Le chenal reliant le port de Rustico-Nord et le golfe du Saint-Laurent s'ensable de plus en plus. L'ensablement est tel qu'il pourrait avoir un impact sur la pêche au homard, mais aussi sur les excursions de pêche en haute mer à l'Île-du-Prince-Édouard.

En cette fin de matinée, des dizaines de homardiers reviennent dans le port de Rustico-Nord. Mais avant d'accoster, ils doivent manœuvrer dans un chenal rendu traître par le sable et les marées basses.

À l'ouverture de la pêche au homard, fin avril, plusieurs pêcheurs sont restés coincés en mer à cause des conditions de navigation. Julie Ann Gauthier était sur l'une de ces embarcations. La copropriétaire de l'entreprise, Joey's Deep Sea Fishing, se souvient de ces moments stressants.

Il y a beaucoup de sable, mais aussi des rochers, ainsi que de nombreux débris qui se sont accumulés depuis des années. C'est épuisant et stressant.

Julie Ann Gauthier est la copropriétaire de Joe's Deep Sea Fishing. Elle implore le ministère des Pêches et des Océans de procéder au dragage du chenal.

Photo : Radio-Canada / Nicola Macleod

Un mois après cette mésaventure, la situation ne s'est pas arrangée. Le sable toujours présent force les pêcheurs à écourter leurs journées de pêche.

Une perte économique et un stress qui pourraient se reporter sur les entreprises spécialisées dans la pêche en haute mer, selon Julie Ann Gauthier. Notre métier est déjà assez stressant comme cela, on n'a pas besoin d'ajouter plus de risques, insiste-t-elle.

Elle et d'autres pêcheurs réclament au ministère des Pêches et des Océans (MPO) le dragage du chenal. La solution consiste simplement à draguer, c'est tout ce qu'il faut faire, réclame-t-elle.

Michelle Bloyce a acheté un langoustier spécialement pour la saison des excursions de pêche en haute mer. Même si le bateau requiert moins de profondeur d'eau qu'un homardier, elle a peur de l'ensablement.

Photo : Radio-Canada / Nicola Macleod

Le MPO refuse de draguer de nouveau

Malgré ses responsabilités, le MPO n'abonde pas dans le même sens. Le ministère, qui a procédé à des opérations de dragage le 25 avril dernier, refuse d'en faire davantage. Il demande aux pêcheurs de naviguer dans le chenal en adaptant leurs plans en fonction des marées basses.

Les pêcheurs disent qu'ils n'ont d'autre choix que de s'organiser. Certains propriétaires d'entreprises qui offrent des excursions de pêche en haute mer assurent avoir déjà annulé des centaines d'excursions.

Michelle Bloyce, la propriétaire de la société Atlantic Sailing PEI, explique avoir annulé 70 excursions. À terme, elle craint que l'ensablement du chenal entraîne la fermeture de son entreprise.

On a déjà perdu 25 % de notre saison, sans compter les risques liés à la météo. Cette industrie n'est plus viable.

Face à ces défis, certains pêcheurs craignent qu'un jour, il ne soit plus possible de naviguer à partir du port de Rustico-Nord.

Avec des renseignements de CBC