Le gouvernement du Nouveau-Brunswick hésitait à reconnaître publiquement que le pont couvert William Mitton à Riverview était voué à la démolition. Pourtant, l'option était déjà en discussion un an et demi plus tôt selon des documents obtenus par CBC en vertu d’une demande d’accès à l’information.

Le pont couvert, fermé à la circulation automobile en 1981, a été démoli en février 2025 parce qu’il menaçait de s’effondrer.

Nous sommes au moment où il faut décider d'investir dans le pont couvert ou de le démanteler. Aucun financement n'est prévu pour ce pont en ce moment, a écrit Glen MacDonald, directeur adjoint en matière d’entretien des ponts au ministère des Transports et de l’Infrastructure, en juin 2023.

L'intérieur du pont couvert William Mitton à Riverview en juillet 2023.

Photo : Radio-Canada / Sam Farley

Un porte-parole du ministère a indiqué en juillet 2023, dans le cadre d’un reportage de CBC, que l’avenir du pont n’était pas encore déterminé.

Quelques jours après, un surintendant de l’entretien des ponts au ministère, Jean-Marc Arsenault, a écrit dans un courriel que le pont était irréparable. La structure doit être enlevée avant que quelqu'un ne se blesse.

En août 2023, le ministère dessinait des schémas indiquant comment démolir le pont.

L'état d'un appui du pont couvert William Mitton à Riverview en 2023 lors d'une inspection gouvernementale.

Photo : Gouvernement du Nouveau-Brunswick

Puis, en novembre 2023, le ministère a reçu le rapport des consultants Hilcon à Fredericton embauchés pour inspecter le pont. On souligne dans ce rapport que la structure doit être démolie et retirée des lieux dès que possible.

Le ministère ne révélait pas en 2024 ce qu’il allait devenir du pont.

[CTV] cherche une réponse définitive sur les plans du ministère pour sauver ce pont, mais je sais que nous nous sommes abstenus d’en parler dans nos deux réponses précédentes, a écrit le porte-parole Jacob MacDonald en août 2024.

Des travailleurs du secteur privé ont démoli le pont couvert William Mitton à Riverview le 26 février 2025.

Photo : Radio-Canada / Rhythm Rathi

Le service des travaux publics de Riverview a envoyé des photographies du pont au ministère en octobre 2024 en disant que son état s’aggravait.

En novembre 2024, le ministère travaillait sur des plans de communication pour deux possibilités, soit la démolition du pont ou son effondrement.

Deux ans pour trouver du financement, selon un intervenant

Le gouvernement de Blaine Higgs avait donné du temps à l’Association pour la conservation des ponts couverts du Nouveau-Brunswick qui a tenté sans succès de recueillir des fonds pour réparer celui-ci, selon Ray Boucher, président de l’organisme.

Ils m'ont pratiquement donné deux ans avant de décider qu'il fallait le démolir, explique Ray Boucher en entrevue.

Le président de l’Association pour la conservation des ponts couverts du Nouveau-Brunswick, Ray Boucher, lors de la démolition du pont couvert William Mitton, à Riverview, en février 2025.

Photo : Radio-Canada

Chuck Chiasson, qui est devenu ministre des Transports à la suite de la victoire des libéraux aux élections de l’automne dernier, juge que la stratégie de gestion des ponts couverts est vague.

Mais je veux quelque chose de plus complet, qui nous permette de dire quels sont ceux risqués, quels sont ceux que nous devons commencer à réparer dès maintenant, et comment nous allons faire cela, ajoute le ministre Chiasson.

Chuck Chiasson, ministre des Transports et de l'Infrastructure du Nouveau-Brunswick. (Photo d'archives)

Photo : Radio-Canada

Ray Boucher croit que le ministère évalue les ponts couverts au cas par cas. S’il y a une stratégie en la matière, je ne l’ai jamais vue, dit-il.

M. Boucher propose que le ministère du Tourisme se charge des ponts couverts qui ne servent plus à la circulation automobile. Le ministre Chiasson dit que cette idée pourrait faire l’objet de discussions à l’avenir.

Le Nouveau-Brunswick comptait 340 ponts couverts en 1953 et il en reste seulement 57, selon l'Association pour la conversation des ponts.

D’après un reportage de Sam Farley, de CBC