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Le silence de Batharram est un livre écrit par Alain Esquerre et Clémence Badault*.
Alain Esquerre a été victime et témoin. Il a réalisé une enquête avec collecte de témoignages grâce au réseau social Facebook, puis a déposé des plaintes, le tout avec une détermination et une opiniâtreté remarquables. Ce ne fut pas sans mal, nous y reviendrons. De quoi s’agit-il ? D’un monde hallucinant où la violence physique et les viols sont institués en règles de fonctionnement, dans un collège-lycée tenu par une congrégation religieuse, les Prêtres du Sacré-Cœur de Jésus de Bétharram, également appelés Bétharramites. Ces gens sont censés instruire et éduquer des enfants, et plus encore avoir charge d’âmes, comme on disait autrefois, puisque chargés d’initier à la spiritualité religieuse. Un ensemble de grandes responsabilités définissant le futur des enfants à eux confiés. Et pas gratuitement. L’établissement a la réputation d’avoir un taux très élevé de réussite au baccalauréat, référence semblant rejeter tout soupçon et envoyant tout lanceur d’alerte dans les rangs des affabulateurs ou des complotistes. En lisant le livre, on découvre qu’en fait sévissaient là quelques minables curetons frustrés socialement et sexuellement, incapables d’assumer leur situation ou d’y renoncer, des laïcards sadiques en mal de pouvoir sur les autres. Un total de 26 adultes, coupables de divers sévices, humiliations, attouchements et viols, imposant leur violence et leurs fantasmes à des enfants de 8 à 13 ans terrorisés, dont les attitudes craintives, conséquentes et généralisées, ne pouvaient échapper à l’observation des professeurs venant de l’extérieur. L’un d’entre-eux, cité dans le livre, était intervenu sans succès et avait fini par quitter l’établissement, notamment après avoir entendu une menace de mort. On pourrait se demander comment de tels agissements, sur une si longue période, ont pu se perpétrer dans une société où la moindre fessée d’usage séculaire est devenue un délit tandis que l’on cultive le mythe de l’enfant-roi. Notons que l’auteur du livre précise à chaque fois qu’il cite nommément une personne que celle-ci demeure présumée innocente.
La récente audition de François Bayrou, Premier ministre de la France (accessoirement de la République) et donc de tous les Français, devant une Commission d’enquête parlementaire** où il fut particulièrement malmené par le corapporteur de ladite Commission, le député LFI Paul Vannier, a participé à cette société du spectacle dont parle en détails Gary Laski dans son livre Kraken-Système politique de l’ère numérique. Les victimes, pourtant au centre des événements, ont été laissées de côté au profit des règlements de comptes politiques. François Bayrou, à force de s’obstiner à se situer à l’extrême-centre au milieu de rien et de nulle part, n’a convaincu personne. Attaquer Bayrou à son poste actuel, au profit d’une idéologie et pour déstabiliser le malade mental de l’Élysée ne tolérant nul qui lui ferait de l’ombre, était l’objectif bien visible des LFI. Bayrou ne ferait d’ombre à personne, assurément, appliqué qu’il est à ne jamais en faire pour s’assurer des opportunités dont le couronnement est justement son poste actuel. Et pourtant…
L’obstination de François Bayrou à nier sa connaissance des faits est édifiante. Il prétend ne jamais avoir bénéficié d’informations privilégiées. Si, en tant que ministre, il n’y a pas eu accès, qui d’autre l’aurait pu ? Il ne lui est pas demandé d’en avoir bénéficié, mais d’en avoir pris connaissance et d’avoir agi en conséquences. Il serait bien étonnant qu’il n’ait été au courant de rien, alors que l’un de ses fils était dans la même classe qu’un élève devenu définitivement à moitié sourd après une gifle d’une violence inouïe, à propos de laquelle on se demande si les tortionnaires bétharramites n’avaient pas bénéficié de complicités hospitalières concernant un document perdu. Alain Esquerre écrit dans son livre que François Bayrou aurait été informé des violences physiques, mais pas des violences spécifiquement sexuelles. On peut cependant se demander si, au degré de violences physiques atteint, la concomitance de viols n’aurait pas dû être une évidence. Car il faut bien savoir que dans tout le Béarn, la réputation du collège-lycée de Bétharram est inscrite dans les esprits depuis des décennies. « Si tu travailles mal ou que tu te conduis mal, je t’envoie à Bétharram » a été une menace adressée à bien des enfants béarnais, comme l’on menaçait jadis les gamins turbulents de les envoyer en Maison de correction tenues pour certaines par des bonnes sœurs n’ayant de bonnes que le nom. Des villes où étaient situés ces établissements leur demeurent associées dans des mémoires pas si anciennes, telles que Aniane dans l’Hérault, Meyrueis en Lozère et bien d’autres en France.
Cette réputation de sévérité et de résultats a permis à l’établissement de conserver une clientèle de gens plus ou moins aisés y scolarisant leurs enfants sans hésitation, vénérant les intervenants et par là même fermant leurs oreilles à toute éventuelle information concernant l’innommable, le tragique, le démoniaque. Car ce qui se passait à Bétharram était un crime contre l’enfance, contre l’humanité, un crime contre l’esprit. C’est cette institution renommée dans tout le Béarn et au delà, considérée comme exemplaire, à qui des parents ont confié leurs enfants que remet en cause l’auteur. C’est pourquoi il est d’emblée rejeté par des commentateurs sur le réseau social, avant que, petit à petit, des victimes le contactent et lui livrent leur témoignage. Lorsqu’il commence à avoir quelques résultats, les gens autour de lui ne se réjouissent pas : Alain Esquerre démolit la référence scolaire, morale, sociale et spirituelle du Béarn, en laquelle ont cru des générations de gens ordinaires qui n’ont pas envie de reconnaître qu’ils ont été abusés, surtout s’ils y ont compromis leurs propres enfants.
Pourquoi si tard ? Toute personne saine d’esprit se demande pourquoi ces témoignages arrivent si tard. Dans le chapitre intitulé La mécanique du mal, Alain Esquerre démonte ce procédé ayant permis ces agressions perpétuelles. Des enfants marqués pendant des années par ces punitions violentes et ces viols à répétition les ont reproduits sur les plus jeunes qu’eux. Certains, nommés temporairement chargé de discipline d’un dortoir, ont emmené sur demande l’un des plus petits dans la chambre d’un Bétharramite au milieu de la nuit, en sachant très bien ce qu’il allait se passer. De plus, les plus grands violentaient continuellement les arrivants, participant ainsi à faire de la violence physique une normalité de fonctionnement de l’établissement. Ainsi les enfants se trouvaient-ils confrontés à ce qu’ils assimilaient à la sévérité connue et voulue de leurs parents et reconnue par l’opinion publique. Comment alors dénoncer ces atrocités ? Giflés au moindre prétexte et même sans, envoyés en slip dehors par le froid hivernal, bousculés au sortir de la douche et tombant nus sur le carrelage étaient le quotidien des élèves de Bétharram. Les viols, auxquels l’auteur a échappé car il était externe, augmentaient atrocement la violence vécue dans la chair et dans l’esprit. De plus, la sidération induite par le viol peut avoir effacé la mémoire du moment, tant le cerveau se déconnecte d’une réalité afin d’y survivre. De plus encore, comment dénoncer ce à quoi on a participé personnellement, par vengeance ou par soumission ? Comment reconnaître que l’on a été victime alors que l’on a cru être parmi les plus forts en se compromettant ? C’est ce qui explique les difficultés initiales de l’auteur sur le réseau social, où certains commentateurs prétendaient que ces agissements avaient été pour leur bien. Avoir subi, et pire encore avoir adhéré à cette monstruosité affecte l’esprit pour toute la vie, d’où les difficultés de l’auteur à recueillir, à faire mettre en mots, à faire confirmer et signer sans retrait les souvenirs parfois fragmentés mais souvent précis de l’innommable. Même après plusieurs dizaines d’années.
Après les plaintes en Justice et l’affaire largement traitée par les médias, la congrégation bétharramite tergiverse beaucoup au lieu de réagir. Dans le public, on approuve de plus en plus le travail de Alain Esquerre, dès lors que les médias en parlent et que le sujet devient inévitable. Singulière modification des réactions qui au départ étaient plutôt hostiles à la remise en cause d’une institution séculaire. Même l’évêque de Bayonne admet avoir dissimulé des faits à lui rapportés afin de la protéger. De divers endroits de France, des révélations se font à propos de drames similaires. Finalement la congrégation reconnaît le caractère systémique des violences et accepte une commission d’enquête indépendante, tandis que les politiciens ne s’intéressent qu’à la culpabilité de François Bayrou -à qui sa propre fille a caché des violences venant d’un Bétharramite. L’auteur termine le livre sur une note d’espoir. J’emprunte à un poème cité dans l’ouvrage ces quelques lignes pour la fin de cet article :
Les enfants de Bétharram
Ont des soleils en pointillé,
Des rires volés aux jours de larmes
Et des printemps à réparer
On ne sort pas indemne de la lecture du livre de Alain Esquerre, mais c’est un hommage à lui rendre, ainsi qu’à tous ces enfants, que de s’y intéresser en ouvrant son esprit.
Daniel Pollett
* Esquerre Alain, Le silence de Bétharram, Michel Lafon éditeur, 256 pages, Paris 2025.
https://www.latribune.fr/la-tribune-dimanche/societe/affaire-betharram-francois-bayrou-auditionne-par-la-commission-d-enquete-de-l-assemblee-1024963.html
*** Laski Gary, Kraken–Système politique de l’ère numérique, Éditiond Yvanna, 222 pages, Paris 2025.