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Le bilinguisme individuel, un moyen de rompre les «deux solitudes»?

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Le Devoir vous invite sur les chemins de traverse de la vie universitaire. Une proposition à la fois savante et intime, à cueillir tout l’été comme une carte postale. Aujourd’hui, on s’interroge sur les effets d’une absence de barrières linguistiques.

Depuis que nous nous connaissons, une phrase revient sporadiquement lors de nos conversations : « Tu n’as jamais entendu parler de ça, vraiment ? » Elle témoigne de l’étonnement qu’un Québécois francophone peut éprouver lorsqu’il s’épanche sur l’œuvre d’Harmonium et qu’un Ontarien anglophone demeure impassible. Ou, à l’inverse, de la surprise qu’un Ontarien anglophone peut ressentir lorsqu’il cite les meilleures répliques d’un sketch de This Hour Has 22 Minutes et qu’un Québécois francophone reste perplexe.

Même si nous partageons tous deux le même amour pour la politique, que nos parcours scolaires se ressemblent en tout point et que nous sommes la plupart du temps d’accord, nos bagages culturels, eux, diffèrent profondément. Ces points de divergence, peut-être anodins, en disent néanmoins long sur l’une des réalités du pays dans lequel nous vivons.

« Deux solitudes »

Les Canadiens anglophones et francophones se distinguent à bien des égards. Sur le plan de leurs références culturelles, certes, mais aussi au niveau de leurs préférences politiques, de leur conception de la fédération canadienne et de leur identité collective. Ces différences ont, au fil du temps, contribué à renforcer l’idée que les deux principales communautés linguistiques du Canada forment « deux solitudes », une expression popularisée par le roman du même nom de Hugh MacLennan.

Dans ce contexte, le bilinguisme individuel — et en particulier, l’apprentissage du français par les citoyens dont la langue maternelle est l’anglais — est souvent présenté comme une manière d’unir les Canadiens. Selon les défenseurs de cette idée, l’absence de barrières linguistiques favoriserait les échanges, permettrait aux deux groupes de mieux se comprendre et, in fine, renforcerait la « cohésion nationale ».

C’est dans cette optique qu’au cours des dernières décennies, le gouvernement fédéral ainsi que les gouvernements des différentes provinces ont mis en place diverses initiatives ayant pour objectif de permettre aux citoyens anglophones (et allophones) d’apprendre le français. On peut par exemple penser aux programmes d’immersion française, lesquels offrent à des élèves du primaire et du secondaire la possibilité de suivre une partie, voire la totalité, de leurs cours en français, ou encore aux séjours d’immersion Explore.

Or, qu’en est-il des attitudes politiques des quelque 1,9 million de Canadiens anglophones qui affirment maîtriser le français ? Le bilinguisme individuel constitue-t-il véritablement un moyen de rompre les « deux solitudes » ou, à tout le moins, d’atténuer les divergences entre les deux principales communautés linguistiques du pays ? C’est la question à laquelle nous tentons de répondre dans un article qui paraîtra sous peu dans la Revue canadienne de science politique.

Les anglophones bilingues et leurs attitudes politiques

En nous appuyant sur les données d’une enquête réalisée auprès d’un échantillon représentatif de 1596 citoyens canadiens, nous avons cherché à déterminer si la connaissance du français est associée, chez les Canadiens anglophones, à des opinions plus proches de celles de leurs concitoyens francophones. Nous nous sommes concentrés sur six thèmes sur lesquels les positions des personnes dont la langue maternelle est l’anglais tendent à se distinguer de celles dont la langue maternelle est le français : la survie de la langue française, la protection du français à l’extérieur du Québec, le financement des services publics en français, le bilinguisme des fonctionnaires, la laïcité et les Québécois, en tant que groupe de citoyens.

Notre étude montre d’abord que, sur ces questions, les attitudes des anglophones se distinguent bel et bien de celles des francophones. L’écart entre les deux communautés linguistiques est particulièrement marqué en ce qui concerne l’opinion à l’égard des Québécois. Sur une échelle de 0 (très négatif) à 100 (très positif), les participants anglophones attribuent en moyenne 62 points aux Québécois — soit 21 points de moins qu’aux Canadiens anglophones. Fait intéressant — et peut-être surprenant, considérant l’histoire politique du Canada —, les francophones, eux, ne semblent pas entretenir de tels griefs : ils accordent en moyenne 78 points aux Canadiens anglophones, à peine 3 points de moins qu’aux Québécois.

En ce qui concerne le bilinguisme individuel, nos analyses révèlent que la connaissance du français est associée à une plus grande proximité attitudinale avec les francophones sur un certain nombre d’enjeux politiques ; en ce qui a trait au statut de la langue française et à l’usage des deux langues officielles dans la fonction publique, entre autres. Toutefois, les anglophones qui affirment maîtriser le français ne se montrent pas plus favorables à l’interdiction du port de signes religieux par les fonctionnaires que les autres. Ils n’expriment pas non plus une opinion plus positive à l’endroit des Québécois.

Et si les attitudes des anglophones bilingues à l’égard des questions linguistiques sont nettement plus proches de celles des francophones que celles des anglophones unilingues, la connaissance du français ne suffit pas à combler entièrement le fossé entre les deux communautés. Par exemple, les anglophones qui maîtrisent la langue de Fiori se montrent beaucoup moins inquiets que les francophones quant à l’avenir du français et demeurent considérablement plus réticents à l’idée d’augmenter le financement des services publics dans cette langue.

Un premier pas

Ces résultats en demi-teinte mettent en exergue le fait qu’à lui seul, le bilinguisme individuel ne permet pas de rompre les « deux solitudes ». La langue maternelle demeure un prédicteur incontournable de la façon dont les Canadiens se positionnent par rapport à plusieurs enjeux sociétaux.

Ce n’est pas pour autant que la promotion de l’apprentissage de la langue française est un exercice vain. Malgré l’engouement que suscitent les programmes d’immersion, notamment en Ontario et dans les provinces de l’Atlantique, la proportion de Canadiens anglophones qui affirment maîtriser le français demeure faible à l’extérieur du Québec — à peine plus de 7 % selon le recensement de 2021. Il reste donc beaucoup à faire.

Mais pour que les deux communautés linguistiques parviennent à se comprendre, peut-être faut-il qu’elles soient non seulement en mesure de se parler, mais aussi qu’elles prennent véritablement le temps de le faire. Après tout, il aura fallu de nombreuses heures de discussion pour que Matthew en vienne, lui aussi, à inciter ses proches à écouter Si on avait besoin d’une cinquième saison en boucle, et que Philippe connaisse par cœur les meilleures répliques de la parodie de Donald Trump par Mark Critch.

Ce texte fait partie de notre section Opinion, qui favorise une pluralité des voix et des idées en accueillant autant les analyses et commentaires de ses lecteurs que ceux de penseurs et experts d’ici et d’ailleurs. Envie d’y prendre part? Soumettez votre texte à l’adresse [email protected]. Juste envie d’en lire plus? Abonnez-vous à notre Courrier des idées.

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