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Les textes qui paraissent dans la rubrique Débats sont des contributions externes, qui n'engagent pas la rédaction.
Une chronique d'Armand Lequeux
Jamais notre cerisier n'a donné autant de fruits que cette année. Je le fréquente depuis son plus jeune âge, je peux donc en témoigner. Sans doute est-ce l'occasion de vous confier la leçon de sagesse dont il fut l'initiateur. Très tôt après son emménagement, Eugène, notre nouveau voisin, me confia qu'il avait toujours rêvé de posséder un cerisier tel que le nôtre. Il lui trouvait belle allure et s'était régalé avec nous de ses fruits bien charnus. Il ne tarda pas à me demander les références du pépiniériste qui nous avait vendu le nôtre. Quand fut venue la Ste Catherine, il planta son cerisier dans les règles de l'art sans ménager sa peine : un trou bien profond, du terreau de qualité et de solides tuteurs.
Le printemps suivant vit naître quelques bourgeons et de timides fleurs d'un étonnant rose pâle. Je ne fus pas le seul à le rassurer, les fruits n'apparaissent pas toujours dans la prime jeunesse d'un tel arbre, mais je devinai son anxiété tout au long de l'année. Le second printemps dissipa tous les doutes : il s'agissait d'un magnifique cerisier du Japon d'un rose tendre qui illuminait son jardin, mais qui jamais évidemment ne pourrait donner de cerises. Cette évidence faillit précipiter Eugène dans une profonde dépression.
Préférer les fleurs
L'arboriculteur se répandit en excuses et s'engagea à réparer son erreur à ses frais en déracinant ce malheureux Japonais pour le remplacer dès l'automne par un solide autochtone à fruits. Mais après réflexion et contre toute attente, Eugène refusa cette proposition. Il s'était pris d'amitié pour cet arbre qu'il avait planté, arrosé et vu grandir. Il décida de préférer les fleurs, fussent-elles fugaces, aux fruits et de privilégier ainsi le plaisir des yeux à celui de la gourmandise.
Mon voisin est un homme heureux. Un véritable stoïcien qui n'a jamais entendu parler de Sénèque ni de Marc-Aurèle (Accueille chaque chose qui t'arrive comme si tu l'avais choisie), mais qui s'aventure plus loin que la résignation ou l'acceptation. Il décide d'aimer le réel tel qu'il est, c'est-à-dire la vie, y compris dans ses épreuves.
Personne n'est responsable du bonheur de son conjointJe suis désolé de vous avouer que l'histoire d'Eugène est une fiction. Imaginez cependant que nous adoptions tous l'antique sagesse du héros de cette fable estivale qui naquit à l'ombre de mon cerisier, bien réel celui-là. Nous accepterions que jamais tout n'est parfait et nous cesserions de nous plaindre en comparant sans cesse notre pauvre sort à celui de celles et ceux qui nous paraissent privilégiés. Nous sortirions de notre insatisfaction chronique générée par la société de consommation qui nous fait croire que nous méritons toujours plus et toujours mieux. Nous ferions lucidement le tri entre ce qui dépend de nous et ce qui n'en dépend pas. Face à ce qui relève de notre responsabilité, à nous de nous montrer perspicaces et d'avoir le courage d'agir en conséquence. Face à ce qui ne dépend pas de nous, il nous reste l'option de l'acceptation sereine et, si possible, de l'amour de ce qu'il advient. Quoi qu'il nous en coûte, car ce qu'il nous advient c'est la vie !
Minuscule maillon
Connaissez-vous plus beau cadeau que celui-là ? Vous et moi, nous le reçûmes sans aucun mérite à la suite d'une incroyable succession d'improbabilités, depuis le big-bang jusqu'à l'apparition de la vie sur terre et enfin votre existence et la mienne. Nous sommes un minuscule maillon d'une immense chaîne d'imprévisibilités quasi impossibles, mais qui se sont réalisées puisque nous sommes là ! Nous ne sommes pas nés pour être heureux, mais pour être vivants et pour donner la vie, donc heureux comme un cerisier qui, selon son destin, nous offre des fleurs ou des fruits.