La Ville de Saint-Jean, à Terre-Neuve-et-Labrador, ne va plus nommer ses rues d’après le nom complet d'une personne.

Le conseil municipal prend la décision puisque le fait de nommer des rues d'après des personnes comporte un certain nombre de risques, selon un document préparé par la greffière de la Ville, Theresa Walsh.

Quatre femmes sur 10 subissent des abus avant l'âge de 18 ans et souvent les agresseurs ne sont jamais livrés à la justice, affirme le conseiller Tom Davis, responsable de la circonscription 4, qui a appuyé la proposition.

C’est surtout que nous voulons éviter que de nouveaux noms soient suggérés et qu’à notre insu, ces personnes aient un passé criminel ou problématique.

La note d’information (nouvelle fenêtre), datée du 11 juin, indique que la politique a été changée puisque la Ville veut éviter d’adopter des toponymes polarisants. Elle note que certaines personnes pourraient avoir un legs problématique et qu’il faut éviter d’encourager la marginalisation culturelle.

Les sept élus présents lors de la dernière réunion du conseil municipal, mardi soir, ont voté en faveur de la mesure. Trois conseillers étaient absents.

Tom Davis est le conseiller municipal de la circonscription 4 de la ville de Saint-Jean. (Photo d'archives)

Photo : Radio-Canada / Darrell Roberts

Tom Davis affirme que les noms de famille peuvent toujours être suggérés à la Ville.

C’est surtout des propositions comme ''Tom Davis Way'' qui ne sont plus admissibles, explique-t-il.

Quatre noms de rue soumis à la Ville avant que la décision ne soit prise seront toujours évalués par le personnel de la municipalité.

Les noms de rue existants ne seront pas révisés

La conseillère dans la circonscription 2, Ophelia Ravencroft, a souligné que si la Ville revoit sa politique sur les nouveaux noms de rue, elle devrait aussi réviser les noms existants.

Dans ma ville natale d'Halifax, par exemple, tout ce qui porte le nom de Cornwallis a été reconsidéré à juste titre et je suis reconnaissant à de nombreuses personnes d'avoir fait avancer ce genre de choses. Je pense que cela nous évitera de commettre de telles erreurs à l'avenir, affirme-t-elle.

L’ancien gouverneur de la Nouvelle-Écosse, Edward Cornwallis, est connu pour avoir préparé une guerre contre les Mi'kmaq et avoir officiellement appelé, en 1749, au meurtre des hommes, des femmes et des enfants mi'kmaw.

La décision représente un premier pas important. Pour moi, la question est de savoir s'il y a des noms de rues ou d'autres noms dans la ville qui devraient être examinés.

L’organisme First Voice, qui représente les Autochtones habitant la région de Saint-Jean, a recommandé en 2023 que la Ville révise les toponymes en tenant compte des traditions et de l’histoire autochtone de la région.