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FIGAROVOX/TRIBUNE - Pris pour cible par le chef de La France insoumise (LFI), le journaliste Frédéric Haziza dénonce un harcèlement sous-tendu par un antisémitisme à peine dissimulé face auquel il est urgent de se réveiller.
Frédéric Haziza et journaliste, animateur sur Radio J.
Depuis vingt mois, je suis la cible d’un harcèlement public et méthodique de la part de Jean-Luc Mélenchon et de ses relais. Une entreprise de disqualification totale, menée avec les armes habituelles : l’insulte, la diffamation, la menace, le soupçon. Pourquoi ? Parce que je fais mon métier. Parce que je pose des questions. Parce que je ne baisse pas les yeux.
Les mots utilisés contre moi ne laissent place à aucune ambiguïté : « sioniste génocidaire », « propagandiste de Netanyahou », « agent de l’ambassade d’Israël ». Ce ne sont pas des critiques politiques, ce sont des calomnies. Et derrière elles, un imaginaire : celui d’une presse aux ordres, d’un journaliste forcément suspect, parce que juif, parce qu’indépendant, parce qu’il dérange.
Ces accusations sont désormais reprises, amplifiées, martelées. Pas seulement par des anonymes sur les réseaux sociaux. Mais aussi par certains médias ou plateformes dites « critiques » : Arrêt sur images, Mediapart, Politis, Caisses de grève, ou encore le militant Marcel Dubreuilh.
Et puis il y a eu ce 18 juin. Jean-Luc Mélenchon publie un tweet évoquant ma supposée « influence grandissante dans les médias » . Il ne s’agit pas ici d’un simple commentaire : il réactive délibérément un vieux fantasme antisémite, celui des Juifs qui contrôleraient l’opinion. Le même jour, dans son « moment politique », il me consacre cinq minutes et vingt secondes.
Cinq longues minutes de dénigrement, de suspicion, de mise en cause. Pourquoi ? Parce que la veille, j’avais osé interroger deux députés LFI, Alma Dufour et Arnaud Le Gall, sur les contradictions de leur chef à propos de l’Iran. À savoir que douze ans après avoir dénoncé (le 12 février 2012 sur Radio France) le régime de Téhéran comme une « abomination théocratique » cherchant à accéder à l’arme atomique pour « détruire Israël » en défendant au passage l’État hébreu face à ses menaces nucléaires, il se fait désormais l’avocat du régime des mollahs.
Quand un élu de la République vous désigne ainsi devant vos confrères, quand il vous dénonce nommément, quand il tente de vous interdire d’exercer, ce n’est plus du débat politique
Frédéric HazizaEn réponse, Le Gall m’a accusé de « mentir », de « polluer » les points de presse de LFI et d’être « le propagandiste » de l’ambassade d’Israël. Le tout avant d’annoncer vouloir faire retirer mon accréditation de l’Assemblée nationale. Un député de la République, qui veut faire interdire un journaliste d’accès au Parlement, parce qu’il pose une question qui dérange. Voilà où nous en sommes.
En l’espace de trois jours, Jean-Luc Mélenchon s’en est pris à Flora Ghebali (Les Grandes Gueules, RMC), à Sandrine Cassini (Le Monde) et à moi-même. Trois journalistes. Trois attaques ciblées. Et pas une seule réaction des sociétés de journalistes. Pas un mot de la part des dirigeants politiques. Silence gêné. Complicité par omission. L’habitude du scandale.
Mais il ne faut pas s’y tromper : ce n’est pas un excès d’humeur. Ce n’est pas un dérapage de plus. C’est une stratégie. L’intimidation comme méthode. La menace comme signal. La mise en cause personnelle comme arme politique. On cherche à isoler, à affaiblir, à faire peur. Et si possible, à faire taire. Faut-il rappeler que la France n’est pas Cuba, ni l’Iran, ni le Venezuela ? Faut-il rappeler que dans ces pays, que Mélenchon admire volontiers, les journalistes ne posent plus de questions : ils sont réduits au silence ?
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Quand un élu de la République vous désigne ainsi devant vos confrères, quand il vous dénonce nommément, quand il tente de vous interdire d’exercer, ce n’est plus du débat politique. C’est une mise en danger. Une volonté d’ostraciser. Une alerte démocratique. Imaginons un instant que Marine Le Pen tienne un quart de ces propos. Elle serait à juste titre interdite de toute responsabilité publique. Mélenchon, lui, continue. Protégé par le flou, par l’ambiguïté, par une certaine complaisance médiatique et politique.
Tout passe. Tout est excusé. Tout est justifié. Mais jusqu’à quand ? Jusqu’à quand faudra-t-il tolérer cette dérive ? Jusqu’à quand laissera-t-on un ancien candidat à la présidentielle traiter les journalistes comme des ennemis de l’intérieur ? Jusqu’à quand, enfin, feindra-t-on de ne pas voir que LFI ne combat pas seulement les idées de ses adversaires, mais cherche à délégitimer tous ceux qui posent des questions ?
Il ne s’agit pas ici de ma personne. Il s’agit d’un principe fondamental : la liberté d’informer. Le droit, pour chaque journaliste, d’interroger les puissants sans être menacé, insulté, ou mis au pilori. Ce droit n’est pas négociable. Il n’est pas optionnel. Il est au cœur de ce que nous sommes. Il est temps de le rappeler. Et de le défendre.