Les trottinettes électriques abondent à Moncton depuis quelques semaines, mais il reste énormément de confusion en lien avec leur utilisation. Doit-on les utiliser sur le trottoir ou dans la rue? Est-ce que le casque est obligatoire? Est-ce qu’il est illégal de laisser la trottinette à certains endroits ? Pas évident d’y voir clair quand la Ville elle-même tarde à communiquer ces informations.

Moncton n’a pas en ce moment d’arrêté municipal spécifique sur l’utilisation des trottinettes électriques. La Ville a été prise au dépourvu quand, en avril, le propriétaire de l’entreprise Move Scooter Rental, Steven Mc Arthur, a installé 150 trottinettes à Moncton.

Un arrêté municipal stipule qu’il est interdit d’utiliser un trottoir autrement que pour un usage piétonnier, sauf disposition contraire du présent arrêté, de tout autre arrêté de la Ville de Moncton ou de la Loi sur les véhicules à moteur.

Moncton est en cours d’élaborer des modifications à ses arrêtés municipaux pour y traiter de la question des trottinettes. Ces modifications seront soumises bientôt au Conseil municipal. La municipalité finalise également sa stratégie sur la mobilité électrique, dont la présentation au Conseil est prévue en juin.

Pour les autres questions, la directrice des communications de Moncton, Aloma Jardine, a renvoyé Radio-Canada à la GRC.

Une zone grise dit la GRC

Le caporal Hans Ouellette, agent des relations de presse pour la GRC au Nouveau-Brunswick, indique que les trottinettes électriques ne figurent pas dans la Loi des véhicules à moteur de la province.

[Moncton] ne veut pas que ces bolides-là se promènent sur les trottoirs. Mais là, le revers de tout ça, c’est que des trottinettes électriques ne devraient pas aussi avoir accès au chemin parce que ce n’est pas un véhicule qui peut être immatriculé, dit-il.

Il ignore si les législateurs modifieront un jour la loi pour y inclure les trottinettes électriques.

Ça tombe vraiment dans une zone grise, dit-il. Il y a des règlements très bien établis quand ça vient aux cyclistes. Ce n’est pas le cas pour les trottinettes électriques. C’est encore une technologie qui est assez jeune.

Des trottinettes électroniques au centre-ville de Moncton, en avril.

Photo : Rhythm Rathi/CBC

Pour l’instant, la GRC ne peut que donner des conseils de sécurité au public.

On recommande que si vous allez prendre une trottinette comme ça, que le chemin, ce n’est pas la meilleure place à être et aussi porter peut-être un casque ou des protecteurs pour les genoux et les coudes, liste Hans Ouellette.

Par ailleurs, l’entreprise Move Scooter Rentals affirme que ses clients doivent apporter leur propre casque avant d’utiliser leurs trottinettes, mais il n’est pas clair qui est responsable de veiller au respect de cette consigne.

Sur la page Facebook de l'entreprise, des vidéos d'utilisateurs roulant sans casques sont pourtant largement partagés, dont un daté du 21 mai au centre-ville de Moncton.

Appui de la Coalition Transport Actif

De son côté, la Coalition Transport Actif de Moncton voit d’un bon œil l’arrivée d’un nouveau mode de transport. Le groupe citoyen estime que la Ville doit travailler de pair avec l’entreprise Move Scooter Rental afin de fournir l’infrastructure nécessaire pour faciliter le transport actif.

On pense qu’il peut nous aider à améliorer le transport actif dans la ville , dit le président et cofondateur Marc LeBlanc.

Un support à vélos à Moncton. (Photo d'archives)

Photo : Radio-Canada / Catherine Allard

La Coalition admet que certains problèmes doivent quand même être réglés, mais espère que cela sera fait de manière à appuyer les entrepreneurs.

Marc LeBlanc note qu’une lettre sera envoyée à la Ville dans les prochains jours pour partager leur position.

C’est très important que la réglementation soit assez simple pour que cette compagnie-là puisse continuer, dit-il. C’est très important de garder ce service-là et j’espère qu’il va croître.

Pour une ville plus sécuritaire

À la suite d’une vague d’accidents de vélos dans les rues de Moncton en 2022, des voix s’étaient levées pour demander à la ville de revoir les aménagements de ses infrastructures, afin qu’elles soient plus sécuritaires pour les usagers de transports actifs.

La même année, la ville a adopté son plan de transport actif sur cinq ans et la Coalition Transport Actif de Moncton a vu le jour. Le groupe réclamait notamment des corridors sécuritaires près des écoles.

Un cycliste happé par un véhicule à Moncton. (Photo d'archive)

Photo : Radio-Canada

Le cofondateur et président de la coalition, Marc Leblanc, confirme que certaines régions de la ville sont plus sécuritaires depuis pour l’adoption du plan municipal.

Sur la rue St. George, ils ont aménagé plus d’espace, alors les pistes cyclables sur la St. George sont plus larges et ils ont réduit le nombre de voies pour les autos, donne-t-il en exemple.

Or, deux jours après cette entrevue, Moncton a annoncé que l’intersection de la voie cyclable perpendiculaire à l'avenue Wellington sera bientôt retirée, à la suite de plaintes de conducteurs souhaitant le retour de la voie permettant de tourner à gauche.

Le président de la coalition pour le transport actif de Moncton, Calvin Martini, évoque un recul et espère qu'il n'y aura pas d'autres retraits de pistes cyclables.

La voie cyclable sur le boulevard St. George.

Photo : Victoria Walton/CBC

La coordonnatrice du transport actif à la Ville de Moncton, Leslie Tse, promet que la Ville continuera d'aménager d'autres pistes cyclables sur la rue St. George.

Des retards

De son côté, Marc LeBlanc observe un retard dans la mise en œuvre du plan, qui doit être complété en 2027.

Il y a plusieurs endroits clés dans la ville de Moncton où il n’y a juste pas assez de place ni pour les vélos ni pour les trottinettes électriques, donc ils finissent par [rouler] sur les trottoirs, note Marc LeBlanc.

Ferme-t-on un peu plus les yeux sur le fait que les gens roulent sur des trottoirs quand ils n’ont pas le droit vu qu’il s’agit de l'option la plus sécuritaire pour le moment? Possible, dit Marc LeBlanc.

C’est la seule option, et pas juste pour les trottinettes, observe-t-il.

Selon ses observations, la présence des trottinettes à Moncton ne cause pas un risque de sécurité dans l’immédiat. Il aimerait tout de même voir plus de gens porter des casques protecteurs.

La GRC Codiac n’a pas rapporté d’accidents impliquant des trottinettes partagées.