La Nouvelle-Écosse a récupéré près de 3,8 millions $ en transferts fédéraux dans le domaine de la santé. Il s’agit de la somme complète qu’avait retenue Ottawa depuis trois ans parce que la province permettait à des résidents de payer de leur poche pour obtenir des services privés d'imagerie par résonance magnétique (IRM) et d'échographie.

Selon le gouvernement fédéral, aucun Canadien ne devrait payer directement pour obtenir des services d'imagerie diagnostique jugés médicalement nécessaires.

Cependant, Ottawa et la Nouvelle-Écosse ont trouvé un accord, ce qui a entraîné le déblocage d’une somme de 3,79 millions $. Ce paiement a été finalisé en mars dernier.

Un porte-parole de Santé Canada explique que la Nouvelle-Écosse a fait des efforts afin d’éliminer les frais imposés aux patients d’une clinique d’imagerie privée d’Halifax avec laquelle la province s’est entendue pour envoyer des patients aux frais du système public.

Santé Nouvelle-Écosse affirme que 2278 IRM et 585 échographies ont été financées publiquement à la clinique Healthview au cours de la première année de cet accord de cinq ans évalué à 7,6 millions $.

Ça faisait longtemps que ça traînait, affirme Katherine Fierlbeck, professeure de science politique à l'Université Dalhousie, spécialisée dans les politiques de santé. Selon elle, d’autres provinces avaient déjà conclu des arrangements avec Ottawa pour réduire ou éliminer l'imagerie médicale financée par des fonds privés afin de récupérer leurs transferts de santé.

Système à deux vitesses à peine voilé

Cependant, le contrat avec la clinique Healthview n'élimine pas entièrement les cas où des patients néo-écossais paient pour une imagerie médicalement nécessaire. Healthview continue d'accepter les patients qui souhaitent payer pour contourner la file d'attente, et au moins deux autres cliniques privées à Halifax font de même.

Santé Nouvelle-Écosse confirme qu’elle n'a aucune entente avec ces deux cliniques.

Katherine Fierlbeck s’explique mal que la province ait reçu un remboursement complet des retenues sur les transferts de santé. Si la couverture n'est que partielle, j'aurais pensé que le ministère aurait [accordé] un remboursement partiel, tranche-t-elle.

La politologue estime que le fait de couvrir certains services dans les cliniques privées – mais pas tous – constitue un système à deux vitesses à peine voilé.

Le Dr Tim Mailman est le directeur médical principal du réseau des services de diagnostic et thérapeutiques de Santé Nouvelle-Écosse.

Photo : Radio-Canada / Taryn Grant

De son côté, Santé Nouvelle-Écosse dit qu’elle est toujours à la recherche de solutions pour réduire la liste d’attente pour une IRM ou une échographie.

Le directeur médical principal du réseau des services de diagnostic et thérapeutiques, le Dr Tim Mailman, soutient que le problème est complexe et qu'il s'est construit au fil des ans. Selon lui, le principal obstacle est le manque de personnel, en particulier des technologues en imagerie.

Si nous pouvions faire fonctionner nos IRM actuelles dans toute la province pendant des heures prolongées, nous aurions suffisamment d'IRM pour répondre à la demande.

Le Dr Mailman ajoute qu'une stratégie complexe en matière de main-d'œuvre est en cours d'élaboration pour résoudre ce problème.

Le ministère de la Santé de la Nouvelle-Écosse n'a pas accordé d’entrevue à ce sujet.

Avec des renseignements de Taryn Grant, de CBC