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La SNCF va-t-elle bientôt demander aux provinciaux de s’excuser de vivre en dehors de Paris ?

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FIGAROVOX/TRIBUNE - Entre les grèves à la SNCF prévues début juin et les travaux de rénovation qui s’éternisent sur la ligne Paris-Orléans-Limoges-Toulouse, l’écrivain Thomas Morales s’interroge : pourra-t-on encore rallier la province en 2025 ?

Thomas Morales est écrivain et chroniqueur à Causeur. Il a récemment publié Tendre est la province (Les Équateurs, 2024).


Ces derniers temps, les invisibles donnent de la voix. Ils ont manifesté contre les ZFE et sont montés à la capitale en avril, dans deux «trains de la colère». La France des zones vertes et du périurbain ostracisé a trouvé une cause commune : un besoin de considération élémentaire. Cette France qui habite hors du périphérique et des lignes à grande vitesse à proximité, celle qui se lève tôt, travaille, paye ses impôts et tait son enclavement depuis trop longtemps, celle dont l’État a oublié jusqu’à l’existence même et feint d’ignorer son désarroi, bouge encore. Étonnamment, avec des moyens de fortune, sans l’appui des habituels protestataires, ni de puissants lobbys, cette France-là, celle des déserts médicaux et de l’incertitude ferroviaire, veut résister à l’anonymisation de son mode de vie. Elle ne veut pas mourir dans sa maison individuelle, est-ce là un crime ? Ignorée et méprisée, lâchée au fil des ans par les pouvoirs publics et victime collatérale de la globalisation, cette France-là, cœur battant de l’hexagone, je pense ici à la verticale du Berry qui court jusqu’à l’Occitanie, a conservé son vieux fond de civisme et ses bonnes manières. Elle utilise les voies légales de la contestation pour se faire entendre. Elle n’a pas l’habitude de crier, de revendiquer, de faire l’aumône, elle demande juste l’égalité des chances, c’est-à-dire une égalité de circulation, donc de développement.

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Dans sa solitude médiatique bien qu’elle pèse des millions d’électeurs, cette France n’a jamais versé dans une quelconque action militante violente. Elle n’a jamais dégradé. Elle n’a jamais brûlé un drapeau. Elle n’a pas vendu son âme aux marchands de colère. Elle s’est maîtrisée et pourtant elle en a avalé des couleuvres, des dénis, des mensonges, des promesses et des échéanciers à rallonge. Oui, oui, on s’occupera de vous, plus tard, d’autres chantiers sont prioritaires. Oui, mais quand ? Elle patiente dans la salle d’attente de la République, aura-t-elle droit à son rendez-vous avec l’Histoire ? Quand elle se rend à Paris dans les ministères, c’est en costume du dimanche, cahiers de doléances dans son cartable et la cravate sagement nouée, comme si elle passait le certif’.

Les retards, les annulations, le matériel défectueux, l’abandon et le sentiment qu’il faudra encore patienter pour avoir un outil moderne et efficace, sont autant de vexations épuisantes

Elle se sait maltraitée et snobée. Elle n’est pas aveugle. On l’use psychologiquement par des circonvolutions de langage. Elle voit bien les regards agacés et désobligeants de cette haute structure qui était censée tout prévoir, tout analyser, tout organiser et qui a laissé certaines lignes, les emblématiques «Paris-Orléans-Limoges-Toulouse» ou «Paris-Clermont» à l’état végétatif. Moi, cette France-là, des sous-préfectures et des bourgs de campagne, timide et à bout de nerfs, elle m’émeut jusqu’aux larmes, je la trouve digne et je partage sa détresse. Les retards, les annulations, le matériel défectueux, l’abandon et le sentiment qu’il faudra encore patienter pour avoir un outil moderne et efficace, sont autant de vexations épuisantes. Nous avons tous le Corail en berne et, en mémoire, la rapidité du «Capitole» d’antan. Du Nivernais à la Corrèze, je sais combien de familles, d’entreprises, de collectivités locales, d’élus, d’étudiants et de travailleurs du quotidien souffrent de ces dysfonctionnements. Le réel est trop visible pour le dissimuler sous le tapis et jouer la montre.

Il faut aujourd’hui des actes et non des engagements. Cette verticale du bonheur, cet axe Nord-Sud qui enjambe la Loire et le Lot, ne doit pas être une pochette surprise et une source d’inquiétude pour nombre d’usagers. Les «think tanks», ces nouveaux penseurs solubles dans l’indifférence n’ont vu en cette France des départementales qu’une ligne statistique, une anomalie géographique, la survivance d’un monde qui allait bientôt disparaître sous l’interconnexion planétaire. Et puis, cette France des cartes postales dentelées et du folklore agraire avait quelque chose de tellement désuet et de ringard que son sort ne préoccuperait bientôt plus personne. On balayait son tissu d’entreprises et ses forces vives d’un revers de la main. En dehors des métropoles et du train à grande vitesse, point de salut. Cette résilience n’a que trop duré. Cette France discrète ne veut plus courber l’échine et s’excuser de vivre en province.

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