Julien Zarifian professeur à l’Université de Poitiers, membre junior de l’Institut universitaire de France

Publié le 03 juin 2025 à 20:36. / Modifié le 03 juin 2025 à 20:36. 3 min. de lecture

Affirmer la nature génocidaire d’un crime de masse n’est pas forcément chose aisée. Si le génocide des Arméniens, la Shoah et le génocide des Tutsis sont aujourd’hui communément reconnus comme tels, le consensus n’est pas total pour de nombreux autres cas de violence collective. Les débats entre universitaires, impliquant également les sphères politiques et les médias, sont souvent complexes et âpres. De ce fait, les chefs d’Etat sont en général prudents quand il s’agit de se prononcer sur ces questions. Ce n’est pas le cas de l’actuel président des Etats-Unis, qui s’est déjà distingué par deux prises de position marquées, tout en restant silencieux au sujet de plusieurs cas de violence de masse, pourtant pressants.

Le 24 avril 2025, le président Trump publia un message pour la journée de commémoration du génocide arménien, comme tous ses prédécesseurs depuis les années 1990. Pendant environ trente ans, les présidents américains l’ont fait sans utiliser le «G Word», afin de ménager la Turquie, Etat négationniste de ce génocide et allié stratégique des États-Unis. En 2019 cependant, le Congrès vota une résolution reconnaissant la nature génocidaire des faits – contre l’avis de la présidence Trump –, puis, à partir de 2021, le président Biden utilisa le terme «génocide» dans ses messages du 24 avril. Pour beaucoup, cela signifiait que la position des Etats-Unis était dorénavant établie sur cette question, tranchée de longue date par les spécialistes. C’était compter sans le président Trump qui décida, dans son message cette année, de ne pas utiliser le «G Word», revenant ainsi à la politique décriée de «non-reconnaissance».

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