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Le désordre économique mondial : Multilatéralisme VS unilatéralisme et leurs conséquences

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« Après tout, un dollar surévalué nous permet d’acheter des biens étrangers à moindre coût. Et le volume actuel des exportations rapporte davantage de yens et d’euros que si le dollar était plus compétitif. » 

Martin Feldstein (1939-2019), économiste américain.

« Le pouvoir de taxation en dépréciant la monnaie est inhérent à l’État depuis sa découverte par Rome. La création d’une monnaie ayant cours légal a été et reste la réserve ultime d’un gouvernement ; et aucun État ni gouvernement ne risque de décréter sa propre faillite ou sa propre chute tant que cet instrument restera inutilisé.» 

John Maynard Keynes (1883-1946), économiste britannique.

« Par un processus continu d’inflation, les gouvernements peuvent confisquer, secrètement et sans apparence, une part importante des richesses de leurs citoyens… Il n’existe pas de moyen plus subtil ni plus sûr de bouleverser les fondements existants de la société que de dénaturer la monnaie. Le processus engage toutes les forces cachées de la loi économique du côté de la destruction, et le fait d’une manière qu’aucun homme sur un million n’est capable de diagnostiquer. » 

John Maynard Keynes (1883-1946), économiste britannique.

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Les dirigeants de pays importants peuvent décider d’aborder les relations économiques internationales selon deux perspectives principales. 

Premièrement, ils peuvent adopter une approche de coopération économique multilatérale ou une approche multilatérale, afin de dégager un consensus large et stable pour trouver des solutions à des problèmes et à des questions à résoudre. Deuxièmement, ils peuvent privilégier une approche plus rapide mais plus risquée, qui consiste à agir sans consultation et d’une manière unilatérale, laquelle risque de devenir conflictuelle et chaotique.

Depuis la Seconde Guerre mondiale, ces deux approches ont été adoptées, en 1944, 1971, 1985 et 2025.

1- Le système monétaire international de Bretton Woods

En juillet 1944, sous la direction de l’administration démocrate de Franklin D. Roosevelt (1933-1945), quarante-quatre nations se réunirent à Bretton Woods, dans l’État américain du New Hampshire, pour une conférence visant à établir un système monétaire et financier international d’après-guerre, connu plus tard sous le nom de système monétaire de Bretton Woods.

Ce système reposait sur l’arrimage du dollar américain à une quantité fixe d’or, ce dernier pouvant être vendu et acheté à d’autres gouvernements au prix convenu de 35 dollars l’once. Les autres monnaies convertibles étaient indexées au dollar américain par le biais de taux de change stables, susceptibles d’être modifiés uniquement en cas d’un « déséquilibre fondamental », sous la supervision du Fonds monétaire international (FMI).

2- L’instauration d’un statut de monnaie fiduciaire pour le dollar américain en 1971

Le système monétaire de Bretton Woods a duré 27 ans, jusqu’à ce que l’administration républicaine de Richard Nixon (1969-1974) décide, de son propre chef, de le modifier en profondeur.

En effet, le 15 août 1971, l’administration Nixon annonça unilatéralement que le dollar américain n’était plus convertible en or. Cela signifiait que les gouvernements étrangers détenant des réserves en dollars ne pouvaient demander de les échanger pour de l’or. Le dollar américain est ainsi devenu une monnaie fiduciaire sous le seul contrôle du système bancaire fédéral américain. 

Le dollar fiduciaire comme monnaie internationale se trouvait ainsi à conférer aux États-Unis une position monétaire de faveur. En effet, les pays qui utilisent le dollar américain dans leurs réserves internationales, ou pour financer leurs transactions internationales, se trouvent automatiquement à prêter des capitaux aux États-Unis, ce qui permet à ce dernier pays de s’endetter et de surconsommer. 

En réaction, les autres pays ont réagi à la décision unilatérale américaine en adoptant des taux de change flottants pour leurs propres monnaies. 

Les pays exportateurs de pétrole, membres de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP), pour leur part, ont réduit considérablement leur production pétrolière, notamment à compter de 1973. Il s’en est suivi un quadruplement du prix international du pétrole, une crise énergétique et une hausse de l’inflation mondiale. 

Ce fut la principale cause de la sérieuse récession mondiale de 1973-1975, laquelle fut suivie par deux autres récessions économiques successives en 1980 et 1981-1982.

Toute la décennie des années 1970 a été une période d’inflation galopante, de chômage élevé et de croissance économique lente, c’est à dire une situation de stagflation. 

3- Les Accords monétaires du Plaza en 1985

Au lendemain de la grave récession économique de 1981-1982, l’administration républicaine de Ronald Reagan (1981-1989) craignait une surévaluation du dollar américain, notamment par rapport au yen japonais et au deutsche mark, sous la pression d’une demande internationale pour la monnaie américaine.

Afin d’éviter les écueils de l’approche unilatérale adoptée par Nixon en 1971, le gouvernement Reagan a réuni les pays du G5 (France, Allemagne de l’Ouest, Japon, Royaume-Uni et États-Unis). L’objectif était d’alléger la pression sur le dollar américain et de l’affaiblir, afin de réduire le déficit commercial croissant des États-Unis.

Cela donna lieu aux Accords monétaires du Plaza, une entente conjointe signée le 22 septembre 1985, à l’hôtel Plaza de New York. Ces accords prévoyaient une dépréciation du dollar américain par une intervention coordonnée des pays sur les marchés des changes. Elle a perduré jusqu’à ce que les Accords du Louvre y mettent fin, en février 1987.

4- La communauté internationale a perdu confiance dans l’administration Trump 2.0 et sa politique économique

Avant l’investiture du président Donald Trump, le 20 janvier 2025, l’économie américaine était, selon la plupart des indicateurs économiques, la plus prospère de la plupart, voire de toutes, les économies occidentales : son taux de croissance économique réelle (2,8 %) en 2024 était supérieur à celui des autres économies avancées ; son taux de chômage atteignait un niveau proche du plein emploi (4 %) ; et son taux d’inflation restait stable et maîtrisé (2,9 %).

Néanmoins, avec ses déclarations incendiaires de politiques économiques, parfois confuses et incohérentes, le président américain est en train de semer la pagaille dans l’économie américaine et il bouleverse en même temps le système de commercial international.

En effet, l’incertitude changeante entourant l’imposition de droits de douane unilatéraux sur les importations en provenance de divers pays, ainsi que les insultes, les menaces et même les ultimatums lancés à leur encontre, nuisent gravement aux investissements des entreprises et à leurs décisions d’affaires et d’emplois. De plus, cela ralentit le commerce international multilatéral, ébranle les marchés financiers et porte atteinte à la réputation des États-Unis dans le monde.

De plus, il semble y avoir une confusion intellectuelle dans le gouvernement Trump 2.0 concernant l’imposition de droits de douane tous azimuts contre les importations en provenance d’une foule de pays et leurs effets sur les coûts et les prix intérieurs aux États-Unis. En effet, contre toute logique économique, M. Trump essaie de faire croire à ses supporteurs que les taxes à l’importation payées par les importateurs américains ne seront pas refilées aux consommateurs américains avec des prix plus élevés, mais seront payées par les étrangers. 

En outre, l’administration Trump poursuit des objectifs économiques conflictuels, voire contradictoires, comme celui de souhaiter préserver le statut de réserve internationale du dollar américain, en menaçant même d’imposer des sanctions financières et des tarifs punitifs additionnels aux pays qui voudraient cesser d’utiliser le dollar dans leurs transactions internationales. Par ailleurs, le président américain déclare ouvertement souhaiter une dépréciation du dollar américain pour améliorer la balance commerciale américaine.

En conséquence, certains parmi les créanciers étrangers qui détiennent d’énormes quantités d’obligations du Trésor américain perdent de plus en plus confiance dans l’administration Trump, et ils ont commencé à se délester d’une partie de leurs titres libellés en monnaie américaine. Le résultat est une hausse des taux d’intérêt à 10 ans aux États-Unis, laquelle constitue une grande menace pour le marché immobilier américain.

5- Des politiques et des menaces commerciales unilatérales sont des dangers grandissants pour l’économie mondiale

Le gouvernement Trump 2.0 a choisi d’imposer des droits de douane sur les importations de biens étrangers par une série de décrets présidentiels (prétextant une situation de sécurité nationale), dont un des buts est de hausser les rentrées fiscales, et ainsi de pouvoir couvrir le coût budgétaire de son projet de reconduire les importantes réductions d’impôts aux entreprises et aux Américains les plus riches, adoptées en 2017.

Comme on aurait dû s’y attendre, une telle approche unilatérale a incité les autres pays à riposter et à imposer des droits de douane sur les exportations américaines. Une guerre commerciale aussi risquée pourrait facilement déstabiliser les économies du monde entier, à mesure que le commerce international se contractera et que les économies déclineront.

D’une part, les droits de douane imposés par le président Trump vont inévitablement faire grimper les prix intérieurs. De même, une sortie nette de capitaux des États-Unis entraînera une dépréciation du dollar. Ce sont là deux causes d’inflation. 

Capture d’écran. Source : viralmag.fr

D’autre part, la guerre commerciale nuira aux exportations américaines et ralentira la croissance économique. C’est pourquoi une situation de stagflation risque, en toute probabllité, de s’implanter. En effet, un rapport de l’OCDE prédit que non seulement la plupart des pays sortiront perdants de la guerre commerciale de Trump, mais que les États-Unis seront parmi tous les pays celui qui en souffrira le plus.

En effet, compte tenu des niveaux élevés d’endettement public et d’obligations publiques non couvertes (pensions, etc.), la prochaine décennie pourrait forcer de nombreux gouvernements à recourir à l’inflation et à la dépréciation de leurs monnaies fiduciaires pour réduire le fardeau réel de leurs dettes et obligations publiques.

Il semble qu’une confusion coûteuse règne encore autour de la guerre commerciale de Trump concernant la question de savoir qui peut imposer des droits de douane aux États-Unis. Un important tribunal fédéral a récemment conclu que les droits de douane draconiens imposés par Donald Trump, fondés sur une obscure loi fédérale d’urgence, étaient un abus de pouvoir, puisque la Constitution américaine réserve le droit d’imposer des taxes et des impôts à la seule Chambre des représentants. En conséquence, le 28 mai, la Cour de commerce international des États-Unis a suspendu la plupart des droits de douane imposés par décret présidentiel, car ce faisant, le président Donald Trump a outrepassé ses pouvoirs constitutionnels.

Un deuxième tribunal, le 29 mai, a également interdit à l’administration Trump d’imposer des droits de douane sur les marchandises importées en vertu de décrets qualifiés de « Jour de la libération » du 2 avril. (Mais le fouillis persiste depuis qu’une cour d’appel fédérale a temporairement rétabli les tarifs douaniers de Trump, pour l’instant !)

Capture d’écran d’une vidéo.

Conclusion

Pour mettre fin au désordre économique actuel, il faudrait un retour à l’approche multilatérale dans les relations économiques internationales.

Si cela n’est pas fait, l’approche unilatérale et irresponsable telle qu’adoptée par le président Donald Trump dans ses relations économiques internationales pourrait causer l’effondrement du système multilatéral de commerce et de finances internationales. Depuis son investiture, en effet, l’actuel gouvernement étasunien se comporte comme s’il souhaitait ériger un Rideau Tarifaire autour des États-Unis. 

Depuis 1945, aucun autre gouvernement américain n’a autant tenté d’isoler les États-Unis du reste du monde au plan économique, en adoptant des politiques de repli sur soi.

Comme l’expérience désastreuse des années 1930 le démontre, si l’administration Trump continue de recourir religieusement à une politique de droits de douane unilatéraux et punitifs, et à mesure que les autres pays adoptent des mesures de rétorsion, il pourrait s’en suivre un ralentissement financier et économique global, lequel ne profiterait à aucun pays. La conséquence risque aussi de faire de la prochaine décennie, au plan économique, une répétition des années 1970, mais avec possiblement plus de dégâts.

En effet, toute tentative unilatérale de remodeler le système commercial et financier mondial au seul bénéfice des États-Unis risque d’être un rêve illusoire, lequel peut facilement être néfaste à l’ensemble de l’économie mondiale et tout particulièrement aux États-Unis.

Rodrigue Tremblay

Image en vedette : Capture d’écran.

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Le Prof. Rodrigue Tremblay est professeur émérite d’économie à l’Université de Montréal et lauréat du Prix Richard-Arès pour le meilleur essai en 2018, La régression tranquille du Québec, 1980-2018, (Fides). Il est titulaire d’un doctorat en finance internationale de l’Université Stanford.

On peut le contacter à l’adresse suivante : [email protected]

Il est l’auteur du livre de géopolitique  Le nouvel empire américain et du livre de moralité Le Code pour une éthique globale, de même que de son dernier livre publié par les Éditions Fides et intitulé La régression tranquille du Québec, 1980-2018.

Site internet de l’auteur : 

http://rodriguetremblay.blogspot.com

La source originale de cet article est Mondialisation.ca


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