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Le langage au-delà des mots de Hoda Adra

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Pour comprendre comment les artistes d’ici façonnent la matière pour en extraire leur vision du monde, il faut aller à leur rencontre. Mise en lumière est une série de portraits qui paraît chaque fin de mois. Des incursions dans l’univers de créateurs qui travaillent leurs œuvres de manière inusitée, en retrait de l’actualité culturelle.

« Je ne cherche pas à avoir un propos et je ne sais pas d’avance ce que je veux dire, dans le sens que c’est plutôt pour décharger quelque chose, une sensation physique ou une impression du monde », explique Hoda Adra. Les disciplines qu’elle pratique lui permettent ainsi de mieux appréhender, de mieux comprendre ce qu’elle ressent. Il y a le dessin, notamment : « Les formes arrivent un peu comme une obsession. Je fais des traits qui s’accumulent et qui se superposent, des énergumènes avec des yeux, mais qui ne sont pas humains. » C’est bien parce que les mots ne suffisent plus que l’artiste s’adonne au dessin, dont une série a été présentée à la galerie C.O.A cet hiver. « Je travaille beaucoup à partir de carnets où je mélange l’écriture et le dessin. Je n’ai pas de limite quand une page passe du dessin au texte, en fait. »

Photo: Annik MH de Carufel Le Devoir

Les espèces de cellules et d’organismes qui peuplent les feuilles qui défilent entre ses mains servent en fait d’exutoire. « C’est beaucoup en rapport avec l’état d’esprit dans lequel l’état du monde me met et j’utilise les formes pour parler de quelque chose qui est toujours en mouvement », dit-elle. Peut-on, dès lors, affubler Hoda Adra des oripeaux de l’artiste engagée ? « Je n’ai pas le choix. Je suis Arabe. Je ne suis pas en train d’être engagée, je suis absorbée par ce que le monde fait vivre à ma partie du monde. Je suis confrontée par la culture dominante », répond-elle. L’époque est à ce point difficile que les mots seraient capables, à eux seuls, du pire. « C’est devenu des outils, des instruments, des armes plus puissants que jamais pour anéantir une population avant même de l’avoir encore tuée », dit-elle.

Guerre, terrorisme, génocide… Si une certaine rhétorique prévaut et cristallise les tensions en 2025, surtout en ce qui concerne les Palestiniens, l’artiste souhaite tendre un miroir sur la situation à Gaza ou au Liban, d’où elle est originaire, avec les moyens dont elle dispose. « Tout ça fait juste obscurcir [le débat], déshumaniser les Palestiniens, parce qu’on est en train de poser la mauvaise question. On se concentre sur le fait [d’utiliser] le bon mot ou pas, mais moi, je pense qu’il faudrait en inventer un nouveau, qui [traduise] notre apathie et la cruauté de [celle-ci], parce que le génocide est devenu tellement innommable que les politiciens essayent de brouiller les pistes. »

Photo: Annik MH de Carufel Le Devoir

Face à l’horreur, Hoda Adra préfère aujourd’hui l’action. Elle participe en effet à une campagne de collecte de fonds dont le but est de fournir des ressources matérielles et psychologiques à une famille gazaouie qui s’établit au Canada. Pour chaque don d’au moins 25 $, elle offre une impression d’un de ses dessins colorés. « Les gens ne se rendent pas toujours compte que c’est vraiment le rayon de leurs bras qui est la première sphère d’action », constate-t-elle. L’humain, d’abord et avant tout. « Qu’est-ce que ça veut dire, l’humanité, la capacité d’aimer ? J’aime dessiner parce que c’est comme si [ça montrait] tout ce qui pourrait exister dans l’air et qui nous relie », mentionne-t-elle.

Le casse-tête de Hoda Adra

Après avoir grandi en Arabie saoudite, où « la liberté d’expression, c’est zéro » et où l’accès à l’art est très limité, Hoda Adra étudie à Concordia. C’est là qu’elle amorce sa propre approche. « Je voyais les étudiants québécois, canadiens ou occidentaux avoir plein de thématiques et de sujets, et moi, je me demandais toujours par où commencer. C’est comme ça que j’ai finalement suivi des cours en vidéo, en scénographie, en performance, en art électronique, en histoire du cinéma, etc. » indique-t-elle. Et de poursuivre : « Ça m’a fait comprendre qu’il y a un langage qui traverse les différentes disciplines et que je ne cherche pas nécessairement à en maîtriser une seule, que les gestes peuvent se parler entre eux. »

Photo: Annik MH de Carufel Le Devoir

Les histoires qu’elle raconte, peu importe le média, ne sont, en outre, jamais linéaires. « Ça peut commencer par le milieu, ça part de la voix, de l’oralité, je me fais des vocaux, je mémorise des phrases, mais je ne l’aurais pas su si j’avais tout gardé dans ma tête, donc, quand j’écris et que je dessine, c’est là que ça se matérialise et que ça fait comme un puzzle. » Quoi qu’il en soit, l’exil transcende son travail. « Je pense que, pour les auteurs qui l’ont vécu, ça marque beaucoup leur démarche artistique », relève-t-elle.

Dans ses spectacles, quand les mots viennent également à lui manquer, Hoda Adra — qui a présenté L’histoire de comment je me suis séparée en deux en novembre et en avril derniers — fait appel à d’autres supports sur scène. « Par exemple, avec les marionnettes en papier ou les dessins, je peux faire des sauts dans le temps de l’histoire elle-même sans avoir à seulement utiliser mon corps », confie-t-elle.

Photo: Annik MH de Carufel Le Devoir

Hoda Adra se sert aussi des mythes. C’est sa façon à elle de ne pas s’enfermer dans la boîte de « l’artiste immigrante » issue de la diversité et qui aurait forcément une cause à porter. « Je ne sais pas ce que je diversifie. Ce qui est jugé homogène pour que je vienne diversifier cette chose-là ? Pourquoi est-ce que c’est moi qui entre en friction avec cette homogénéité et pas le contraire ? Quels sont mes attributs qui décident que je suis diverse ? » De la même manière, la notion de tokénisme la trouble et l’interroge perpétuellement. « Quand t’es pas Québ, t’es intéressant pour une raison [en particulier] et t’es pas juste toi. Ça fait que, pendant que je crée, je me débats aussi, et un de mes sabres, c’est pour tuer ce spectre qui est toujours là », souligne-t-elle.

Les institutions culturelles québécoises lui font-elles confiance parce que ce qu’elle avance est pertinent, ou est-ce plutôt pour son nom, qui ne sonne pas tellement « pure laine » ? Aura-t-elle un jour le luxe de créer simplement comme elle l’entend — en dehors du pré carré de l’artiste immigrée ?

« C’est pour ça que j’aime le dessin et que je n’ai pas de mots pour [le décrire] : j’ai le droit de faire des formes et, honnêtement, parfois, c’est moche, et ça me rend heureuse parce qu’alors je ne suis pas nécessairement confrontée à des idées d’identité », réplique-t-elle. Le vent, les palmiers… « Ça me relie au fait d’être une humaine qui a vu des choses en grandissant. Je pense que l’art se nourrit beaucoup du subconscient et de tout ce [qu’on a vu au cours de nos] premières années, les symboles, les odeurs, les souvenirs », conclut Hoda Adra.

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