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Catastrophique. C’est l’adjectif qui s’est imposé le 27 juin dernier dans la foulée du premier — et unique — débat télévisé entre Donald Trump et Joe Biden de la campagne présidentielle américaine, que le démocrate a finalement quittée trois semaines plus tard, au profit de Kamala Harris.
Fatigué, embrouillé, hésitant, parfois incohérent, le président américain a dévoilé, dès les premières minutes de cette rencontre, la pire image de lui-même à la face du monde et des électeurs américains. Un déclin du politicien de 82 ans loin d’être une anecdote, racontent les journalistes Jake Tapper, de CNN, et Alex Thompson, du site Axios, dans un livre à paraître la semaine prochaine.
C’est que depuis 2023, l’état chancelant du président était déjà une évidence au sein même de la Maison-Blanche. Mais ses collaborateurs, ses proches, sa famille ont finalement orchestré une campagne de dissimulation qui, en cherchant à protéger Joe Biden, a finalement conduit le Parti démocrate à sa perte en novembre dernier, résume le duo dans Original Sin: President Biden’s Decline, Its Cover-Up, and His Disastrous Choice to Run Again (Péché originel. Le déclin du président Biden, sa dissimulation et son choix désastreux de se représenter).
Quelques bonnes feuilles ont été publiées dans plusieurs médias américains, dont le New Yorker, depuis le début de la semaine. Morceaux choisis.
Photo: Kevin Dietsch Agence France-Presse
Joe Biden a été mis à l’écart des membres clés de son cabinet
Durant la deuxième partie de la présidence de Joe Biden, les choses ont commencé à changer au sommet du pouvoir exécutif américain, où, peu à peu, l’ex-président a été éloigné des membres clés de son cabinet ministériel. C’est ce que révèlent plusieurs des 200 entrevues réalisées auprès d’anciens membres du gouvernement et de la garde rapprochée de Joe Biden par les deux journalistes, principalement après les élections.
« Pendant des mois, nous n’avons pas pu le voir », a raconté l’un de ces secrétaires en parlant « d’une stratégie délibérée de la Maison-Blanche visant à lui faire rencontrer le moins de personnes possible » pour ne pas le fatiguer et pour éviter d’exposer à trop de monde le déclin de sa condition, tant physique que mentale.
« Les secrétaires ne breffaient plus directement le président de manière régulière », a raconté Jake Tapper sur CNN en citant des extraits de son livre. « Au lieu de cela, ils informaient de hauts responsables de la Maison-Blanche, qui s’adressaient ensuite à Biden. »
Cette mise à l’écart a commencé dès octobre 2023, selon un des secrétaires, et s’est étendue à plusieurs autres proches collaborateurs du président dans les derniers mois de sa présidence. Certains ont évoqué à l’époque leur inquiétude sur la santé mentale de Joe Biden, et ont raconté l’avoir entendu « marmonner des propos incohérents » durant de rares rencontres.
Seuls l’ancien secrétaire d’État Antony Blinken et l’ancien secrétaire à la Défense Lloyd Austin avaient encore un accès régulier au président, leur fonction étant intimement liée aux questions de sécurité nationale, relate le livre.
Photo: Brendan Smialowski Agence France-Presse
La chute de Joe Biden à l’Air Force Academy en juin 2023
Un président en fauteuil roulant ?
La chute de Joe Biden, qui a trébuché sur un sac de sable après son discours à l’Air Force Academy en juin 2023, avait déjà fait tache. Or, « la détérioration physique de Biden — dont la démarche hésitante était une des composantes les plus visibles — est devenue si grave », durant sa présidence, « que des échanges internes ont eu lieu pour discuter de la possibilité de placer le président dans un fauteuil roulant », indique le livre.
Le médecin du président, le Dr Kevin O’Connor, était d’ailleurs très inquiet de voir les fonctions de la présidence altérer la santé de son protégé. Il réprimandait d’ailleurs régulièrement les conseillers de la Maison-Blanche pour qu’ils intègrent plus de périodes de repos dans l’emploi du temps de Joe Biden.
Dès 2023, O’Connor avait prévenu qu’une nouvelle mauvaise chute « pourrait contraindre » le président à un fauteuil roulant durant sa convalescence, une perspective dommageable pour l’image du président à l’approche d’une campagne cherchant sa réélection.
Pour éviter la chose, ses proches ont alors essayé de trouver des chemins de marche plus courts, ont insisté pour que des rampes soient installées sur les marches menant à la scène lors de ses apparitions, lui ont fait porter plus souvent des chaussures de course et l’ont guidé plus attentivement dans ses mouvements, résume le livre.
Photo: Mandel Ngan Agence France-Presse
Joe Biden sur la scène d’un théâtre de Los Angeles où il participait à une soirée de levée de fonds, en compagnie de Barack Obama.
Joe Biden n’a pas reconnu George Clooney
Quelques jours à peine avant le débat des chefs, le 16 juin 2024, l’image de Joe Biden, visiblement figé, le regard perdu, sur la scène d’un théâtre de Los Angeles où il participait à une soirée de levée de fonds, en compagnie de Barack Obama, avait commencé à soulever plusieurs questions sur sa capacité à mener une campagne électorale victorieuse contre Donald Trump. Mais cette soirée avait aussi mal commencé pour l’ex-président, qui a été incapable, en arrivant à la fête, de reconnaître son ami de longue date et comédien réputé George Clooney, relatent les auteurs de livre.
« Vous connaissez George », a dit l’assistant de Joe Biden au président, lui rappelant gentiment qui était devant lui. « Ouais, ouais », a répondu le démocrate, visiblement perdu. « Merci d’être là », a-t-il laissé tomber devant l’acteur et surtout un entourage stupéfait par la fragilité et par l’étrange comportement de l’homme le plus puissant du pays devant un des comédiens les plus célèbres de Hollywood.
Ces égarements n’étaient pas chose nouvelle pour l’occupant du Bureau ovale, qui, selon l’ouvrage, a été à plusieurs reprises surpris en train d’oublier le nom de son principal conseiller, Mike Donilon, de son conseiller à la Sécurité nationale, Jake Sullivan, ou de sa directrice des communications à la Maison-Blanche, Kate Bedingfield, selon des extraits du livre rapportés par le New York Times. Un jour, Biden a même confondu son secrétaire à la Santé et aux Services sociaux, Xavier Becerra, avec son secrétaire à la Sécurité intérieure, Alejandro Mayorkas.
Photo: Allison Joyce Agence France-Presse
Joe Biden lors d’un rassemblement de parti pendant la campagne électorale en juin 2024.
Biden a entraîné le Parti démocrate à sa perte
L’état déclinant de Joe Biden ayant été aussi visible que connu, pourquoi s’est-il obstiné à rester dans la course électorale, tenant ainsi en haleine les États-Unis pendant près de trois semaines après l’échec de son débat télévisé, avant de jeter l’éponge ? Et a-t-il agi trop tard, empêchant ainsi sa successeure, Kamala Harris, de remonter une pente qu’il avait finalement, en raison de son déclin, passablement savonnée ?
Plusieurs démocrates n’ont plus peur de le dire, comme David Plouffe, ex-directeur de campagne de Barack Obama en 2008 et conseiller principal de ce même président jusqu’en 2013, qui estime que « le parti s’est fait fourrer par Biden », a-t-il confié, sans mettre de gants, aux auteurs du livre.
L’homme a été appelé par le camp de Harris pour orchestrer une « mission de sauvetage » qui, avec une course condensée de 107 jours, s’est finalement avérée « un putain de cauchemar », dit-il.
David Plouffe raconte avoir reçu des appels de donateurs inquiets devant la baisse d’énergie, des capacités cognitives et des aptitudes de Biden à prononcer un discours. Il a même fait pression sur la Maison-Blanche pour appeler le président à se retirer très tôt de la course, en vain.
Un conseiller résume d’ailleurs le brouillard et le déni dans lesquels le pouvoir exécutif se trouvait alors. « Nous avons tenté de protéger [Joe Biden] de son propre personnel, de sorte que beaucoup n’ont pas pu réaliser l’ampleur du déclin, à partir de 2023 », dit-il dans le livre. La défaite des démocrates en 2024 et surtout le retour de Donald Trump à la Maison-Blanche ont permis de mesurer finalement l’ampleur de l’enjeu, mais il était trop tard.