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Terre-Neuve compte la population d’orignaux la plus dense en Amérique du Nord. On estime qu’il y en a 125 000, soit un pour quatre habitants de l’île. De familier des forêts à danger sur les autoroutes, l’orignal est bien ancré à Terre-Neuve. Néanmoins, l'animal n’a pas toujours été là.
La légende veut qu’ils aient été introduits sur le territoire en 1904 en raison d’un manque de ressources animales locales.
Les orignaux auraient en fait plutôt été amenés à Terre-Neuve dans le but de protéger le caribou, l’une des espèces indigènes de l’île. On craignait sérieusement au début du 20e siècle que ce mammifère soit en déclin à Terre-Neuve.
À l’époque, les voies ferrées récemment construites traversaient la route de migration saisonnière des caribous.
Y voyant une occasion en or, de nombreux chasseurs venus d’ailleurs installèrent leur camp le long des voies ferrées, tirant ensuite sur les troupeaux et abattant des centaines de caribous.

Des chasseurs et des carcasses de caribou le long du chemin de fer de Terre-Neuve.
Photo : Gracieuseté : The Rooms, Terre-Neuve-et-Labrador
Le hic, c’est que cette astuce de chasse menaçait de diminuer l’une des principales sources de nourriture en hiver des Terre-Neuviens en milieu rural. Les chasseurs locaux comptaient aussi énormément sur la vente de viande de caribou à Saint-Jean pour gagner leur vie.
À vendre à deux ou trois cents la livre — environ un sixième du coût de la viande de bœuf soumise à des droits de douane — la viande de caribou était aussi importante pour les citadins de Saint-Jean.
L'orignal comme solution
Au printemps 1902, le gouvernement de Terre-Neuve prend les devants afin de protéger cette ressource naturelle et adopte la loi pour la préservation du cerf.
Parmi les mesures qui s'y trouve, la saison de chasse se voit écourtée, le coût des permis pour les gens de l’extérieur de Terre-Neuve devient plus élevé et les quotas de caribou sont réduits.
On interdit également d'abattre les caribous lorsqu’ils traversent un cours d’eau ou d’utiliser des chiens pour les traquer.
Finalement, le gouvernement instaure comme mesure d’importer à Terre-Neuve un lot d’orignaux reproducteurs du continent canadien. Il semblerait que le gouvernement estimait que la venue d’une deuxième espèce de cervidés sur le territoire aiderait à atténuer la chasse aux caribous.

Le chemin de fer de Terre-Neuve traversait la route de migration saisonnière des caribous.
Photo : Gracieuseté : The Rooms, Terre-Neuve-et-Labrador
L’orignal a été choisi puisque ses habitudes et son habitat différents comparativement au caribou rendait improbable une concurrence pour leurs sources de nourriture respective.
Ajouter un autre grand gibier au territoire permettrait aussi de perpétuer la réputation de paradis des sportifs de l’île et assurer les sources de revenus issues de cet attrait touristique.
Il est à noter qu’une tentative d’importation d’orignaux avait déjà eu lieu en 1875, mais les deux animaux n’avaient pas réussi à se reproduire.
En 1903, afin de mettre toutes les chances de son côté, Terre-Neuve décide cette fois d’importer plus d’orignaux. Elle demande à la province du Nouveau-Brunswick de lui en fournir sept.
Le légendaire John Connell
Au début du 20e siècle, les tranquillisants n’existent pas encore. Pour capturer des orignaux pesant de 270 à 550 kilogrammes dans les forêts néo-brunswickoises, une démarche astucieuse est de mise.
John Connell, de Bartibog, connu et respecté dans le monde du plein air, décide de relever le défi avec quelques voisins.
En mars 1904, le groupe entre en forêt en raquette, avec comme promesse 50 $ par orignal capturé, soit l’équivalent de quelques milliers de dollars en 2025.
John Connell estimait que les orignaux seraient plus faciles à piéger en hiver puisque la neige abondante gênerait leur mouvement. Ils seraient aussi moins pesants par manque de pâturage pour se nourrir.
Lors de la traque, ses hommes poursuivirent les bêtes jusqu’à leur épuisement. Ils étaient alors confinés dans un enclos improvisé et capturés au lasso. On les sortait ensuite de la forêt néo-brunswickoise par un traîneau tiré par des chevaux.

Les orignaux capturés au Nouveau-Brunswick étaient capturés au lasso et sortis de la forêt par un traîneau tiré par des chevaux.
Photo : Gracieuseté : The Rooms, Terre-Neuve-et-Labrador
Arrivée remarquable à Terre-Neuve
Les sept orignaux quittèrent le Nouveau-Brunswick à bord d’un train à destination de North Sydney.
Malheureusement, trois bêtes périrent en route. L’une d’elles est morte en tentant de donner naissance à un veau, les deux autres, soit par indigestion ou par peur, selon les dires.
Deux mâles et deux femelles finirent par arriver à Terre-Neuve par bateau. On les a transport en train à nouveau vers l’intérieur des terres.
À l’époque, le journal Western Star écrivit que des foules se rassemblèrent autour du wagon à chaque arrêt et admirèrent avec émerveillement ces étranges animaux.

Un orignal.
Photo : Radio-Canada
Les orignaux ont finalement été relâchés dans une réserve naturelle provinciale près de Howley. Sans prédateur naturel ni parasite, ils ont réussi à se reproduire.
Néanmoins, cette épopée n’aura pas suffi à protéger les caribous. Au début du 20e siècle, il y en avait de 150 000 à 200 000 sur l’île. Dans les années 1930, on en recensait seulement 2000.
Maintenant, Terre-Neuve estime à environ 30 000 le nombre de caribous locaux et les chasseurs disent plutôt s’inquiéter du déclin de l’orignal.
Par ailleurs, la législation provinciale interdit dorénavant l’introduction d’espèces sauvages exogènes dans l’écosystème terre-neuvien.
D’après le reportage de Ainsley Hawthorn, CBC