Language

         

 Publicité par Adpathway

La Roumanie résiste à l’extrême droite et devient un bastion pro-UE

1 month_ago 26

         

NE LAISSER PAS LE 5G DETRUIRE VOTRE ADN Protéger toute votre famille avec les appareils Quantiques Orgo-Life®

  Publicité par Adpathway

Alex Falcó Chang - Voxeurop

“La nuit où la Roumaine a choqué le monde” : voilà comment Sebastian Pricop titre un article pour HotNews, dans lequel il décrit la victoire difficilement arrachée du candidat indépendant pro-UE Nicușor Dan aux élections présidentielles roumaines du 18 mai. “Le Mordor a perdu. Le hobbit a gagné”, estime l’acteur et chanteur Tudor Chirila comme le rapporte le site roumain d’information Spotmedia. Le maire de Bucarest, désormais président, est parvenu à combler le déficit de deux millions de voix qui le séparait du candidat d’extrême droite George Simion après le premier tour, évitant ainsi à la Roumanie de tourner le dos à l’Union européenne

Le pays s’est réveillé en apprenant la victoire de Nicușor Dan, mathématicien diplômé de la Sorbonne, qui a recueilli 53,6 % des suffrages – soit près de 6,17 millions de voix –, devançant Simion, crédité de 46,4 % (plus de 5,3 millions de voix) de quelque 830 000 suffrages, confirme l’autorité électorale roumaine.

Les clés de la victoire de Nicușor Dan

Voilà le pays devenu “un bastion occidental et un îlot de démocratie libérale dans un océan d’incertitudes géopolitiques”, estime Iulian Comănescu de la plateforme luttant contre la désinformation Veridica. Mais comment Nicușor Dan a-t-il accompli ce qui semblait impossible, surpasser Simion ?

Tout d’abord, la participation a été l’une des plus élevées depuis plusieurs décennies. Lors de leur couverture en direct du scrutin, George Sîrbu et Otilia Cristea, journalistes pour HotNews, soulignaient que ce second tour de l’élection présidentielle avait mobilisé environ 11 % d’électeurs de plus que le premier tour, tenu le 4 mai. Plus de 11,5 millions de Roumains se sont rendus aux urnes, soit près de 65 % des électeurs inscrits. Maria Dinu, du quotidien roumain Adevărul, explique que l’une des raisons de cette mobilisation exceptionnelle réside dans l’enjeu du scrutin : les valeurs européennes face au souverainisme de droite.


Le meilleur du journalisme européen dans votre boîte mail chaque jeudi

Vous pouvez vous désinscrire à tout moment *


Par ailleurs, l’un des faux pas majeurs de George Simion durant sa campagne présidentielle aura été son populisme grotesque et agressif. “Le bon sens a protégé la normalité de ceux qui, de manière étrange et/ou virulente, prétendent parler au nom du peuple roumain, voire de Dieu”, souligne le ministre roumain de l’Education, Daniel David, cité par Cornelia Mazilu dans Adevărul. Ce discours populiste n’a fonctionné qu’auprès de la diaspora en Europe de l’Ouest, où résident la plupart des expatriés.

Nicușor Dan, en revanche, s’est imposé presque partout ailleurs. Un facteur déterminant : la mobilisation phénoménale des électeurs moldaves. Plus de 100 000 Roumains de Moldavie ont voté, dont une écrasante majorité (88 %) en faveur de Dan. Adrian Mihălțianu, le directeur éditorial de PressOne commente : “Si la Roumanie tombait sous l’influence russe, cela signerait la mort de tout espoir pour les Roumains au-delà du Prout (fleuve séparant la Roumanie et la Moldavie), car ils devraient affronter non seulement leurs propres incertitudes, mais aussi celles des minorités nationales votant en bloc avec les Russes”.

Simion a également échoué à convaincre l’électorat le plus éduqué. Maria Zărnescu, du quotidien Libertatea, présente des données de sondages de sortie des urnes montrant que Simion a largement remporté le vote des zones rurales, en particulier chez les électeurs sans diplôme du secondaire. À l’inverse, il n’a pas reçu le soutien des citoyens diplômés des zones urbaines. 

Nicușor Dan a aussi bénéficié de l’approbation des femmes et de l’importante minorité hongroise de Roumanie. En cause : les positions ultraconservatrices de Simion concernant l’avortement et la place des femmes, et son dédain des droits des minorités.

Soutenu par l’Europe, contesté par la Russie 

Si de nombreux leaders européens ont réagi à la victoire de Nicușor Dan, la sphère d’influence russe s’est elle aussi manifestée. Par exemple, le jour du scrutin, Pavel Dourov, fondateur de Telegram, a créé la controverse en affirmant qu’un gouvernement d’Europe occidentale (probablement la France) lui avait demandé de faire taire les voix conservatrices roumaines présentes sur le réseau social avant le vote. Il a déclaré avoir “catégoriquement refusé” de restreindre l’accès aux chaînes roumaines.

Dans Reuters, Sudip Kar-Gupta, Juliette Jabkhiro et Luiza Ilie affirment que Dourov a précisé l’origine de cette requête : Nicholas Lerner, directeur du renseignement extérieur français. Le nouveau président roumain a qualifié ces propos de “tentative manifeste d’influencer l’issue de l’élection présidentielle roumaine”. De son côté, le ministère français des Affaires étrangères a démenti toute implication, dénonçant des “allégations infondées” circulant en ligne.

De son côté, Moscou a très mal vécu l’annonce des résultats. Comme le rapporte Cristina Sava pour la plateforme roumaine Digi24, le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, a jugé les élections roumaines “pour le moins étranges” et continue de dénoncer l’invalidation de la candidature de Călin Georgescu.

Maria Zakharova, porte-parole du ministère russe des Affaires étrangères, a esquivé les accusations d’ingérence visant son pays, allant jusqu’à insinuer que la Russie pourrait ne pas reconnaître les résultats roumains. “Je vous en prie, ne qualifiez pas cela d’élections”, a-t-elle écrit sur Telegram, cite l’agence de presse roumaine Agerpres.

Cet article vous intéresse ?

Il est en accès libre grâce au soutien de notre communauté. Publier et traduire nos articles à un coût. Pour continuer à vous informer en toute indépendance, nous avons besoin de votre soutien.

Je m’abonne ou Je fais un don

À l’opposé de ces réactions hostiles, la victoire de Nicușor Dan a été saluée par de nombreux dirigeants européens et internationaux, qui y voient un signal fort en faveur de l’ancrage européen du pays.

Quel avenir pour la Roumanie ?

Au-delà de la déception des soutiens de Simion, la victoire de Dan s’accompagne de bonnes nouvelles. Au lendemain du scrutin, la bourse de Bucarest a commencé la journée “dans le vert”, confirme Claudiu Pirvoiu dans HotNews.

Nicușor Dan a annoncé qu’il entamerait immédiatement des consultations avec l’ensemble des partis pro-européens, tout en plaidant pour la nomination d’Ilie Bolojan, président par intérim et figure libérale, au poste de Premier ministre, souligne Rebecca Popescu, également pour HotNews. Dan a réaffirmé à plusieurs reprises que la Roumanie avait besoin d’un gouvernement “ayant le courage de mener les réformes”. Rebecca Popescu esquisse plusieurs scénarios.

Le premier serait une large coalition à quatre partis rassemblant le Parti national libéral (PNL, centre droit), l’Union démocratique magyare de Roumanie (UDMR, centre droit), l’Union sauvez la Roumanie (USR, centre droit) et le Parti social-démocrate (PSD, centre gauche), soit une majorité confortable de 301 sièges, bien au-delà des 233 requis.

Une autre option consisterait en un gouvernement libéral minoritaire, composé du PNL, de l’USR et de l’UDMR, qui s’appuierait sur un soutien parlementaire externe du PSD pour faire adopter ses lois.

Selon Dan Popa, rédacteur économique chez HotNews, le pays est confronté à plusieurs défis majeurs : le déficit budgétaire massif, la stagnation de l’économie, la nécessité urgente de réformes fiscales et la présentation imminente d’un plan d’action crédible et raisonnable à la Commission européenne. De son côté, Dans Adevărul, Afrodia Cicovschi affirme quant à elle qu’un cabinet de conseil a identifié le système de retraites et le marché du travail comme les priorités absolues, et mentionne également la nécessité de procéder à des réformes administratives – et bien plus.

Pour l’heure, la victoire de Nicușor Dan reste le symbole d’un nouvel espoir. Néanmoins, la suite s’annonce décisive pour le “hobbit”. Il lui reste encore à prouver qu’il est à la hauteur des attentes élevées qui pèsent sur ses épaules, à savoir : unifier le pays, renforcer les alliances extérieures, et ancrer durablement la Roumanie dans une Europe plus forte. Surtout que le temps presse. Comme le souligne Cătălin Tolontan dans un éditorial de HotNews, il n’y aura pas de lune de miel pour Nicușor Dan.

En partenariat avec Display Europe, cofinancé par l'Union européenne. Les points de vue et opinions exprimés n'engagent cependant que leur(s) auteur(s) et ne reflètent pas nécessairement ceux de l'Union européenne ou de la Direction générale des réseaux de communication, du contenu et de la technologie. Ni l'Union européenne ni l'autorité subventionnaire ne peuvent en être tenues pour responsables.
Display Europe, European Cultural Foundation, European Union

Vous avez eu accès à l’intégralité de cet article.

Vous voulez soutenir notre travail ? Voxeurop dépend des abonnements et des dons de son lectorat.

Découvrez nos offres à partir de 6 € par mois et les avantages réservés à nos abonné(e)s.
Je m’abonne

Ou faites un don pour renforcer notre indépendance.
Je fais un don

Média, entreprise ou organisation: découvrez notre offre de services éditoriaux sur-mesure et de traduction multilingue.

Soutenez un journalisme qui ne s’arrête pas aux frontières

Bénéficiez de nos offres d'abonnement, ou faites un don pour renforcer notre indépendance

read-entire-article

         

        

NE LAISSER PAS LE 5G DETRUIRE VOTRE ADN  

Protéger toute votre famille avec les appareils Quantiques Orgo-Life®

  Publicité par Adpathway