Il s'agit du troisième visiteur interstellaire jamais détecté par l'humanité. Un objet venant de l'extérieur du Système solaire a été repéré en train de le traverser à toute allure, a indiqué mercredi l'Agence spatiale européenne (ESA). Une annonce confirmée par des astronomes.
Astronomers may have just discovered the third interstellar object passing through the Solar System!
ESA’s Planetary Defenders are observing the object, provisionally known as #A11pl3Z, right now using telescopes around the world.
Cet objet, probablement le plus volumineux jamais observé, a été classifié comme comète par le Centre des planètes mineures de l'Union astronomique internationale. Son aspect «suggère qu'il s'agit principalement de glace plutôt que de roche», a expliqué à l'AFP Jonathan McDowell, astronome au Centre d'astrophysique de Harvard-Smithsonian.
Baptisé A11pl3Z, il ne présente pas de risque de collision avec la Terre, a dit à l'AFP le responsable de la défense planétaire de l'ESA, Richard Moissl: «Il va voler profondément dans le Système solaire, en passant juste dans l'orbite de Mars.» Les astronomes sont encore en train de préciser leurs calculs, mais sa vitesse semble dépasser les 60 kilomètres par seconde, soit plus de 200 000 km/h. Cela signifie qu'il n'est pas lié à l'orbite du Soleil. Sa trajectoire, elle aussi, «indique qu'il n'est pas en orbite autour du Soleil, mais vient de l'espace interstellaire et va y retourner», selon Richard Moissl.
Observable (par télescope) jusqu'en 2026
Basé à Hawaï (Etats-Unis), le projet ATLAS de surveillance des astéroïdes financé par la NASA (agence spatiale américaine) a découvert l'objet mardi, a écrit l'astronome américain David Rankin sur le réseau social Bluesky. Des astronomes professionnels et amateurs du monde entier ont ensuite fouillé dans les données enregistrées par les télescopes, reconstituant sa trajectoire jusqu'au 14 juin.
La taille de l'objet est actuellement estimée à 10 à 20 km de diamètre. Mais il pourrait être plus petit s'il est composé de glace, qui reflète davantage la lumière.
«Il va briller de plus en plus et s'approcher du Soleil jusqu'à la fin octobre, et sera encore observable (par télescope) jusqu'à l'an prochain», a expliqué Richard Moissl.
Troisième visiteur interstellaire détecté
Il s'agit du troisième objet jamais observé en provenance de l'espace interstellaire. Le premier, Oumuamua, avait été détecté en 2017. Il était si étrange qu'au moins un scientifique renommé avait fini par se convaincre qu'il s'agissait d'un vaisseau extraterrestre - sa théorie a depuis été démentie par des recherches supplémentaires. Le deuxième bolide interstellaire, 2I/Borisov, avait été détecté en 2019.
Lire aussi: ’Oumuamua, objet spatial détecté en 2017, est un signe de vie extraterrestre, affirme un physicienA11pl3Z paraît «se déplacer beaucoup plus rapidement que les deux premiers objets extra-solaires qui avaient été découverts», a dit à l'AFP Mark Norris, astronome à l'université britannique de Central Lancashire. L'objet se trouve actuellement à peu près à la même distance de la Terre que Jupiter, selon Mark Norris.
Selon des modélisations, dit-il, il y aurait jusqu'à 10 000 objets interstellaires circulant à tout moment dans le Système solaire, dont la plupart seraient plus petits que l'objet fraîchement découvert. Si ces modélisations sont exactes, cela signifie que le nouvel observatoire Vera C. Rubin, situé au Chili, pourrait bientôt découvrir de petits voyageurs interstellaires tous les mois, estime Mark Norris.
Lire encore: Les premières images de l’Observatoire Vera C. Rubin montrent l’Univers comme vous ne l’avez jamais vuUne occasion rare pour les scientifiques
Richard Moissl a expliqué qu'il est impossible d'envoyer une mission spatiale pour intercepter le nouvel objet. Mais un tel événement offre néanmoins aux scientifiques une occasion rare d'étudier des corps provenant de l'extérieur du Système solaire.
Par exemple, si des observations permettent de détecter sur un tel objet des précurseurs de la vie, comme des acides aminés, cela donnera aux chercheurs «beaucoup plus confiance dans le fait que les conditions pour l'apparition de la vie existent dans d'autres systèmes stellaires», selon Mark Norris.