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FIGAROVOX/ENTRETIEN - Ce samedi, Bruno Retailleau renouvelait les membres des instances des Républicains, au cours d’un conseil national. Pour Paul Cébille, de l’Observatoire Hexagone, la dynamique de LR repose sur la figure du ministre de l’Intérieur et son équipe pourrait l’entraver.
Paul Cébille est rédacteur en chef d’Hexagone - la France en chiffres, et est auteur notamment de la note «Référendums locaux : peut-on faire confiance aux citoyens ?» (GénérationLibre, juillet 2024).
LE FIGARO.- Ce samedi, Bruno Retailleau a présenté son équipe pour acter sa prise en main des Républicains et préparer les prochaines échéances électorales. Comment l’électorat républicain perçoit-il le retour d’anciennes figures (telles que Michel Barnier, Jean-François Copé, Geoffroy Didier) ?
Paul CÉBILLE.- L’électorat LR est assez réduit désormais, mais pour son socle initial - qui vote au centre ou pour le RN -, le retour de figures comme Jean-François Copé paraît contradictoire avec le message aujourd’hui porté par Bruno Retailleau. L’UMP de Nicolas Sarkozy ne s’est jamais pleinement remis de sa défaite de 2012 et a depuis multiplié les renoncements, ce qui lui a fait perdre une partie de son électorat.
L’électoral LR a certes réduit, mais le conseil national ce week-end a bénéficié d’une large couverture médiatique. Le parti, d’ailleurs, a gagné nombre d’adhérents à l’occasion de l’élection de son président. Est-ce de bon augure pour lui ?
Ce regain d’intérêt est surtout le fruit de Bruno Retailleau. Ce qu’il incarne lui permet de se détacher tant de son équipe que du bilan du parti. Ce climat ne pourra avoir d’effet positif d’un point de vue électoral qu’en cas d’absence de dissonance entre la ligne de Bruno Retailleau et les propositions de ses équipes. S’agissant de Jean-François Copé, par exemple, ses interventions en faveur de l’éolien entrent en contradiction avec les Français de droite - et la population générale, qui en a certes une vision positive mais ne veut pas d’éoliennes à proximité de son domicile. En somme, la dynamique de LR repose largement sur la figure de Bruno Retailleau et il ne faudrait pas que son équipe puisse la parasiter.
Bruno Retailleau bénéficie d’une bonne image, malgré la défiance généralisée envers les élus. Pour autant, sa popularité a légèrement faibli dans les enquêtes d’opinion : dans le baromètre Ifop de février 2025, il avait 48 % de bonnes opinions ; en juin, il était passé à 42 %
Paul CébilleDans quelle mesure le renouvellement des instances des Républicains permettra-t-il de conjuguer les ambitions du parti avec celles du groupe Droite républicaine à l’Assemblée nationale (présidé par Laurent Wauquiez, ancien opposant de Bruno Retailleau) ?
Le groupe Les Républicains est important en ce qu’il participe à la majorité sans être pleinement maître du jeu - le pouvoir de censure repose par exemple essentiellement sur la gauche et le RN. Le travail est assez fluide en son sein, mais reste frappé par un certain nombre de dissonances. Des désaccords idéologiques se matérialiseront forcément. On en a déjà eu un aperçu avec la loi énergétique (dont le texte originel, déposé par un sénateur LR, a été largement amendé par le groupe DR à l’Assemblée, ndlr).
Pourriez-vous nous préciser la nature de ces dissonances au sein du groupe ?
Il y a beaucoup d’opportunisme. LR dispose toujours d’une puissance locale ; c’est grâce à leur ancrage local que nombre de députés LR ont été élus. Or à l’échelle locale, certains vont chercher à se démarquer car l’extrême droite les accuse par exemple d’être liés à des mosquées. En somme, cet ancrage local produit des élus qui doivent s’accommoder à moult réalités. Cela peut par exemple expliquer le malaise entre le parti et le groupe autour de la commission d’enquête sur l’islamisme.
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Pensez-vous que Retailleau parviendra, sur le long terme, à conserver sa double fonction, à la tête d’un parti d’opposition d’une part et ministre d’État d’autre part ?
C’est une position ni facile ni habituelle en France. Bruno Retailleau bénéficie d’une bonne image, malgré la défiance généralisée envers les élus. Pour autant, sa popularité a légèrement faibli dans les enquêtes d’opinion : dans le baromètre Ifop de février 2025, il avait 48 % de bonnes opinions ; en juin, il était passé à 42 %. Son bilan, en outre, divise les Français : près de la moitié apprécie son travail au ministère de l’Intérieur, l’autre moitié désapprouve son action. Et LR a plutôt mauvaise presse, depuis son échec de 2012, bien que Bruno Retailleau semble indiquer que le parti soit en mesure de dépasser cette image, allant jusqu’à concurrencer en partie le RN - profitant notamment de l’expérience du ministère de l’Intérieur, dont Jordan Bardella et Marine Le Pen sont dépourvus.
En amont des municipales de 2026, LR devraient-ils plutôt chercher à conquérir les électeurs macronistes ou ceux convaincus par l’alliance d’Éric Ciotti avec le RN ? Un entre-deux vous semblerait-il viable ?
Le plus naturel, d’un point de vue idéologique, serait de s’allier avec l’UDR et le RN. Le plus probable reste une alliance avec le centre, car celui-ci profiterait davantage d’une alliance avec la droite plutôt qu’avec la gauche. D’un point de vue sociologique, en outre, le macronisme a grignoté en grande partie ce qu’était l’électorat LR. Revenir à la situation antérieure serait donc logique.