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L’administration Marchand a confirmé lundi que la mosaïque représentant la fondation de Québec par Samuel de Champlain sera retirée de la salle de réception de l’hôtel de ville. Présentée comme un geste de « respect » envers les Premières Nations, la décision repose sur l’avis de la Commission consultative pour une ville inclusive, qui juge l’œuvre « offensante, humiliante et historiquement inexacte ».
Cette fresque en mosaïque, réalisée vers 1950 par l’artiste Walter Del Mistro, dépeint Champlain debout devant un groupe mixte de colons et d’Autochtones, avec en bas à gauche un chef portant une coiffe, accroupi ou agenouillé, selon l’interprétation. Une scène de rencontre, stylisée dans une esthétique naïve, où certains voient désormais une scène de domination coloniale.
Mais que voit-on vraiment?
L’image d’un autre temps — ou un faux procès esthétique?
L’examen attentif de l’œuvre — une mosaïque colorée où les silhouettes sont schématiques, les visages sans expression, les positions corporelles grossièrement stylisées — invite à la nuance. On comprend l’inexactitude de la coiffe autochtone évoquée par les critiques (typique des nations de l’Ouest), mais de là à y voir une scène de soumission explicite, il y a un pas que beaucoup hésitent à franchir.
Le chef autochtone agenouillé lève la tête et s’adresse à Champlain. L’attitude évoque davantage une posture de dialogue ou de respect mutuel qu’un geste d’asservissement. Il n’y a ni chaînes, ni posture de domination flagrante, ni même d’attitude martiale du côté de Champlain, qui semble engager un discours. Les Européens derrière lui sont eux-mêmes dans des positions diverses, certains penchés, d’autres observateurs.
Or, c’est justement l’absence de précision figurative qui rend cette controverse discutable. Dans une œuvre aussi stylisée, faut-il nécessairement interpréter l’écart de posture comme une hiérarchie de pouvoir? Doit-on relire chaque œuvre ancienne avec les lunettes militantes du présent?
Le tribunal de l’idéologie
La réponse municipale semble dictée non par une analyse historique rigoureuse, mais par une lecture idéologique de l’image, détachée de son contexte artistique et de son époque. Le maire Bruno Marchand, dans sa déclaration au Journal de Québec, affirme vouloir faire de la salle de réception un « lieu accueillant pour tout le monde ». Mais à force de lisser l’espace public de tout symbole potentiellement controversé, ne court-on pas le risque de produire l’effet inverse : une censure généralisée de notre passé visuel?
Comme nous le soulignions en janvier, cette décision a eu tous les attributs de l’« effet Streisand ». Avant que la mosaïque soit masquée par un écran noir, bien peu de citoyens la connaissaient. En la couvrant puis en annonçant son retrait, l’administration a transformé une œuvre mineure en point de discorde national. L’opération de réconciliation se transforme en démonstration de rectitude — sans que la cohésion sociale n’en sorte renforcée.
Symboles masqués, crises visibles
En réaction à cette controverse en janvier dernier, le cinéaste Denys Arcand plaidait pour l’intégration de ce genre d’œuvres dans un cadre explicatif, plutôt que leur retrait pur et simple. D’autres voix, comme celle du chef d’Équipe Priorité Québec, Stevens Mélançon, parlent d’un « wokisme d’apparat » visant à maquiller le décor plutôt que de corriger les véritables injustices.
Car pendant que la Ville de Québec débat du symbolisme d’une fresque des années 1950, ses problèmes très actuels — explosion de l’itinérance, crise des drogues de rue, insécurité croissante dans Saint-Roch — demeurent non résolus. La « capitale du crystal meth » ne mérite-t-elle pas plus d’attention que des débats sur la posture d’un personnage dans une mosaïque?