L’industrie agricole de la Nouvelle-Écosse perd de l’argent depuis près d'une décennie. L’an dernier, les pertes s’élevaient à plus de 41 millions $. Aucune autre province canadienne n’a connu une telle disette ces dernières années.

Le manque de rentabilité des productions agricoles n’a rien d’étonnant pour Amy Hill, qui cultive une variété de légumes et élève des animaux de ferme. Depuis 15 ans, sa ferme de la vallée de la Musquodoboit n’a été rentable qu’une seule fois.

On a réalisé un profit l'an dernier, mais ce n'était pas énorme, dit-elle.

Amy Hill explique qu’elle a réduit la taille de sa ferme et que son conjoint s'est trouvé un emploi comme menuisier. C’était le seul moyen de rendre l'exploitation viable, soutient-elle.

Cela signifie que nous produisons moins pour notre communauté et j'en suis vraiment déçue. Mais si nous voulions que la ferme survive, nous devions procéder à des changements.

Selon des données de Statistique Canada, les exploitations agricoles de la Nouvelle-Écosse sont déficitaires tous les ans depuis 2017. Les agriculteurs de la Colombie-Britannique accumulent les déficits depuis 2018 tandis que ceux de Terre-Neuve-et-Labrador sont dans le rouge depuis 2020.

L’Île-du-Prince-Édouard et le Nouveau-Brunswick n'ont connu qu'une année déficitaire, en 2020 et 2023 respectivement. L’agriculture dans toutes les autres provinces est rentable depuis 2016.

C'est fou! Il faut qu'on change quelque chose, car ce que nous faisons en ce moment ne fonctionne pas, s'alarme Amy Hill. Elle ajoute que les dépenses liées à l’exploitation d’une ferme – comme les salaires, la nourriture pour le bétail, la transformation et l’emballage – coûtent de plus en plus cher.

La météo donne aussi du fil à retordre aux agriculteurs, selon Alicia King, la présidente de la Fédération d'agriculture de la Nouvelle-Écosse. Nous avons connu des événements météorologiques majeurs qui ont été vraiment exceptionnels, souligne-t-elle.

La Fédération d’agriculture de la Nouvelle-Écosse élabore une stratégie pour aider les agriculteurs à retrouver le chemin de la rentabilité. Cette stratégie devrait être mise en œuvre d'ici 12 à 18 mois, précise l'organisation.

Nous sommes des chefs d'entreprise et nous devons prendre des décisions avec cette optique en permanence, affirme Alicia King. Parfois, c'est plus difficile parce qu’il y a aussi la passion qui entre en jeu. Et parfois, nous laissons notre passion prendre le pas sur une décision commerciale.

Le ministre provincial de l'Agriculture, Greg Morrow, a décliné toute demande d’entrevue. Dans une déclaration écrite, il reconnaît toutefois que les agriculteurs traversent une période difficile et dit travailler avec d’autres élus fédéraux et provinciaux ainsi qu'avec des représentants de l’industrie agroalimentaire pour trouver des solutions.

Avec des renseignements de Paul Légère et de Taryn Grant, de CBC