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La réussite dans le viseur

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Le retour à l’équilibre budgétaire devrait-il ruiner les efforts consentis pour la réussite scolaire ? C’est la question qui se pose devant la ponction de 151 millions de dollars exigée du réseau collégial public dans son enveloppe globale 2025-2026. Les établissements encaissent encore le choc de cette annonce, qu’ils disent « historique » : ils pressentent que ces compressions viendront directement affecter les services aux étudiants, dans les champs cruciaux de la réussite scolaire et du soutien psychosocial. Ce serait dramatique.

Appelons un chat un chat : même si Québec rechigne à utiliser le mot « compressions » pour désigner la disparition de 151 millions de dollars dans la besace des cégeps, c’est bel et bien de cela qu’il s’agit. L’effort d’« optimisation » demandé aux cégeps fait passer le budget global attendu de 3,107 à 2,956 milliards de dollars. Une somme dérisoire dans le budget consenti aux 48 établissements ? Pas si on ausculte les secteurs où les cégeps sont autorisés à effectuer des ponctions.

Québec n’a pas tort d’affirmer que les sommes versées aux cégeps n’ont cessé d’augmenter au fil des dernières années, mais les hausses constituaient en grande partie un rattrapage pour des ponctions effectuées dans un passé récent. De leur côté, les cégeps ont raison de dire que leurs coûts d’exploitation augmentent annuellement sans qu’ils aient à faire la moindre action ou la moindre dépense supplémentaire — entre 2 % et 4 % cette année. Par exemple, les hausses de salaire consenties aux enseignants lors du dernier cycle de négociations du secteur public viennent gonfler la masse salariale. Évidemment, lorsqu’ils feront l’examen attentif des zones où les coupes devront être effectuées au sein de leur cégep, les responsables des finances ne pourront pas toucher aux postes d’enseignant. Les cégeps sont aussi interdits de déficit par la loi.

Alors, où diable faire des coupes ? Si ça ne peut pas être dans les programmes et les cours, ce sera donc en périphérie. Dans les centres d’aide pour les étudiants éprouvant des difficultés, en français par exemple, où malheureusement les besoins recensés sont importants. Dans les services de tutorat visant aussi l’aide à la réussite. Et dans le soutien psychosocial, qui est devenu au fil des dernières années un maillon essentiel dans la chaîne de services fournis aux étudiants, tant l’anxiété et la détresse personnelle ont pris le pas dans la vie de plusieurs.

Ironiquement, ces dernières années, la Fédération des cégeps avait grandement insisté sur l’importance des sommes consacrées à la santé mentale de sa jeune clientèle dans ses revendications répétées auprès du gouvernement. On ne soulignera jamais assez l’impact négatif qu’ont eu les années de pandémie sur des élèves confinés et complètement isolés à une période de leur vie où la socialisation est cruciale. L’effet sur l’anxiété et la santé mentale des jeunes a été suffisamment documenté pour que l’on sache que ce soutien psychologique est vital.

Dans l’Enquête sur la réussite à l’enseignement collégial, effectuée en 2021 à partir notamment d’un sondage auprès de 22 000 étudiants, on apprend que quatre jeunes sur cinq affirment avoir affronté au moins un défi sur leur route collégiale, et deux sur trois, « un obstacle significatif dans leur parcours scolaire antérieur ». La gestion du stress et de l’anxiété trône au sommet des défis à surmonter, suivie de la concentration et de l’attention en classe, de la gestion du temps, de la prise de parole en classe et, enfin, de la planification des tâches et de la détermination des priorités. Le tiers des étudiants ayant été confrontés à l’un de ces défis ont raconté avoir bénéficié d’au moins une mesure d’aide. Ça en laisse un grand nombre sur le carreau ! Rien n’indique que la situation sera meilleure pour les cohortes à venir. À la prochaine rentrée scolaire, les cégeps ouvriront leurs portes aux étudiants qui ont connu le cycle pandémique à compter de la 1re secondaire, et ils prévoient d’énormes besoins.

Les compressions risquent donc de réduire les chances de réussite de certains étudiants, et il est déplorable qu’il en soit ainsi. La volonté du Québec de revenir à l’équilibre budgétaire d’ici 2029-2030 arrache sur son passage des pans de services qu’on pourrait qualifier d’essentiels. Les efforts demandés aux cégeps s’effectueront sans que l’offre de programmes soit touchée, mais on coupera — parce que c’est là qu’on peut le faire — dans les mesures d’encadrement devenues nécessaires pour permettre aux étudiants de réussir et d’être bien. Avec un lancement assombri par des coupes exigées de 1,5 milliard, Santé Québec non plus ne gagne pas de concours de popularité en exigeant des efforts qui affectent directement les services aux patients.

Dans l’esprit de celui qui impose les compressions, l’effort exigé peut sembler relativement modeste si on le place dans l’immensité d’une enveloppe globale. Mais il faut regarder là où les ponctions peuvent réellement être faites pour comprendre que c’est sur la réussite des étudiants, censée être une priorité nationale, qu’on passe le rouleau compresseur.

Ce texte fait partie de notre section Opinion. Il s’agit d’un éditorial et, à ce titre, il reflète les valeurs et la position du Devoir telles que définies par son directeur en collégialité avec l’équipe éditoriale.

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