NE LAISSER PAS LE 5G DETRUIRE VOTRE ADN Protéger toute votre famille avec les appareils Quantiques Orgo-Life® Publicité par Adpathway
Enfant, Bertin Leblanc devait attendre la fin de la journée pour lire le journal Le Soleil, qui arrivait tardivement dans sa ville de New Richmond, dans la baie des Chaleurs, en Gaspésie. « Le Soleil arrivait en fin d’après-midi et j’attendais pour aller le chercher au dépanneur. Et ça n’arrivait pas tous les jours. Je m’en souviens, j’étais toujours un peu frustré parce que des fois il n’y avait pas de livraison », dit-il.
Aujourd’hui, c’est lui qui emmène le monde en Gaspésie, en y organisant le Festival international du journalisme de Carleton-sur-Mer (FIJC), dont la troisième édition s’ouvrait jeudi. Au programme, plusieurs poids lourds du monde de l’information du Québec et d’ailleurs, dont la caricaturiste Coco, de Charlie Hebdo, l’animateur Guy A. Lepage, hôte incontournable de Tout le monde en parle, mais aussi de jeunes producteurs d’information comme Gaspard G ou Émile Roy, des journalistes de France et d’Italie, des photographes et des chercheurs.
Bertin Leblanc a quitté New Richmond pour étudier le journalisme à Jonquière. « Je me voyais en Tintin », se souvient-il. Il a ensuite pratiqué son métier au Québec, puis autour du monde via Bruxelles, Washington et Paris, où il a entre autres travaillé comme caméraman et réalisateur pour Radio-Canada, couvrant des conflits comme ceux de la Bosnie ou du Rwanda. Il habite encore à Paris aujourd’hui. Il est actuellement aux communications de l’organisme français Ensemble contre la peine de mort, après avoir travaillé à l’Organisation internationale de la Francophonie et à Amnistie internationale, notamment.
En matière de journalisme, il refuse de parler de « crise » des médias, même si de nombreux événements du festival se penchent sur l’avenir des médias. On y parlera du procès des journalistes, de l’intelligence artificielle, de ce qu’on appelle la post-vérité, de la désinformation et de réseaux sociaux. On y parlera aussi d’environnement et de crise climatique, notamment à travers le regard gaspésien.
Mieux informés
« Je crois que les gens sont mieux informés qu’avant, dit tout de même Bertin Leblanc. Ce n’est pas parce qu’il y a eu la disparition du papier que les gens sont moins informés, au contraire. Les gens sont plus connectés, s’informent différemment. La mutation numérique, en fait, elle a libéré, elle a donné accès à quand même beaucoup plus de titres, beaucoup plus de diversité. J’ai des amis de la Gaspésie qui me parlent de papiers qu’ils ont lus dans The Guardian ou dans Le Monde. Ça n’aurait pas été possible il y a 25 ans. »
Il précise que la Gaspésie a été l’une des premières régions à être équipées en fibre optique au Québec, que « la balance migratoire en Gaspésie s’y est stabilisée il y a quelques années et qu’elle est aujourd’hui en croissance ». Le Festival international du journalisme de Carleton-sur-Mer se veut un événement grand public, qui rapproche la population des producteurs d’information. Environ le tiers du public du FIJC vient de la Baie-des-Chaleurs. Le reste vient de la Haute-Gaspésie, du Bas-Saint-Laurent, de Québec, de Montréal, et même de Sherbrooke. « Les gens viennent en famille, avec leurs enfants et leur chien », raconte Bertin Leblanc.
« On développe une nouvelle offre touristique qui n’est pas uniquement basée sur la nature. Une dame a dit que c’était du tourisme intellectuel. C’est un tourisme qui s’adresse à l’intelligence des gens », dit-il.
L’idée de ce festival lui est venue d’événements semblables qui se tiennent en Europe, notamment le Festival international de journalisme de Pérouse, en Italie. Vivant en France depuis longtemps, il remarque que le rapport des Français au débat est très différent de celui des Québécois.
« Ce n’est pas le rapport des Français à l’information qui est différent en France, c’est le rapport au débat. En France, on aime débattre, ça fait partie de l’ADN des Français. Au Québec, on est beaucoup plus poli, beaucoup plus calme, il y a moins d’espace pour exprimer des opinions différentes. Et puis, la presse en France est polarisée depuis très longtemps. Il y a des quotidiens de gauche, de droite, d’extrême droite et de gauche du milieu, etc. Donc, le paysage n’est pas gris, il est beaucoup plus nuancé. »
De nouvelles formes
Il tient aussi à y présenter du journalisme offert sous de nouvelles formes. Cette année, le Théâtre À tour de rôle, de Carleton, présentera des extraits du livre Gaza avant le 7 de Guillaume Lavallée, journaliste québécois à l’Agence France-Presse. Le Festival a aussi mis de l’avant dans le passé les expériences journalistiques livrées sous formes théâtrale ou bédéistique. « Les nouvelles formes de journalisme, j’y tiens mordicus », dit Bertin Leblanc.
Les jeunes, quant à eux, ne sont pas en reste. Le journal Le Curieux, qui a consacré une édition spéciale au FIJC, les initie au monde de l’information. Les jeunes de l’école Saint-Donat de Maria ont ainsi eu l’occasion de poser des questions à la journaliste internationale de Radio-Canada Marie-Ève Bédard, à la caricaturiste française Coco ou au photographe Charles-Frédérick Ouellet.
C’est d’ailleurs précisément après la tuerie qui a décimé les artisans du journal satirique Charlie Hebdo, à Paris, que la journaliste Anne Gaignaire a senti le besoin de créer ce magazine d’initiation au journalisme pour les jeunes du Québec, une façon pour eux d’interroger le monde qui les entoure. Son but, dit-elle, est « d’expliquer aux enfants ce qu’il se passe autour d’eux et de contribuer à en faire les citoyens éclairés de demain ».