Un shoot-out, huit secondes. Pour une place dans l'éternité du club. Elodie Picard a d'abord contré la première balle de l'attaquante, mais elle n'a rien pu faire sur la reprise acrobatique.

"Laura Nunnink était la cinquième, mais elle était blessée", commence Lotte Englebert, entourée de dizaines d'enfants munis d'un marqueur. "Mercredi soir, je m'étais préparée à en prendre un. La coach (NDLR : Marieke Dijkstra) m'a demandé si je voulais le prendre. J'étais hésitante car je ne garde pas un bon souvenir de mes derniers en Pro League en Argentine. Mais, j'étais prête dans ma tête car je ressentais la confiance de mes coéquipières. J'avoue que j'étais un peu tendue."

Pour une fois, elle avait un plan. "D'habitude, je n'en ai pas. Ici, je préférais savoir ce que je devais exécuter. Ma balle part trop bas. Je la reprends et marque."

L'instant a déclenché une vague d'hystérie dans les rangs de Den Bosch qui commençaient à célébrer ce 23e titre en revêtant des t-shirts déjà préparés. Pour Elodie Picard, l'instant était cruel. La gardienne des Red Panthers a sorti quelques balles chaudes, notamment lors du dernier quart-temps. "Elo a très bien joué, ajoutait Lotte Englebert. Elle aurait dû jouer ceux aux Jeux olympiques. Cette saison, elle a franchi une grosse étape à SCHC. Elle se nourrira de ce moment pour revenir encore plus forte."

Depuis son arrivée à s'Hertogenbosch en 2023, l'attaquante des Red Panthers multiplie les titres. Elle a remporté les deux titres de championne en Hoofdklasse. Cette année, elle a ajouté un premier sacre en Coupe d'Europe, l'EHL en battant le Braxgata en finale. Cette saison encore, elle a soulevé le trophée de la Gold Cup. "Nous sommes fières car nous avons réussi nos quatre objectifs : finir en première place du championnat régulier, la Gold Cup, l'EHL et la Hoofdklasse. Pour moi, ce deuxième titre est plus beau. Il a une autre signification. Je me sens plus importante dans l'équipe. Avant, je me contentais de donner la balle. Désormais, j'ose plus. Je joue plus. Je viens de sortir une très bonne deuxième partie de saison. Mon rôle a évolué. Lors des meetings, j'ai plus mon mot à dire", précise celle qui a planté 12 buts durant la campagne.

Avec les Panthers dès jeudi prochain

A 24 ans, la Namuroise arrive petit à petit à l'âge de sa maturité sportive. Sa moisson de trophées aux Pays-Bas profitera aux Red Panthers qu'elle retrouvera jeudi prochain après une semaine de vacances. "Je suis excitée à l'idée de retrouver l'équipe nationale. Nous avons de beaux défis cet été avec la Pro League en juin et l'Euro en août." L'expérience d'Elodie Picard et de Lotte Englebert dans les deux plus grands clubs du monde rejaillira sur l'équipe nationale. Là-bas, elles ont chacune joué avec une moitié de l'équipe nationale des Pays-Bas. Elles ont évolué avec les meilleures joueuses dans un cadre professionnel. "Ici, tu ressens beaucoup de pression. Elle est omniprésente. Si on ne s'y habitue jamais, on doit apprendre à la gérer. J'essaye de ne pas trop réfléchir. De l'extérieur, tout paraît facile pour Den Bosch, mais certains moments sont plus compliqués. Dans ce club, tu ne peux jamais y aller à moitié. Parfois, tu remets tout en question. Aujourd'hui (NDLR : jeudi), mon match était un peu moins bon", reconnaît celle qui a dû jouer plus bas sur le terrain pour compenser les blessures. "Mais, je garderai mon dernier geste (le shoot out) réussi", conclut celle qui est encore sous contrat pour deux ans à s'Hertogenbosch. "Je me sens très bien ici."

SCHC poursuit sa malédiction avec une quatrième finale perdue en quatre ans : Amsterdam en 2023 et Den Bosch en 2022, 2024 et 2025. Quant à Den Bosch, l'ancien club de Raoul Ehren accentue un peu plus sa domination sur le meilleur championnat du monde avec ce 23e titre, devant les 18 d'Amsterdam.