L’animateur et réalisateur canado-néerlandais Co Hoedeman est décédé à Montréal le 26 mai à l’âge de 84 ans. Il est notamment connu pour avoir remporté un Oscar du meilleur court métrage d’animation pour Le château de sable, un film de l’Office national du film du Canada (ONF) sorti en 1977.

Co Hoedeman est né à Amsterdam en 1940. C’est aux Pays-Bas qu’il est « tombé en amour » avec les films de l’ONF, qui y étaient projetés toutes les semaines, raconte-t-il dans un épisode de la série d’anthologie de l’ONF Une histoire du cinéma. « Nous [lui et sa femme] avons donc décidé d’immigrer au Canada en 1965 », poursuit-il.

Il était passionné par l’animation image par image, dans laquelle l’animateur prend en photo une série de scènes fixes, déplaçant légèrement son sujet entre chaque plan. « On faisait des films sans grands moyens technologiques », disait M. Hoedeman.

Maboule, un de ses premiers courts produits par l’ONF en 1969, lui vaudra des éloges. Il se rendra en Tchécoslovaquie l’année suivante pour étudier l’animation de marionnettes, avant de revenir dans le giron de l’ONF et de mettre en pratique ses apprentissages. Il recevra le Prix du meilleur film d’animation aux British Academy Film Awards (BAFTA) pour Tchou-Tchou (1972).

La consécration viendra en 1978, année où il remporta un Oscar pour son court métrage d’animation paru un an plus tôt, Le château de sable. « So what ? » dit-il dans Une histoire du cinéma. Plutôt indifférent à cette récompense, il relève que tous ses films subséquents seront dorénavant comparés au Château de sable, faisant ainsi monter les attentes à son endroit.

Un grand nom du cinéma pour enfants

Sa carrière se poursuivra sur plusieurs décennies. Peu impressionné par l’offre de films pour enfants qu’on voyait à la télévision, Hoedeman réalisera le court métrage d’animation Ludovic. Une poupée dans la neige en 1998, inspiré par la propre enfance. Le film lui demandera un an et demi de travail. Plusieurs autres courts métrages s’inscriront ensuite dans la série Quatre saisons dans la vie de Ludovic, où on suit les aventures d’un adorable ourson en peluche.

« Co Hoedeman était un maître de l’animation dont la longue carrière à l’ONF s’est distinguée par un cinéma innovateur et des thèmes humanitaires majeurs, a déclaré dans un communiqué Suzanne Guèvremont, la présidente de l’ONF. Il se souciait profondément du bien-être des enfants et défendait farouchement le cinéma public, qu’il estimait essentiel. »

Dans un registre plus sérieux, Hoedeman travaillera avec des détenus autochtones du pénitencier de La Macaza pour créer L’ours renifleur (1992), un film d’animation destiné aux enfants qui aborde les dangers de l’inhalation de produits toxiques.

En 2011, dans 55 chaussettes, il s’inspirera de ses souvenirs d’enfance pour raconter à sa manière « l’hiver de la faim » survenu aux Pays-Bas en 1944-1945. Quelque 20 000 Néerlandais sont morts de la famine durant cette période trouble.

Cinéaste d’exception, « il nous laisse heureusement un patrimoine d’œuvres exceptionnelles qui incarnent parfaitement son esprit unique », souligne Suzanne Guèvremont.