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La recette du bonheur, c’est « ancrer ce projet-là dans un contexte social », explique le scénariste Jean-Pierre Gorkynian. Pour sa première série, celui-ci a ainsi envisagé les choses autrement, avec une idée de transformation derrière la tête. « La restauration haut de gamme, la pression, l’excellence […], moi, en fait, je voulais renverser ça […], en faire une coopérative de travail. Cette hiérarchie hyper verticale, on va l’aplatir », précise-t-il. De fait, les téléspectateurs suivent dans cette comédie dramatique les péripéties de Saïda Lahoud, incarnée par Zenab Jaber, sous-cheffe dans un restaurant dont elle va reprendre les rênes avec ses collègues — à qui Nahéma Ricci, Juliette Gariépy, Hamidou Savadogo ou encore Antoine Desrochers prêtent leurs traits — grâce à une coopérative de travail.
Le chaos est ainsi inévitable, « à partir du moment où les gens de la coopérative ont des visions différentes de là où ils veulent aller ». Jean-Pierre Gorkynian a en effet souhaité montrer une Saïda qui ne pourra parvenir à ses fins toute seule. « Ce n’est pas comme dans The Bear, par exemple, où on a un patron et où tout dépend de sa générosité. Là, on veut aller dans le sens inverse pour vraiment réfléchir au sens de l’alimentation, à comment est-ce qu’on veut vendre la nourriture, comment est-ce qu’on veut faire du business aussi », mentionne-t-il. Selon lui, sa génération, celle de la jeune cheffe qu’il a imaginée aussi, n’a d’autre choix que de compter sur l’entraide pour surmonter les défis liés à l’époque, comme l’inflation. « Ce qui est paradoxal, c’est que ça entraîne le chaos », affirme le scénariste.
Photo: Radio-Canada
Une scène de la websérie «La recette du bonheur»
Qui de mieux placé, alors, pour réaliser la série que son amie de longue date Stéphane Moukarzel ? « Le chaos se reflète dans sa manière de vivre, d’interagir, de filmer. Il a des intuitions, des sentiments et il voulait braquer sa caméra sur un contexte, un lieu, une atmosphère », dit Jean-Pierre Gorkynian avec enthousiasme. Et Stéphane Moukarzel de renchérir : « Dans la cuisine, c’est le bordel, c’est la guerre, c’est à fleur de peau, à cran tout le temps. Et puis dans la salle à manger, tout a l’air de bien aller. » C’est donc ce réalisme, ce contraste en particulier que ce dernier voulait filmer. « Dans le concret, comment est-ce qu’on se déplace ? Comment est-ce que ça prend forme ? » demande-t-il.
Pour répondre à leurs questions, le duo a notamment fait appel à plusieurs consultants. Un stage au Club chasse et pêche pour appréhender le langage de la cuisine pour Jean-Pierre Gorkynian ; des conversations avec les équipes du Candide et du feu Manitoba pour Stéphane Moukarzel. « Pour la scène de service de l’épisode 5, j’ai pu apprendre la mise en place avec un chef. J’avais déjà pensé à tout, mais lui [apportait ses suggestions] : il disait qu’il fallait passait par là, que si untel ouvrait le four, que l’autre devait passer par ici. Ça nous a vraiment aidés à mécaniser l’action dans l’espace, ça se raffinait », souligne le réalisateur qui a tout filmé sur son cellulaire afin de le montrer aux comédiens pour qu’ils puissent se préparer au mieux au tournage qui devait avoir lieu quelques jours plus tard.
Riche diversité
Le réalisme se devait également de passer par cette riche diversité que l’on retrouve tant dans l’ensemble de la société québécoise que dans les cuisines de ses restaurants. « Stéphane est libanais. Moi, je suis d’origine syrienne. On avait déjà une sensibilité pour ces personnages-là qui sont rarement représentés à l’écran, ça entrait en résonance avec nos valeurs », indique Jean-Pierre Gorkynian. De son côté, Stéphane Moukarzel est animé par le métissage, le mélange des cultures qui fait partie de son ADN. « Il y avait aussi la volonté de refléter que dans les cuisines, ceux qui sont à la plonge, ce ne sont souvent pas des Blancs », signale le réalisateur, qui avait à cœur de donner à voir ce brassage savoureux.
Jean-Pierre Gorkynian souligne en outre avoir fait appel à un lectorat sensible pour s’assurer que La recette du bonheur était la bonne. « Je pense que ça a été innovant, c’est quelque chose qui se discute déjà dans le milieu littéraire, notamment avec Kev Lambert. » Il faut dire que la série, au-delà de l’univers de la restauration, fait aussi le récit de la maternité et compte plusieurs personnages féminins, parfois animés par un féminisme radical et politique. « On était quand même deux hommes qui parlaient de sujets sensibles et on sentait qu’on avait besoin de s’entourer “lecteurices” sensibles qui ont révisé les scénarios et qui nous ont permis de ne pas faire d’erreurs », confie le scénariste. D’après lui, la série et les protagonistes n’en sont que meilleurs malgré le chaos en cuisine.
« Finalement, la recette du bonheur, c’est un peu ça : lâcher prise sur nos ego, sur la vie, sur les aléas », conclut Jean-Pierre Gorkynian. Le tout saupoudré de solidarité et de bienveillance, évidemment.