Le port de Wood Islands, à l'Île-du-Prince-Édouard, où accostent notamment les traversiers de Northumberland Ferries Limited, sera dragué au mois d'août. La mesure, qui vise à éliminer l'accumulation de sédiments au fond de l'eau, réjouit les élus locaux, mais énerve les pêcheurs.

C'est en raison de l'accumulation de sédiments, combinée à de marées jugées anormalement basses, que Northumberland Ferries Limited a dû annuler plusieurs traversées et limiter le poids des véhicules sur d'autres.

Cette situation n'arrive pas comme une surprise dans la province. Darlene Compton, la ministre du Développement économique, montrait déjà du doigt cette situation en avril dernier. Celle qui est aussi la députée de la circonscription où se situe le port réclamait le dragage des lieux.

Nous devons draguer l'endroit où le traversier accoste. Je sais que les pêcheurs sont préoccupés par cette question. Le dragage est un aspect important pour avoir un service de traversées opérationnel et fiable.

Darlene Compton est la ministre du Développement économique, de l'Innovation et du Commerce de l'Île-du-Prince-Édouard.

Photo : Radio-Canada / Julien Lecacheur

Transports Canada, l'organisme fédéral responsable du service de traversier, estimait lors de son évaluation annuelle qu'il existe une accumulation plus importante de sédiments dans le port.

Le dragage des lieux, prévu pour 2027 et effectué normalement tous les cinq ans, est devancé de deux ans, et aura ainsi lieu en août prochain. Par voie de communiqué, le ministère fédéral explique que le dragage est nécessaire périodiquement pour s’assurer que les navires puissent naviguer en toute sécurité dans les ports et le chenal.

Le nouveau député fédéral libéral de la circonscription de Cardigan, Kent MacDonald ajoute que c'est le réchauffement climatique qui est à montrer du doigt dans cette accélération du processus naturel.

Les changements climatiques accentuent les accumulations de sédiments de façon plus fréquente que par le passé, car la glace se fait de plus en plus rare.

Kent MacDonald est le député libéral de la circonscription de Cardigan.

Photo : Radio-Canada / Aaron Adetuyi

Les pêcheurs furieux contre Ottawa

La planification d'un dragage en plein milieu de l'été ne fait pas que des heureux. Les pêcheurs de Wood Islands sont remontés contre la décision de Transports Canada. Ni la méthode, ni le calendrier ne leur conviennent.

Si le dragage a lieu, nous voulons que les sédiments soient déposés sur l'île et non autre part dans l'eau. Quant au mois d'août, nous sommes très inquiets.

L'Association des pêcheurs de l'Île-du-Prince-Édouard a appris en avril dernier que Transports Canada imposera le dragage en août ainsi que le déversement des sédiments récupérés dans le port, plus loin dans le détroit de Northumberland.

Et selon les pêcheurs, une telle décision pourrait avoir un impact à court et long terme sur l'industrie de la pêche au homard.

Les sédiments seront transportés et déversés plus loin dans le détroit, dans des endroits où sont établis les homards et les autres espèces marines. L'impact pourrait être dévastateur, avance Ian MacPherson.

Le président de l'Association des pêcheurs de l'Île-du-Prince-Édouard ne croit pas que Transports Canada reviendra sur sa décision de privilégier un déversement sur la terre ferme plutôt que dans le détroit.

Il espère néanmoins que le ministère reportera le dragage à l'automne après la saison de pêche au homard dans la zone 25, qui comprend la partie nord-ouest du détroit, et qui s'étale d'août à octobre.

Ian MacPherson est le président de l'Association des pêcheurs de l'Île-du-Prince-Édouard.

Photo : Radio-Canada / Julien Lecacheur

Les passagers doivent s'adapter

La situation a des conséquences sur les traversées entre la Nouvelle-Écosse et l'Île-du-Prince-Édouard qui sont perturbées du 24 au 28 juin.

Les passagers ont dû s'adapter à cette situation unique. Colin Murney, un touriste du Québec, originaire d'Halifax n'a jamais entendu parler d'un tel phénomène. Lui et sa petite amie en vacances ont été surpris par cette annonce.

Je n'ai jamais entendu d'une annulation de traversier à cause de la marée. Je ne savais même pas que cela pouvait arriver, clame-t-il.

Colin Murney et sa petite amie ont été surpris d'apprendre l'annulation de traversiers à cause des marées basses dans le détroit de Northumberland.

Photo : Radio-Canada / Julien Lecacheur

Au-delà de la surprise, certains voyageurs inquiets ont dû s'informer au préalable afin d'éviter tous les désagréments.

J'ai demandé si le traversier fonctionne. Northumberland Ferries m'a expliqué que seules les traversées en après-midi étaient annulées. Celles du matin fonctionnent à la normale, explique Tom Ioannou, un touriste ontarien.

L'exploitant Northumberland Ferries assure que les traversées entre la Nouvelle-Écosse et l'Île-du-Prince-Édouard reviendront à la normale dès le 29 juin.