble à logements dans l'ouest de Toronto. (Photo d'archives)
Photo : AVEC L'AUTORISATION DE LA COUR SUPÉRIEURE DE L'ONTARIO
Le psychiatre ne croit pas en outre que l'accusé faisant semblant de ne pas se souvenir de ce qui s'était passé et qu'il exagère ses symptômes. Quelle serait sa motivation de jouer la comédie?, s'interroge-t-il.
Il fait preuve d'une bonne maîtrise de lui-même. Je peux comprendre une telle inquiétude, mais cela ne veut pas dire qu'il n'est pas atteint d'une psychose, précise-t-il.
Il admet que l'accusé lui a dit qu'il n'est atteint d'aucun trouble mental, mais les personnes psychotiques sont souvent dans le déni, selon lui.
Il mentionne que la pauvreté de sa mémoire au sujet du meurtre peut s'expliquer par un moment de délire ou une psychose sous-jacente.
Je doute qu'il aurait commis le meurtre s'il n'avait pas été psychotique, mais il était probablement incapable de comprendre le caractère moralement répréhensible de son geste, conclut-il.
Contre-interrogatoire de la Couronne
La Couronne croit que Leahain Malcolm est criminellement responsable du crime et que son passé d'avocat lui permet de comprendre les lois sur la non responsabilité criminelle et qu'il utilise son expérience pour échapper à la justice.
Oui, il est au courant des dispositions de la loi entourant la non responsabilité criminelle, reconnaît le médecin qui précise néanmoins qu'il existe des preuves que l'accusé a été traité pour des troubles mentaux bien avant le meurtre.
Le Dr Pallandi rappelle en revanche que Leahain Malcolm ne lui a jamais confié que son état mental l'excusait de tout blâme par rapport à la mort de son conjoint.

Le Centre de toxicomanie et de santé mentale (CAMH) de Toronto est le plus important hôpital psychiatrique au Canada. (Photo d'archives)
Photo : Radio-Canada / CBC
Il confirme néanmoins que l'individu ne se souvient pas d'avoir été arrêté et qu'il se demande toujours la raison pour laquelle il est en détention.
Il sait en revanche qu'il a été libéré sous caution quelques semaines avant le meurtre après avoir été arrêté pour avoir agressé son conjoint, avoue-t-il. Mais il m'a dit que c'est son conjoint qui l'avait attaqué, poursuit-il.
La procureure Brady Donohue fait dire au psychiatre que l'accusé n'a pas été honnête avec lui durant les entrevues parce qu'il a omis de lui dire qu'il avait été accusé en mai 2024 pour des faits qui se seraient passés en détention.
Le Dr Pallandi affirme qu'il a trouvé que l'accusé était méfiant, fatigué et introverti lorsqu'il l'a vu la première fois, mais il explique son comportement par le fait que cela faisait quatre ans qu'il était en prison.
Non, il n'est plus médicamenté depuis qu'il a été arrêté pour meurtre, précise-t-il.

Le Barreau ontarien n'a pas accepté en janvier 2021, soit un mois avant le meurtre, de reconnaître la licence de droit que Leahain Malcolm a obtenue en Jamaïque. (Photo d'archives)
Photo : iStock
La procureure remet en cause le diagnostic du Dr Pallandi dans la mesure où les médecins de CAMH n'ont pas mentionné dans leur rapport que l'accusé était atteint de psychose lorsqu'il a été hospitalisé en juillet 2020 et en janvier 2021 (les médecins avaient plutôt relevé une toxicomanie, NDLR).
Le psychiatre admet qu'il est inquiétant de savoir que l'accusé n'a jamais mentionné au personnel de CAMH qu'il avait des hallucinations et qu'il n'en a parlé qu'avec les psychiatres en détention après le meurtre.
Le Dr Pallandi rappelle néanmoins que Leahain Malcolm en a fait mention dans l'appel au 911.
Son diagnostic n'était pas clair à son premier congé de CAMH, mais on lui avait prescrit des antipsychotiques qu'il a cessé de prendre cinq mois plus tard, dit-il.

Leahain Malcolm a visité les chutes du Niagara à une date indéterminée. (Photo d'archives)
Photo : Facebook
Le médecin reconnaît aussi que l'accusé n'a rien dit à CAMH au sujet du passé médical de certains membres de sa famille en Jamaïque.
On comprend dans les questions de la procureure Donohue que la Couronne pense que Leahain Malcolm est atteint d'un trouble mental dû aux drogues, mais que ça ne l'a pas empêché de comprendre que son geste était moralement répréhensible.
En tant qu'avocat, il lui aurait par ailleurs été facile, selon elle, d'exagérer son état mental en détention pour duper les psychiatres.