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La Société d’assurance publique du Manitoba abandonne son projet Nova

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La version audio de cet article est générée par la synthèse vocale, une technologie basée sur l’intelligence artificielle.

Afin de réduire ses pertes, la Société d'assurance publique du Manitoba (MPI) met fin au projet de refonte informatique, Nova, qui connaît des dépassements de coûts depuis son lancement en 2019.

Il est clair que Nova a connu des ratés importants, et j'oserais même dire des échecs, affirme la présidente-directrice générale de MPI, Satvir Jatana, lors d'une conférence de presse jeudi.

Le projet n'a pas offert le rapport qualité-prix initialement prévu et promis, et nous n'avons pas pris cette décision à la légère. Cependant, poursuivre sur cette voie ne serait ni responsable ni dans l'intérêt des Manitobains.

Nova est un projet de renouvellement des technologies de l'information qui visait à permettre aux clients et aux courtiers d'effectuer une plus grande partie de leurs opérations d'assurance automobile en ligne.

Carmen Nedohin, Satvir Jatana et Christian Dandeneau lors d'une conférence de presse dans les bureaux de la Société d'assurance publique du Manitoba. (Photo d'archives)

La présidente du conseil d'administration de la Société d'assurance publique du Manitoba, Carmen Nedohin, à gauche, la PDG Satvir Jatana et Christian Dandeneau, président du comité technologique de MPI, annoncent la fin du projet Nova.

Photo : Radio-Canada / Travis Golby

Le budget initial était de 86 millions de dollars, mais en quelques années, il a grimpé à 290 millions de dollars.

Le conseil d'administration et l'ancien PDG de MPI Eric Herbelin, à l'origine du projet Nova, ne sont plus en poste. Satvir Jatana a été embauchée en février 2024. Peu après son entrée en fonction, elle a suspendu Nova pour mieux le comprendre.

En janvier 2025, elle a constaté que 162 millions de dollars avaient déjà été dépensés, mais que seules deux des quatre phases de Nova avaient été achevées. En même temps, MPI avait aussi annoncé relancer le projet.

Au plus fort de l'activité de Nova, près de 200 employés et près de 300 consultants travaillaient sur le projet. Aujourd'hui, on en compte près de 50, a informé Satvir Jatana. Les contrats des consultants ont pris fin tandis que le personnel a été affecté à d'autres projets. Il n'y a eu aucun licenciement, précise-t-elle.

La gouvernance était inefficace. Des exigences opérationnelles essentielles ont été négligées, des changements importants ont eu lieu à la tête de MPI, une pandémie mondiale et une grève historique ont eu lieu. Ces facteurs ont entraîné des retards et des dépassements de coûts, avec de nombreux redémarrages et interruptions, énumère-t-elle.

Il est évident que nos aspirations n'étaient pas à la hauteur de nos capacités. En d'autres termes, les délais du projet étaient irréalistes.

La technologie vieillissante doit quand même être remplacée

Bien que l'analyse des erreurs passées permette d'identifier les points à éviter à l'avenir, la nécessité de remplacer la technologie vieillissante de MPI persiste, souligne Satvir Jatana.

Elle souligne que le conseil d'administration et l'ancienne direction n'avaient pas réussi à définir la voie à suivre pour les autres besoins technologiques, qui sont tout aussi obsolètes.

Le nouveau conseil d'administration et la nouvelle direction ont étudié les attentes des prochaines phases de Nova et ont procédé à un examen approfondi de tous les autres besoins informatiques afin d'établir une feuille de route informatique quinquennale continue , soutient-elle.

Cela a permis d'obtenir une vision précise de tous les besoins technologiques et permet à la Société de hiérarchiser les tâches en petites étapes à un rythme responsable, ajoute Mme Jatana.

MPI décomposera les besoins de remplacement de ses systèmes en projets autonomes avec des échéanciers raisonnables de 12 à 24 mois, précise Mme Jatana.

Le président du comité technologique de MPI, Christian Dandeneau, mentionne que les budgets de cette nouvelle approche sont fixés sur le court terme. Vu que c’est un plan qui est en roulement, qui est en modification, on a seulement des plans de budgets sur 2 ans. L’idée ce n’est pas d’anticiper des budgets pour 5 ans parce que les choses peuvent changer dramatiquement, explique-t-il.

Un rapport pour clôturer le projet Nova sera bientôt publié. Il identifiera les sommes dépensées pour des travaux sans valeur et qui devront être amortis.

Satvir Jatana indique que ce gouffre financier n'aurait aucun impact sur les futurs tarifs d'assurance.

La province veut une enquête

L'annonce de MPI survient un jour après que le ministre des Finances, Adrien Sala, a envoyé une lettre au vérificateur général de la province demandant un audit des décisions et de la gestion du projet Nova.

Si le projet était mené à terme, les prévisions de coûts actualisées s'élèveraient à 452 millions de dollars, selon la lettre du ministre, dont CBC a obtenu une copie.

Adrien Sala vêtu d'un veston, d'une chemise et d'une cravate se tient devant un micro dans le Palais législatif.

Le ministre des Finances, Adrien Sala (Photo d'archives)

Photo : Radio-Canada / Tyson Koschik

Les deux phases achevées ne représentent qu'environ 30 % de la portée du projet, et seulement 46,5 millions de dollars en ont été tirés, selon la lettre.

Un examen organisationnel de MPI par le Secrétariat du Conseil du Trésor, mené en 2023 et dont le rapport final a été publié en janvier 2025, a permis de relever des préoccupations concernant le choix du logiciel Nova, les modalités du contrat avec le fournisseur et des irrégularités dans les pratiques contractuelles, selon la lettre d'Adrien Sala. L'examen révèle que MPI paiera des licences de logiciels pendant des années, même si le logiciel n'est pas utilisé.

Satvir Jatana affirme que la Société coopérerait pleinement à tout processus d'audit et attend avec impatience les résultats.

La forte augmentation des coûts du projet avait poussé l'ancien gouvernement progressiste-conservateur à ordonner un examen externe de la société en 2023.

Avec des informations de Darren Bernhardt et de Joseph Hervé Ahissou

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