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Le Musée du Manitoba a présenté jeudi des excuses officielles aux Premières Nations, aux Inuit et aux Métis pour avoir conservé des restes humains dans ses collections, en promettant de ne plus jamais en accepter à l’avenir.

Selon le communiqué de presse du musée, ces excuses ont été prononcées par la directrice générale Dorota Blumczyńska lors d’une cérémonie privée, en présence de dirigeants et d’aînés autochtones.

Le musée y exprime son regret sincère et profond d’avoir conservé ces objets pendant des décennies.

Le Musée du Manitoba comprend pleinement sa responsabilité de confronter cet héritage terrible, peut-on lire dans une partie de l’excuse, qui a été publiée en ligne.

Nous reconnaissons que cette excuse n’est que la première étape d’une série d’actions que nous devons entreprendre, sachant qu’il faudra de nombreuses années pour s’assurer que les Ancêtres soient restitués à leurs communautés, conformément aux souhaits de ces dernières.

Cette démarche s’inscrit dans le cadre du projet Homeward Journey, initié en 2022 pour tenter d’identifier et de restituer les restes conservés par le musée à leurs communautés d’origine.

Selon le communiqué, ce processus, qui devrait durer plusieurs années, est supervisé par un cercle consultatif autochtone et se déroule avec la bénédiction d’un conseiller spirituel.

Cela aurait dû être fait depuis longtemps, et il est difficile de trouver les mots pour exprimer à quel point notre regret est profond, a déclaré Dorota Blumczyńska.

Même si je souhaite que nous n’ayons jamais eu à en arriver là, nous ne pouvons pas changer le passé. Mais nous sommes toutefois responsables de tout ce que nous faisons à partir de maintenant.

La grande cheffe de l’Assemblée des chefs du Manitoba, Kyra Wilson, a indiqué que même s’il est douloureux d’apprendre que des restes ont été entreposés dans une institution comme un musée, elle était reconnaissante pour les excuses présentées jeudi.

Ce que nous voyons aujourd’hui, c’est une reconnaissance et une prise de responsabilité face aux erreurs du passé, a-t-elle expliqué en entrevue. J’apprécie les excuses du musée aujourd’hui, et nous allons travailler ensemble et avancer ensemble pour réparer ces torts et aller de l’avant.

La cérémonie s'est tenue jeudi au Musée du Manitoba.

Photo : Musée du Manitoba

Raymond Frogner, directeur de la recherche et responsable des archives du Centre national pour la vérité et la réconciliation, a déclaré que même si le processus de restitution aurait pu avoir lieu il y a des décennies, il était tout de même satisfait de l’évolution de la situation.

Il faut des excuses – il faut une reconnaissance de ce qui s’est passé dans le passé, avant de pouvoir aller de l’avant avec un nouveau modèle. Sinon, l’amertume et la méfiance persisteront. Sans ce type de reconnaissance, il est impossible de progresser, selon moi, a-t-il expliqué en entrevue.

David Chartrand, président de la Fédération métisse du Manitoba, a déclaré que bien que la fédération ait été invitée à la cérémonie de jeudi, l'organisme a décidé de ne pas y assister, en partie en raison de frustrations liées à la manière dont le musée a traité une question de reconnaissance territoriale soulevée récemment par son organisation.

Des restes de plus de 40 personnes

Selon le site Internet du musée, de nombreux restes ont été prélevés sur des sites funéraires par des archéologues au début du 20ᵉ siècle, à une époque où les musées étaient des dépôts courants pour les projets archéologiques et historiques.

Dans certains cas, ils ont été découverts de manière fortuite par des membres du public, qui les ont ensuite apportés au musée.

Le Musée du Manitoba a cessé d’accepter des restes il y a plus de 50 ans – les derniers entrés au musée l’ont été en 1965, selon le site web.

Les restes actuellement conservés au musée sont censés appartenir à un peu plus de 40 personnes. Ils sont accompagnés de certains objets possiblement liés à des sépultures, notamment des objets du quotidien comme des outils, de la poterie et des parures, précise le site.

Les restes incluent des enfants et des personnes âgées, et la plupart semblent avoir été enterrés il y a moins de 500 ans.

Aucun n’a été retrouvé sur ou à proximité des anciens sites de pensionnats, selon le musée.

La majorité des restes proviennent du sud du Manitoba ou de la région d’Interlake, deux du nord de la province, et un petit nombre de l’extérieur du Manitoba, dont quatre possiblement des États-Unis.

Restituer les restes, un travail complexe

Le musée mène des recherches pour déterminer les communautés à contacter afin de procéder à la restitution des restes.

Selon la directrice générale du musée, ce travail est complexe et consiste à essayer de comprendre chaque ancêtre de manière conforme aux souhaits et protocoles des communautés, dans le plus grand respect.

Nous en sommes à un point où nous sommes prêts à contacter de nombreuses communautés de parenté, à établir des relations, à bâtir et rebâtir la confiance, à réparer ces relations, pour pouvoir respecter tous leurs souhaits, leur disponibilité, et ensuite ramener leurs ancêtres chez eux, a indiqué Dorota Blumczyńska.

Dans le passé, les restes et les objets étaient entreposés dans la section des collections archéologiques du musée, et brièvement dans une université locale.

Aujourd’hui, ils sont conservés temporairement dans deux espaces sécurisés, privés et restreints, et ont été purifiés par un conseiller spirituel, selon le site web du musée.

Les restes et objets sont enveloppés dans du tissu et placés dans des boîtes en cèdre contenant quatre plantes médicinales traditionnelles : le tabac, l’herbe douce, la sauge et le cèdre.

D'après un texte de CBC