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«Lacrima»: le coût de la beauté

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Pour son spectacle d’ouverture, le festival TransAmériques accueille pour la première fois en Amérique du Nord l’autrice et metteuse en scène française Caroline Guiela Nguyen. Sa pièce Lacrima raconte l’élaboration, sur huit mois, d’une œuvre marquée au sceau du plus grand secret : la robe de mariée de Diana, la princesse de Galles. Le récit, surtout, dévoile la vie des artisans qui la fabriquent.

La directrice du Théâtre national de Strasbourg a été frappée par l’immense décalage entre la notoriété de ce qui éblouit le monde entier — pensons aux toilettes des personnalités au Festival de Cannes — et l’invisibilité de ceux et celles qui les confectionnent. La robe de lady Diana, a-t-elle lu, avait exigé « des clauses de confidentialité énormes ».

« On est incapables de mettre un visage ou même ne serait-ce que de savoir que ce sont par exemple des Indiens qui font principalement les broderies de ces robes. » Lacrima rend hommage à ces artisans.

Et comme dans les contes de fées, tous les personnages touchant la robe semblent « maudits » par sa confection. Au départ, la créatrice désirait travailler sur l’enjeu de la violence et du secret. « J’avais passé pas mal de temps à interviewer des femmes sur la violence conjugale, souvent liée aux secrets que les familles ne veulent pas dévoiler. C’est resté, mais, finalement, j’ai surtout axé la pièce sur le travail. »

Photo: Annik MH de Carufel Le Devoir L’autrice et metteuse en scène française Caroline Guiela Nguyen

Utilisant la vidéo, la pièce alterne entre un atelier à Paris, l’antre des dentellières à Alençon et les brodeurs à Mumbai, trois univers entre lesquels sont tissés des échos.

Sa pièce chorale reflète notre époque très mondialisée où l’on ignore les conditions de fabrication de ce que l’on achète. Sauf que Caroline Guiela Nguyen ne voulait pas axer son récit sur la fast fashion. « Comme je savais que les personnages que j’allais mettre en scène allaient être victimes de quelque chose — de leur mari, de leur travail, de la société ou du postcolonialisme —, c’était important pour moi, comme dans tous mes spectacles, qu’ils soient aussi en puissance, qu’on les regarde avec dignité. C’est pourquoi j’avais besoin qu’ils aient entre les mains la beauté du monde. Ce que raconte Lacrima, c’est [le travail] de personnages capables de faire ce que personne d’autre ne peut faire, qui participent à la beauté du monde. » Leur puissance tient à leur savoir-faire.

Sa fiction est très documentée, et reflète notamment l’incroyable labeur de la dentelle. De l’artisanat très minutieux, patient, qui entraîne des problèmes de santé. « Les dentellières travaillent sur des fils plus fins que des cheveux. Maintenant, elles ne travaillent que la moitié de la journée parce que, sinon, elles deviendraient aveugles. Mais il y a quand même des problèmes oculaires quand on est toujours sur de l’infiniment petit. »

Sacrifices et désirs

Derrière la beauté, Lacrima raconte les drames, les sacrifices qu’elle cache. « La beauté, on en a besoin dans notre vie. Ce qu’essaie de déplier ce spectacle, c’est son prix. Et il ne s’agit pas de répondre à la question “est-ce que ça vaut le coût ou pas ?”, il s’agit de montrer, déjà, ce qu’elle coûte à ces femmes et à ces hommes. »

Caroline Guiela Nguyen est bien placée pour comprendre ce désir d’atteindre l’œuvre souhaitée. « En tant que metteuse en scène, je me suis beaucoup identifiée au personnage de Marion, la première d’atelier, dans sa pression pour réussir à accoucher du projet. »

Et le spectacle traite aussi du passage du rêve au réel, de la façon dont l’artiste doit composer avec la donne de la réalité. Ainsi, l’idée initiale du styliste de la robe n’est pas techniquement réalisable. « On ne parle pas souvent de ça, on a toujours l’impression que l’idée dans la tête de l’artiste doit être livrée de la façon la plus pure aux spectateurs. Mais en vérité, l’artiste doit se cogner au réel. Ce qui est beau aussi, et c’est ce que la broderie m’a appris : oui, il y a des limites, mais les contraintes deviennent aussi porteuses de création. Et on va peut-être créer quelque chose d’encore plus beau. »

Photo: Jean-Louis Fernandez La pièce «Lacrima» est très documentée, et reflète notamment l’incroyable labeur de la dentelle.

Que ses personnages aiment profondément leur métier, et y soient totalement dévoués, n’empêche pas que le spectacle examine les rapports de domination : autant dans les relations intimes qu’au travail et entre régions du monde. « C’est dans toutes les couches. C’est la violence masculine, la violence sociale, géopolitique, même postcoloniale. Et je dénonce l’hypocrisie des lois éthiques, qui sont là beaucoup plus pour protéger les maisons de haute couture que pour protéger réellement les brodeurs et leur donner un système social viable. »

Caroline Guiela Nguyen travaille souvent avec des interprètes non professionnels : ceux-ci composent la moitié de la distribution de Lacrima. « C’est important pour moi d’avoir le corps des personnages que je veux sur le plateau. Par exemple, il me fallait une femme un peu âgée parlant le tamoul. Je n’avais pas de comédienne [qui répondait à ces critères], alors je suis allée chercher ailleurs. Et c’est mon plaisir aussi de faire se rencontrer des personnes qui n’ont jamais fait de théâtre, qu’on partage des choses et que le théâtre soit un lieu dans lequel on n’est pas entre nous. »

Récit réaliste porté par une charge émotive, Lacrima ne repose néanmoins pas sur un dispositif formel classique. « Beaucoup de gens disent que mon théâtre est populaire, parce qu’il a un très large public, et c’est important pour moi. Mais j’avoue que j’ai peur de ce terme. En France, il y a toujours un sous-entendu derrière, comme quoi pour que ce soit populaire, il faudrait baisser l’exigence artistique ou rendre la chose facile d’accès. Et ça, pour moi, c’est du mépris social. »

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