Au Nouveau-Brunswick, le nombre de décès liés aux opioïdes impliquant du fentanyl atteint un niveau record. À Moncton, certains organismes qui aident ces personnes vulnérables demandent plus de ressources.

En 2024, le fentanyl était présent dans 42 des 78 décès liés à des surdoses d'opioïdes, soit 57 % des décès, selon les chiffres les plus récents de la Santé publique du Nouveau-Brunswick.

Un bien triste record qui vient battre les statistiques déjà alarmantes de 2023. Cette année là, le fentanyl était présent dans 56 % des décès par surdose d'opioïdes.

Rémi Cormier, travailleur social au refuge Harvest House Moncton, sillonne régulièrement les rues de la ville pour secourir les victimes de surdose. Il estime que la situation ne s’est aggravée, en 2025.

Ça vient de pis en pis. Le chiffre a augmenté dans les derniers mois. [...] Tout de suite Moncton est en crise. Les drogues sont pires que jamais, assure-t-il.

Rémi Cormier, travailleur social au refuge Harvest House.

Photo : Radio-Canada / BABATUNDE LAWANI

Rémi Cormier reçoit aussi de nombreux appels d’urgence chaque jour. Des fois, on peut être à un appel et on a deux autres appels en même temps. C’est fou. C’est fou, dit-il.

Si le fentanyl fait autant de ravage au Nouveau-Brunswick, c’est parce qu’il est souvent associé avec une ou plusieurs autres drogues illégales.

Une réalité qui ne surprend pas Josué Goguen du site d’injection supervisé, Ensemble Moncton.

Il y a beaucoup de gens qui utilisent des substances qui ne sont pas réglementées, surtout du fentanyl mélangé avec le benzo[diazépine, un tranquilisant]. Et quand c’est mélangé au benzo[diazepine], ça devient plus difficile aux naloxones de travailler, commente-t-il.

La naloxone, une partie de la solution

La naloxone est un traitement de premier secours en cas de surdose d’opioïdes utilisé par les organismes sur le terrain.

Sa distribution a, elle aussi, connu une flambée passant de 146 en 2020 à plus de 2000 trousses au cours des deux dernières années, selon les chiffres de la santé publique.

Ils savent tous qu’ils peuvent venir chercher du naloxone sur notre site et on les encourage à avoir de la naloxone sur eux, dit Josué Goguen.

Josué Goguen, coordinateur du site de prévention de surdose d'Ensemble Moncton.

Photo : Radio-Canada / BABATUNDE LAWANI

Ensemble Moncton et Harvest House demandent au gouvernement de fournir plus de logements aux sans-abris et des soins en santé mentale et se pencher sur la réglementation des substances.

[Tant qu’on] continuera d’avoir des drogues qui ne sont pas réglementées, on va continuer d’avoir des personnes qui vont décéder malheureusement, avance Josué Goguen.

En 2024, la plupart des victimes étaient âgées de 40 à 49 ans.

La Santé publique n’a pas répondu à notre demande d’entrevue.