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Depuis la publication du rapport sur l’implantation des Frères musulmans en France commandé par Gérald Darmanin, une partie de la droite et de l’extrême droite demande son interdiction et sa dissolution. « Marianne » vous explique pourquoi cela risque d’être un poil plus complexe que cela.
Les Frères musulmans sont un danger pour la République et ses valeurs ? Et bien, on n’a qu’à les interdire, non ? C’est en tout cas la solution pratique que propose une partie de la classe politique. Jordan Bardella en a fait une promesse de précampagne électorale, mercredi 21 mai, sur France Inter. « Je souhaite, et nous le mettrons en œuvre demain si nous arrivons à la tête du pays, que les Frères musulmans soient interdits, dissous, considérés comme une organisation terroriste et que l'ensemble de leurs relais soient combattus sur le plan administratif », a déclaré le président du RN.
Idem pour le ministre des Outre-mer Manuel Valls, le même jour sur BFMTV : « Il faut interdire et démanteler l'organisation des Frères musulmans. » Alors, tout serait-il si simple ? Évidemment, la réponse est non, et ces appels à la dissolution sont au mieux un simple vœu pieux à visée électorale, au pire une réelle incompréhension de la réalité derrière ce qu'englobe le nom de « Frères musulmans ».
De quoi parle-t-on ?
Le rapport qui agite les foules devant initialement être secret-défense, mais a fuité, mercredi 31 mai. Intitulé « Frères musulmans et islam politique en France », il a été commandé par Gérald Darmanin en 2024, alors que celui-ci était encore ministre de l’Intérieur, et a été rédigé par deux hauts fonctionnaires. De ces 73 pages où l’on n’apprend finalement pas grand-chose, ressortent quelques préconisations, un malaise de la gauche française, et surtout des appels à l’interdiction de la part des membres de la droite et de l’extrême droite française. Mais alors, si le « rapport choc », comme l’appelle le Figaro est si édifiant sur l’emprise des Frères musulmans en France, pourquoi le gouvernement ne propose pas son interdiction, et le classement du mouvement comme groupe terroriste ?
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Cela vient directement de la nature même de la mouvance. Né en 1928 en Égypte sous l’impulsion de Hassan El Banna (1906-1949), le « frérisme » se distingue largement du « salafisme » par son ambition : il ne cherche pas à islamiser la société « par le bas » avec une lecture littérale du Coran et des pratiques rigoristes, mais a plutôt un objectif de conquête du pouvoir, notamment par les urnes, mais aussi par les associations, les entreprises ou encore les actions sociales. C’est ce qui a poussé des pays comme la Jordanie, l’Arabie saoudite ou encore l’Égypte à interdire ces mouvements. Alors, pourquoi cette recette ne marcherait pas dans notre pays, si elle est appliquée ailleurs ?
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Déjà parce qu’à la différence des pays arabes qui ont interdit les Frères musulmans, la France ne compte pas de structure politique ou religieuse qui se revendique de la mouvance. En Égypte, berceau du frérisme, l’interdiction du mouvement s’est matérialisée par une interdiction, en 2014, du parti politique qui lui était directement associé : le Parti de la Liberté et de la Justice (PLJ). Le mouvement a également été déclaré comme terroriste, les avoirs de ses associations ont été saisis, leurs membres envoyés en prison.
Quand on veut, on ne peut pas ?
En France, et c’est ce qu’explique le rapport, le « frérisme » agit par « entrisme ». C’est-à-dire qu’il s’immisce dans des activités du quotidien, dans des mosquées, dans des pratiques sportives, sur les réseaux sociaux, sans s’afficher comme « les Frères musulmans ». C’est un mouvement nébuleux, interdire son action revient en fait à interdire un état d’esprit, une idée, un objectif, bref, difficile de faire moins concret.
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Interrogé sur CNews par Sonia Mabrouk le 19 mai dernier, Bruno Retailleau, pourtant pas le dernier quand il s’agit d’afficher des ambitions chocs et des promesses contre l’islamisme, a lui-même convenu de l’impossibilité de dissoudre ce mouvement comme on dissoudrait une association ou un club de supporters : « Ils se dissimulent, donc il y a une petite structure centrale, mais ce n’est pas là que leurs actions qui peuvent être réprimées se passent, c’est par exemple dans leurs écoles […] coraniques, par l’entrisme dans le sport… Il faut donc les combattre par les œuvres d’entrisme qu’ils font. […] Si demain je voulais dissoudre les Frères musulmans, la justice me reprendrait et ils auraient une victoire. Je ne veux pas la leur donner. Ce que je veux en revanche, c’est d’être implacable sur le terrain. »
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En fait, la principale structure qui ressort dans le rapport de plus de 70 pages – publié en intégralité par Marianne – est l’association « Musulmans de France » (MF). Cette fédération, qui a succédé en 2017 à l'Union des organisations islamiques de France (UOIF), fondée en 1983, compte parmi ses cadres des personnes décrites par le rapport comme affiliés à la fameuse mouvance internationale. Un temps très populaire, cette association est pourtant décrite par les connaisseurs de l’islam de France comme en sérieuse perte de vitesse, avec une influence décroissante.
Si le rapport en question présente les MF comme la branche nationale des Frères musulmans en France, il conviendrait ainsi de l’interdire. Encore faut-il le prouver. Par ailleurs, l’association a « fermement » rejeté cette « allégation ». Et il y a fort à parier que la dissolution de celle-ci n’entraînerait pas un quelconque recul de l’emprise des prédicateurs qui répandent l’idéologie frériste en France. Bref, pour lutter contre l'islam radical, il ne suffit pas d'un décret ou d'une loi.