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Le budget de la dernière chance

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Les Canadiens sont devenus des habitués des cadres financiers qui ne tiennent pas la route au lendemain des élections. Mais ils n’avaient jamais été témoins d’un écart aussi grand que celui qui sépare le cadre fiscal présenté par le Parti libéral du Canada durant la campagne électorale et la réalité financière que nous affrontons depuis le scrutin fédéral du 28 avril dernier. Alors que les libéraux de Mark Carney s’étaient engagés à atteindre la cible de l’Organisation du traité de l’Atlantique Nord (OTAN) de 2 % du PIB en matière de dépenses militaires d’ici 2030, le premier ministre s’est vite ravisé au lendemain du vote. Non seulement son gouvernement a annoncé l’atteinte de la cible de 2 % dès cette année, mais il a aussi souscrit à la nouvelle cible de 5 % pour la défense en 2035 entérinée par les pays membres de l’OTAN lors du sommet annuel du 25 juin à La Haye.

« Si nous voulons un monde plus sûr, il nous faut un Canada plus fort, qui travaille avec ses alliés. Et aujourd’hui marque une étape très importante en ce sens », a alors déclaré le premier ministre. La nouvelle cible se divise entre des capacités militaires « de base », qui devront compter pour 3,5 % du produit intérieur brut, et des dépenses sous-jacentes en infrastructures s’élevant à 1,5 % du PIB. Il s’agit de dizaines de milliards de dollars en dépenses militaires annuelles supplémentaires annoncées sans que les Canadiens aient la moindre idée de la manière dont le gouvernement entend les financer.

Le ministre des Finances, François-Philippe Champagne, n’a pas encore déposé de budget pour l’année financière qui a débuté le 1er avril dernier. La moitié de cette année se sera écoulée avant que M. Champagne ne donne un aperçu de l’état des finances publiques en octobre prochain. Mais on sait déjà que le portrait qu’il en dressera ne ressemblera aucunement au cadre fiscal du PLC.

« L’augmentation des dépenses militaires obligera le gouvernement fédéral à creuser son déficit et à s’endetter davantage pour les financer — à moins que les dépenses soient réduites ailleurs et/ou que les revenus augmentent pour combler l’écart budgétaire », ont écrit les économistes du Groupe Desjardins Florence Jean-Jacobs et Randall Bartlett dans une étude récente. « Pousser les dépenses militaires à 5 % du PIB se traduirait par une augmentation beaucoup plus rapide de la dette fédérale en proportion de l’économie sur la même période, toutes choses étant égales. Le ratio de la dette au PIB serait porté à son plus haut niveau depuis 1999 d’ici 2030, et il continuerait de monter par la suite. »

L’industrie canadienne de la défense pourra profiter de cette hausse des dépenses militaires. « Selon Statistique Canada, chaque dollar dépensé en défense génère 1,20 $ de PIB nominal une fois les effets directs, indirects et induits pris en compte », ont fait remarquer les économistes de Desjardins. On peut ainsi s’attendre à ce que l’industrie connaisse un essor important au cours des prochaines années. Il n’empêche qu’une bonne partie des dépenses supplémentaires d’Ottawa consistera en l’achat d’équipements militaires étrangers, et en l’occurrence surtout américains.

« L’animosité des États-Unis à l’égard du Canada a incité le gouvernement fédéral à envisager un partenariat avec l’Europe en matière de production de défense et de sécurité, ont noté les économistes de la Banque Royale Cynthia Leach et Salim Zanzana dans une analyse récente. Cependant, comme une grande partie de la production d’équipements militaires et de défense du Canada est intégrée à des chaînes technologiques et logistiques américaines, le renforcement des partenariats avec d’autres pays pourrait s’avérer compliqué. »

Dans une étude publiée cette semaine, l’Institut C.D. Howe, un groupe de réflexion torontois, a avancé que le déficit fédéral totalisera 311 milliards au cours des quatre prochaines années, principalement en raison des dépenses militaires supplémentaires, et ce, seulement si le gouvernement Carney réussit à réaliser les économies prévues dans le cadre financier électoral du PLC. Entre autres, ce dernier prévoyait épargner près de 30 milliards sur quatre ans grâce à « l’amélioration de la productivité gouvernementale ».

Selon l’Institut C.D. Howe, même si les libéraux atteignent cette cible, le déficit annuel du gouvernement fédéral oscillera autour de 77 milliards en moyenne par année entre 2025-2026 et 2028-2029. Or, de tels déficits à répétition pourraient conduire à une baisse de la cote de crédit AAA du gouvernement du Canada, ce qui entraînerait une hausse des taux d’intérêt sur la dette fédérale. Le Canada a déjà connu ce cercle vicieux dans les années 1990, ce qui avait forcé le gouvernement de Jean Chrétien à adopter un remède de cheval afin de remettre les finances fédérales sur les rails.

L’Institut C.D. Howe, qui prône la rectitude fiscale, propose plusieurs mesures que le gouvernement Carney pourrait adopter dans le prochain budget afin de stabiliser les finances publiques fédérales, à commencer par une hausse de la taxe sur les produits et services de 5 % à 7 %. Rappelons que le gouvernement conservateur de Stephen Harper avait baissé la TPS de 7 % à 5 % en 2006. En la ramenant graduellement à son niveau initial, le fédéral empocherait près de 30 milliards de dollars de plus par année dès 2028-2029. Le groupe de réflexion propose aussi des économies de près de 100 milliards de dollars sur quatre ans grâce à une réduction des dépenses des programmes, tout en précisant que de telles économies ne seraient pas possibles « sans un leadership fort au sommet » du gouvernement.

En d’autres mots, des décisions difficiles attendent MM. Carney et Champagne. Les marchés financiers risquent de devenir très nerveux devant des hausses des dépenses à perte de vue. Leur prochain budget pourrait être celui de la dernière chance.

Ce texte fait partie de notre section Opinion, qui favorise une pluralité des voix et des idées. Il s’agit d’une chronique et, à ce titre, elle reflète les valeurs et la position de son auteur et pas nécessairement celles du Devoir.

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