L’Iran pourrait recommencer à enrichir de l’uranium d’ici quelques mois, a déclaré le 29 juin le directeur général de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), l’organisme de surveillance nucléaire des Nations unies.

Rafael Grossi, directeur général de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), a évoqué les futures capacités d’enrichissement d’uranium de l’Iran lors d’une interview accordée le 27 juin à l’émission « Face the Nation » de CBS, diffusée dimanche.

Les responsables de l’administration Trump ont affirmé que les frappes aériennes avaient complètement détruit trois sites nucléaires iraniens stratégiques, et le vice-président américain, JD Vance, a déclaré la semaine dernière qu’il pensait que cette campagne de bombardements avait retardé de plusieurs années le programme nucléaire iranien.

Le président Donald Trump a déclaré vendredi qu’il pourrait même envisager d’ordonner de nouvelles frappes aériennes contre l’Iran si ce dernier recommençait à enrichir de l’uranium à des niveaux préoccupants.

Le conflit, qui a duré 12 jours, a éclaté après l’attaque surprise menée par Israël contre plusieurs sites stratégiques en Iran au début du mois, visant à priver l’Iran de sa capacité à produire des ogives nucléaires. Israël et les États-Unis ont tous deux affirmé que l’Iran était à quelques jours ou semaines de fabriquer une bombe et ont souvent cité un rapport de l’AIEA publié début mai, qui indiquait que l’Iran avait enrichi de l’uranium à 60 %.

Alors que 90 % d’uranium est nécessaire pour fabriquer du combustible nucléaire, de l’uranium à 60 % peut être rapidement enrichi pour atteindre un degré de pureté de 90 %. Bien que le régime islamique affirme que son programme nucléaire est uniquement destiné à des fins civiles, l’uranium n’a besoin d’être enrichi qu’à 3,67 % pour produire de l’électricité.

Les États-Unis ont utilisé des bombes à pénétration massive, ou MOP, pour frapper les trois sites. Fordo, en particulier, a été construit à des centaines de mètres de profondeur dans une montagne. Les images satellites ne permettent pas, à elles seules, de mettre en évidence les dégâts causés aux parties souterraines du site.

M. Grossi a déclaré à Margaret Brennan, de CBS, que les sources américaines, israéliennes et iraniennes s’accordaient à dire que les sites nucléaires iraniens de Fordo, Natanz et Ispahan avaient subi des « dommages très importants » et que les infrastructures avaient été « détruites dans une large mesure ».

Cependant, M. Grossi a souligné que certaines parties des sites « sont toujours debout », même si les capacités d’enrichissement nucléaire de l’Iran ont subi un revers important. Il a indiqué qu’à un moment donné, les Iraniens devront évaluer l’étendue des dégâts et que l’AIEA devra revenir sur place pour analyser l’ampleur des dégâts.

« Je pense que nous avons un aperçu d’un programme qui a été très gravement endommagé et, maintenant, nous devons nous concentrer sur les prochaines étapes », a déclaré M. Grossi.

Il a affirmé que certaines capacités d’enrichissement de l’Iran « existent toujours » et que d’ici « quelques mois », l’Iran pourrait faire fonctionner plusieurs cascades de centrifugeuses et recommencer à enrichir de l’uranium.

« Franchement, on ne peut pas affirmer que tout a disparu et qu’il ne reste plus rien », a soutenu M. Grossi. « Il est clair que les dégâts sont importants, mais ils ne sont pas irrémédiables, tout d’abord. Ensuite, l’Iran dispose des capacités nécessaires, tant industrielles que technologiques. Donc, s’ils le souhaitent, ils pourront recommencer. »

M. Grossi a ajouté que l’AIEA devra revenir à la table des négociations et élaborer une solution techniquement viable à cette question.

« Sinon, nous serons à nouveau confrontés à une situation qui n’est pas clairement définie. Et c’est une opportunité », a-t-il déclaré. « Nous avons une opportunité maintenant. »

Les États-Unis s’apprêtent à reprendre les négociations avec l’Iran sur son programme nucléaire civil dans le courant de la semaine. Les pourparlers avaient débuté plus tôt cette année, mais avaient été annulés par Téhéran après les frappes aériennes surprises menées par Israël début juin.

La porte-parole de la Maison-Blanche, Karoline Leavitt, a déclaré la semaine dernière que les pourparlers à venir visaient à établir une paix durable au Moyen-Orient et à garantir que l’Iran ne poursuive son programme nucléaire qu’à des fins civiles.