Un haut responsable iranien a reconnu jeudi que les frappes américaines contre les installations nucléaires iraniennes, dans la nuit du 21 au 22 juin, avaient causé des dégâts importants. Cette déclaration intervient après que le dirigeant suprême iranien a affirmé le contraire plus tôt cette semaine.

Le ministre iranien des Affaires étrangères, Abbas Araghchi, a déclaré jeudi à la télévision d’État iranienne que son pays était toujours en train d’évaluer les pertes et les dégâts causés par les frappes américaines, qui ont visé trois installations nucléaires lesquelles, selon les autorités, étaient utilisées pour enrichir de l’uranium. Il s’agit des installations de Fordo, Natanz et Ispahan.

« Je dois dire que les dégâts sont excessifs et graves », a-t-il déclaré à propos des installations nucléaires iraniennes visées, selon une traduction en anglais. Il n’a pas fourni de détails précis sur les dégâts causés par les frappes.

M. Araghchi a ajouté que l’Iran n’avait pas encore décidé s’il autoriserait les inspecteurs de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) à évaluer les dégâts, mais qu’ils ne seraient pas admis dans les installations pour l’instant.

Plus tôt dans la semaine, le porte-parole du ministère iranien des Affaires étrangères, Esmail Baghaei, a déclaré à la chaîne de télévision Al Jazeera que « nos installations nucléaires ont été gravement endommagées, c’est certain ». Il n’a pas donné plus de détails sur la nature des dégâts subis.

La déclaration de M. Araghchi semble contredire un commentaire fait la veille par le guide suprême iranien, l’ayatollah Ali Khamenei, qui a déclaré dans les médias publics que les États-Unis avaient échoué dans leur mission visant à affaiblir le programme nucléaire iranien.

« Ils n’ont pas atteint leurs objectifs et ont gonflé leurs déclarations pour dissimuler la réalité », a déclaré M. Khamenei faisant référence aux frappes américaines.

Dans le même temps, la Maison-Blanche a publié mercredi une déclaration de la Commission israélienne de l’énergie atomique concluant que le site nucléaire partiellement souterrain de Fordo était inutilisable depuis les frappes menées par les bombardiers furtifs B-2 équipés de bombes GBU-57 Massive Ordnance Penetrators (MOP).

« La frappe dévastatrice des États-Unis sur Fordo a détruit les infrastructures vitales du site et rendu l’installation d’enrichissement inutilisable », indique le communiqué. « Nous estimons que les frappes américaines sur les installations nucléaires iraniennes, combinées aux frappes israéliennes sur d’autres éléments du programme nucléaire militaire iranien, ont retardé de plusieurs années la capacité de l’Iran à développer des armes nucléaires. »

Le directeur général de l’AIEA, Rafael Mariano Grossi, a déclaré que les installations nucléaires iraniennes avaient « subi d’énormes dégâts » lors de la campagne de bombardements américains et de frappes israéliennes.

« Ce que je peux vous dire, et je pense que tout le monde est d’accord là-dessus, c’est que les dégâts sont très importants », a-t-il déclaré à la radio française RFI.

Les responsables américains, notamment le secrétaire à la Défense Pete Hegseth et le président Donald Trump, ont affirmé que les installations nucléaires iraniennes avaient été totalement détruites.

Cependant, des questions subsistent quant à savoir si l’uranium hautement enrichi dont l’Iran aurait besoin pour développer une arme nucléaire se trouvait sur place à ce moment-là. Interrogé sur la question de savoir si l’uranium iranien avait été déplacé avant les frappes, M. Hegseth a répondu qu’il n’avait reçu aucune confirmation quant à son transfert vers un autre site.

« Je n’ai connaissance d’aucune information que j’ai examinée qui indique que les choses n’étaient pas là où elles étaient censées être, si elles aient été déplacées ou autre », a déclaré M. Hegseth aux journalistes jeudi.

Cette semaine, l’Iran a insisté sur le fait qu’il ne renoncerait pas à son programme nucléaire. Dans un vote soulignant la difficulté du chemin à parcourir, son parlement a accepté mercredi d’accélérer l’examen d’une proposition qui mettrait effectivement fin à la coopération de l’Iran avec l’AIEA, qui surveille le programme depuis des années.

Avec Associated Press