Si la rentabilité des transporteurs du ciel s'améliore – elles devraient gagner en moyenne 7,2 dollars par billet — le chiffre d'affaires global du secteur n'atteint toujours pas les 1000 milliards de dollars comme espéré par l'organisation. L'Iata, qui regroupe 350 compagnies aériennes, parle de "vents contraires", comme l'incertitude géopolitique, la guerre en Ukraine, et les gigantesques retards de livraisons des avions, entre autres.

Une "dizaine d'années" pour un avion

Tant chez Boeing que chez Airbus – qui construisent l'immense majorité des avions commerciaux – les problèmes logistiques demeurent, notamment chez des sous-traitants qui ne se sont toujours pas remis de la crise du Covid. Entre la commande et la livraison d'un avion, les compagnies doivent ainsi parfois patienter "une dizaine" d'années. "Devoir attendre autant de temps avant d'avoir un avion, cela représente évidemment des opportunités ratées, regrette Peter Elbers, l'ancien patron de KLM, désormais à la tête de la low cost indienne Indigo.

Résultat de ce manque d'appareils ? Les avions n'ont jamais été aussi pleins, avec un taux de remplissage moyen de 84 % cette année, là aussi un nouveau record. Faute d'appareils de remplacement, les transporteurs du ciel utilisent aussi plus longtemps leurs avions. La moyenne de la flotte mondiale est montée à 15 ans contre 13 ans en 2015. Ce qui est aussi une mauvaise nouvelle pour la planète puisque ces aéronefs plus âgés polluent davantage.

Point positif pour les compagnies aériennes, le prix du pétrole est à la baisse, de l'ordre de 13 % par rapport à l'année dernière. Les droits de douane imposés par Trump, son appel à "forer, forer, forer ("drill, baby, drill") et surtout la décision de l'OPEP + d'augmenter les quotas de production de pétrole brut, expliquent ces prix au rabais. "Mais on voit que dans ces cas-là, ce sont surtout les passagers qui en profitent, insiste Willie Walsh. Il y a une telle concurrence dans le secteur que les compagnies baissent les prix".

D'après les prévisions de l'Iata, le prix moyen réel d'un billet d'avion aller-retour devrait être de 374 dollars en 2025. "Hors inflation, le chiffre est inférieur de 40 % aux niveaux de 2014", affirme Willie Walsh. L'euro "fort" devrait favoriser les compagnies européennes – la plupart des achats dans l'aérien se font en dollars- et augmenter le pouvoir d'achat des voyageurs du Vieux Continent. Mais selon l'Iata, ce sont surtout les compagnies low cost qui boosteront la croissance en Europe.

Pour le reste, comme une grande partie des acteurs économiques à travers le monde, le secteur aérien est pendu aux lèvres du président des États-Unis. Mais on évite les phrases choc contre le milliardaire américain. "L'évolution des politiques commerciales de l'administration Trump pourrait freiner les décisions commerciales cruciales qui stimulent l'activité économique, et avec elle la demande de fret aérien et de voyages d'affaires", indique diplomatiquement l'Iata.