NE LAISSER PAS LE 5G DETRUIRE VOTRE ADN Protéger toute votre famille avec les appareils Quantiques Orgo-Life® Publicité par Adpathway
Dans un contexte où les projets d’exploitation des ressources énergétiques suscitent à la fois espoirs économiques et résistances environnementales, un important projet de gazoduc en Colombie-Britannique, appuyé par la Nation Nisga’a, s’efforce de rallier d’autres communautés autochtones tout en naviguant à travers les incertitudes économiques mondiales entourant le marché du gaz naturel liquéfié (GNL).
Dans un reportage publié ce matin par le journaliste Brent Jang pour le Globe and Mail, on apprend que le projet Prince Rupert Gas Transmission (PRGT) – maintenant détenu à parts égales par la Nation Nisga’a et la société texane Western LNG – a reçu le feu vert de la part du B.C. Environmental Assessment Office (EAO) pour la poursuite des travaux. L’autorité réglementaire a confirmé que la construction avait été « substantiellement amorcée », prolongeant ainsi un certificat d’évaluation environnementale qui remonte à 2014.
Alex MacLennan, le chef de l’évaluation environnementale, a souligné dans sa décision l’importance de « trouver un équilibre entre le développement économique, la réconciliation avec les peuples autochtones et la protection de l’environnement ».
Un pipeline stratégique pour la souveraineté énergétique autochtone
Le gazoduc PRGT, qui devrait s’étendre sur 750 kilomètres à travers le nord de la province, représente un investissement estimé entre 10 et 12 milliards de dollars. Il doit approvisionner en gaz naturel le futur terminal Ksi Lisims LNG, dont l’étude environnementale est toujours en cours. Ce projet, situé près de Gitlaxt’aamiks (le cœur du gouvernement de la Nation Nisga’a), est porté conjointement par la Nation Nisga’a, Western LNG et un regroupement de producteurs de gaz naturel connu sous le nom de Rockies LNG.
Dans un communiqué cité par Brent Jang, Eva Clayton, présidente élue du gouvernement Nisga’a Lisims, affirme que « nous pouvons contribuer à forger une nouvelle ère où le leadership autochtone n’est plus l’exception, mais la norme ». PRGT met de l’avant un dialogue approfondi avec les Premières Nations de la région : plus de 1 100 rencontres avec 20 communautés autochtones ont été tenues entre 2012 et 2023.
Le projet propose aussi des options de copropriété pour d’autres Premières Nations, dans le but de bâtir un consensus régional autour du développement énergétique.
Un marché mondial du GNL sous pression
Mais si l’appui de la Nation Nisga’a constitue un jalon significatif pour la légitimité du projet, la réalité économique mondiale s’annonce plus incertaine. L’Institute for Energy Economics and Financial Analysis (IEEFA), un organisme de recherche basé aux États-Unis, met en garde contre les pressions financières croissantes sur Ksi Lisims, notamment en raison de la hausse des coûts de construction (incluant deux unités de liquéfaction flottantes prévues en Corée du Sud) et d’un possible excédent mondial de l’offre de GNL.
Dans son rapport, l’IEEFA évoque des « vents contraires redoutables » qui pourraient compromettre non seulement la viabilité du projet, mais aussi les ambitions canadiennes plus larges dans ce secteur énergétique.
Ce n’est pas la première fois qu’un projet de ce type se heurte à l’instabilité du marché. À l’origine, le tracé du gazoduc devait s’étendre jusqu’à l’île Lelu, près de Prince Rupert, pour approvisionner Pacific NorthWest LNG, un projet abandonné en 2017 par la société étatique malaisienne Petronas.
Des oppositions locales et des enjeux climatiques
Le projet PRGT ne fait pas l’unanimité dans les communautés autochtones de la région. Plusieurs chefs héréditaires de la Nation Gitxsan et les dirigeants des chefs héréditaires Gitanyow s’opposent fermement au tracé prévu, qui traverse leurs territoires traditionnels.
Tara Marsden, directrice du développement durable pour les chefs héréditaires Gitanyow, déclare dans un communiqué cité par le Globe and Mail que « nous nous battons pour le droit de prévenir la destruction environnementale sur notre territoire et pour exprimer notre inquiétude face au rôle du GNL dans l’aggravation de la crise climatique ».
Le chef grand Stewart Phillip, président de l’Union des chefs indiens de la Colombie-Britannique, a pour sa part averti que « nous nous dirigeons encore une fois vers un été long et brûlant », en référence aux tensions sociales et environnementales à venir.
La Lax Kw’alaams Band, de son côté, a aussi exprimé ses doutes, notamment en ce qui concerne la prétention de Ksi Lisims à atteindre la carboneutralité. L’installation prévoit initialement recourir à des turbines alimentées au gaz naturel pour générer l’électricité nécessaire à ses opérations.
À plus long terme, BC Hydro propose une ligne de transmission électrique sur la côte nord, développée en collaboration avec plusieurs Premières Nations, mais ce projet pourrait prendre jusqu’à dix ans avant de voir le jour.
Un horizon fixé à 2029
Malgré les défis, les promoteurs de Ksi Lisims maintiennent leur cap. Une décision finale d’investissement est attendue d’ici la fin de 2025, avec un début prévu des exportations vers l’Asie en 2029. Le projet espère ainsi suivre la voie ouverte par LNG Canada, qui deviendra dans les prochaines semaines le premier terminal canadien d’exportation de GNL, situé à Kitimat, C.-B.
Ainsi, alors que le projet Nisga’a incarne un jalon important vers un modèle énergétique plus inclusif et dirigé par les Premières Nations, il reste tributaire des aléas du marché mondial, des résistances communautaires locales et des tensions croissantes entre ambitions économiques et urgence climatique.
Brent Jang est journaliste au bureau de Vancouver du Globe and Mail. Tous les extraits, citations et informations sont issus de son article intitulé « Pipeline project backed by Nisga’a Nation seeks to win over other Indigenous groups », publié le 12 juin 2025.