Le long congé de la fête des patriotes verra les danseurs de la métropole migrer à nouveau vers l’île Sainte-Hélène pour l’inauguration de la 22^e saison du Piknic Électronik, attraction locale et touristique qui a attiré pas moins de 272 000 danseurs l’année dernière. Pluie pas pluie, on y va, souhaite Chloé Lallouz, l’une des DJ d’ici à l’affiche de ce premier dimanche rythmé.

« Oui, je suis en train de regarder les prévisions. Elles étaient de 30 % de risques de précipitations, mais ça continue d’augmenter », dit-elle avec son rire musical. Elle en a vu d’autres, cette DJ qui a fait danser les foules avec sa fusion afro-house en plein mois de janvier dernier, à l’affiche de l’une des soirées de l’Igloofest. Après le froid et la neige, ce n’est tout de même pas une ou deux averses qui éteindront son enthousiasme.

Québécoise aux racines marocaines, Chloé Lallouz a fait sa place sur la scène nocturne montréalaise en mariant les rythmes du house avec ceux de l’Afrique (du Nord d’abord ; du reste ensuite) et de la scène musicale latine, la DJ ayant vécu en Espagne et au Venezuela — ainsi qu’à New York, qui palpite aussi grâce aux rythmes latino-américains. « J’aime aussi beaucoup les rythmes du Brésil », ajoute la mélomane.

« Je suis une sorte de fusion entre tout ce qui est house, mais en y injectant mes racines marocaines », décrit-elle. Elle a l’embarras du choix, le Maroc ayant été à l’avant-garde des fusions entre ses genres musicaux indigènes (chaabi, musique gnawa, qui percolent dans les rythmes house de Lallouz) et les styles dansants occidentaux, le funk et le disco au premier plan, comme en témoigne le travail du label allemand Habibi Funk, qui a notamment réédité des enregistrements d’Attarazat Addahabia, groupe funk fondé en 1968.

« Je développe mon palais musical notamment parce que je suis très geek : je passe des heures à écouter de la musique et à faire des découvertes, à dénicher des producteurs et des sons d’ailleurs, et à trouver comment les marier. Je veux amener l’auditeur en voyage, du début à la fin » de ses performances derrière les platines.

« La musique, c’est une manière de me découvrir autant que de découvrir les autres. […] Mon son, c’est un peu la somme de morceaux de ma vie, de mes voyages, de mes expérience. » Qu’elle exprime à travers l’art du DJ, dans lequel Chloé a choisi de s’investir pendant la pandémie.

Depuis quelques mois, elle travaille sur ses propres compositions ; d’ici à ce qu’elle les dévoile, elle poursuit sa collaboration avec la plateforme Apple Music (la série de sélections de DJ baptisée Soundscapes) et ses apparitions près des planchers de danse de la métropole — on l’entendra notamment en première partie du duo portoricain Nina Sky à l’Esplanade Louvain, le 30 mai prochain, dans le cadre de la programmation d’Aire commune.

La 22^e édition du Piknic Électronik s’étirera jusqu’au 12 octobre prochain, promettant plus d’une quarantaine de journées dansantes. Cinq plages horaires seront réservées aux familles : de midi à 15 h, les événements Petit Piknic (les 25 mai, 1^er juin, 22 juin, 13 juillet et 24 août) proposeront musique et activités pour les enfants. Les adultes noteront quelques performances de choix : le 25 mai, place au vétéran house montréalais Fred Everything, avant la performance du DJ et compositeur allemand Boys Noize.

Le 8 juin, deux têtes d’affiche pour le prix d’une, alors que l’Italien DJ Tennis (tech house) et surtout la compositrice et DJ techno australienne HAAI (de la visite rare !) s’occuperont des danseurs. Légende du techno de Detroit, Robert Hood coiffera l’affiche du 6 juillet, alors que l’Américaine Hiroko Yamamura défendra le son house de Chicago le 13 juillet. Les héros locaux Priori, dernier lauréat du prix Juno de l’album électronique de l’année (pour le formidable This but More), et Misstress Barbara seront les têtes d’affiche respectivement le 24 et le 31 août. Le volet OfF Piknic (au même endroit, mais le samedi) mettra en vedette samedi le titan du trance Armin van Buuren.