NE LAISSER PAS LE 5G DETRUIRE VOTRE ADN Protéger toute votre famille avec les appareils Quantiques Orgo-Life® Publicité par Adpathway
L’industrie du transport aérien est toujours « très concentrée » au pays, selon un rapport publié jeudi par le Bureau de la concurrence du Canada. L’organisme propose, entre autres, de modifier les règles pour favoriser la venue de nouveaux acteurs dans le marché et d’améliorer le service dans les régions éloignées.
Le marché canadien est depuis longtemps dominé par Air Canada et WestJet, qui détiennent ensemble de 56 % à 78 % du trafic intérieur de passagers, selon l’étude.
Cette concentration a légèrement diminué entre 2019 et 2023, ce qui reflète le succès de compagnies comme Porter et Flair à entrer sur le marché et à se développer, peut-on lire dans le rapport. Par contre, deux compagnies aériennes au rabais – Lynx Air et Canada Jetlines – ont cessé leurs activités l’an dernier, faisant face à d’importantes difficultés financières.
Les compagnies aériennes ont du mal à entrer sur le marché, à survivre et à se développer.
La concurrence demeure fragile. C'est un marché qui est quand même très concentré. Les obstacles à l'entrée sont élevés, ajoute le sous-commissaire Anthony Durocher, dans une entrevue avec Radio-Canada.
Il souligne que les tarifs baissent en moyenne de 9 % lorsqu’un nouveau transporteur offre un trajet entre deux villes. Pour l'instant, les passagers doivent composer avec la complexité des réservations de vols et avec les prix exorbitants des billets d’avion, selon le rapport.
La concurrence aussi favorise le choix, un meilleur service et plus d'innovation pour les consommateurs, explique M. Durocher.

Anthony Durocher, sous-commissaire à la direction générale de la promotion de la concurrence au Bureau de la concurrence du Canada
Photo : Radio-Canada / Simon Lasalle
Des transporteurs… toujours canadiens?
Pour renforcer la concurrence, l’organisme fédéral recommande à Ottawa de modifier ses règles afin d’ouvrir le marché des vols intérieurs aux investisseurs et aux compagnies aériennes de l'étranger. L'accès aux capitaux internationaux et à cette expérience est très, très importante pour favoriser l'entrée des nouveaux joueurs, affirme le sous-commissaire Durocher.
À l'heure actuelle, un seul investisseur étranger peut détenir jusqu’à 25 % d’une compagnie aérienne canadienne. Le Bureau de la concurrence propose d’augmenter cette limite à 49 %, une mesure déjà adoptée dans d’autres pays.
Selon ses recommandations, des transporteurs qui ne volent qu’à l’intérieur du Canada pourraient aussi entièrement appartenir à des propriétaires étrangers.
On ne peut pas se permettre de perdre notre souveraineté dans notre ciel, affirme Mehran Ebrahimi, directeur de l’Observatoire de l’aéronautique et de l’aviation civile et professeur à l’École des sciences de la gestion de l'UQAM.
Le peu de services qu'on peut donner aux régions éloignées vont disparaître.
John Gradek, ancien cadre chez Air Canada et coordonnateur du programme de gestion de l'aviation à l’Université McGill, abonde dans le même sens. Il souhaite réduire la participation d'entreprises étrangères dans le secteur aérien canadien.
Est-ce qu’ils ont les intérêts des Canadiens d'abord, si on les laisse investir et gérer les compagnies canadiennes? demande-t-il.

John Gradek, qui a travaillé comme cadre chez Air Canada, est coordonnateur du programme de gestion de l'aviation de l’Université McGill.
Photo : Radio-Canada / Martin Brunette
Porter Airlines dit soutenir la hausse du plafond à 49 % pour un seul actionnaire étranger, mais estime que d'autres changements nécessiteront un examen beaucoup plus approfondi.
Par exemple, autoriser les compagnies aériennes étrangères à exploiter des lignes intérieures désavantagera davantage les petits transporteurs. Cette mesure ne devrait pas être envisagée sans un accès réciproque aux autres pays pour les compagnies aériennes canadiennes, souligne un porte-parole.
Air Canada et WestJet n'ont pas répondu à nos demandes de commentaires.
Repenser nos aéroports
Pour faciliter l’entrée de nouveaux transporteurs canadiens dans le marché, l'expert John Gradek prône plutôt une refonte du modèle d’affaires des aéroports, qui imposent beaucoup trop de frais, selon lui.
Le Bureau de la concurrence souligne que ces frais représentent environ 30 cents pour chaque dollar payé par les clients. Environ les deux tiers de ce montant servent à débourser les redevances d’atterrissage, de terminal et d’exploitation des aéroports.
Réduire ces coûts aiderait à promouvoir la concurrence, car davantage d’entreprises pourraient entrer sur les marchés et offrir des services durables, note le rapport.
Eric Tanner, vice-président aux affaires commerciales chez Flair Airlines, dénonce lui aussi ces structures tarifaires aéroportuaires inéquitables qui nuisent à l'arrivée de nouveaux concurrents.
Encore faut-il augmenter la capacité et moderniser l'infrastructure des aéroports canadiens pour accommoder les nouveaux transporteurs aériens qui voudraient se lancer, souligne Mehran Ebrahimi de l'UQAM. C'est beau d'avoir des concurrents et si on n'a pas des aéroports qui ont la capacité nécessaire ou les portes nécessaires, ça ne sert à rien de faire venir des compagnies aériennes, dit-il.
L'expert John Gradek ajoute que le Canada pourrait s’inspirer des États-Unis, du Royaume-Uni et de l’Australie en implantant des subventions pour soutenir les compagnies aériennes qui desservent des liaisons moins rentables.
Les subventions publiques ne réduisent pas les coûts, explique le rapport du Bureau de la concurrence. Elles changent simplement la personne qui les paie.
Moins de pouvoirs pour Ottawa
Parmi ses recommandations, le Bureau propose d’enlever au ministre fédéral des Transports le pouvoir d’approuver unilatéralement des fusions entre transporteurs. Il cite trois mariages qui ont reçu le feu vert d’Ottawa, malgré les préoccupations du commissaire à la concurrence, y compris l’acquisition de Sunwing par WestJet et la fusion entre First Air et Canadian North.
Keldon Bester, directeur général du Projet anti-monopole canadien, dénonce ce droit de veto du ministre.
Malheureusement, comme nous l'avons souvent constaté sur le marché aérien, les fusions entre transporteurs sont régulièrement jugées anticoncurrentielles ou préjudiciables par le Bureau de la concurrence, mais différents ministres des Transports les ont tout de même autorisés, affirme-t-il.
L'organisme suggère plutôt la tenue d’évaluations parallèles par le ministre et le commissaire : l’un ou l’autre processus pourrait bloquer une transaction, et les fusions ne pourraient aller de l’avant que si elles étaient approuvées par les deux examens.
Le bureau de la ministre des Transports, Chrystia Freeland, dit se pencher attentivement sur ces recommandations. Les Canadiens souhaitent rendre visite à leur famille et découvrir d'autres régions du pays. Et ils veulent que ce soit abordable. Nous sommes impatients de voir davantage d'innovation et de collaboration dans ce secteur, déclare une porte-parole.

La ministre fédérale des Transports, Chrystia Freeland, peut actuellement donner son feu vert à des fusions jugées anticoncurrentielles.
Photo : La Presse canadienne / Sean Kilpatrick