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La mort de l’empathie

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« La faiblesse fondamentale de la civilisation occidentale est l’empathie », a déclaré Elon Musk il y a quelques semaines dans le balado de l’influenceur états-unien Joe Rogan. En s’attaquant aux migrants sans papiers et à ceux qu’il appelle les « wokes », le milliardaire a expliqué que l’empathie était exploitée en Occident pour créer un « suicide civilisationnel ».

Quand j’ouvre le journal, ce que j’y vois est plutôt l’agonie de ce lien émotionnel aux autres. J’écoute quotidiennement la radio me raconter les soubresauts flageolants de notre capacité à nous mettre à la place d’autrui. Les quelques fils qui nous relient aux autres et nous rattachent au monde s’étiolent comme peau de chagrin.

Je constate un repli sur soi frôlant le nativisme et une instrumentalisation des personnes migrantes pour expliquer toutes nos tares sociales. Les nouveaux arrivants deviennent la cause de la crise du logement, de l’engorgement du système de santé, des déficiences du système d’éducation. Je suis effarée devant des idéologies comme la « préférence nationale », présente notamment en France, aux États-Unis et ici, indiquant que les personnes nées à l’étranger devraient avoir moins accès à certains services de base.

Tous les jours, les médias me donnent de l’information sur une époque où être né ailleurs rend certaines personnes hors la loi. Abrutis et consternés, on regarde notre gouvernement ignorer leurs droits fondamentaux. On nous a fait croire, à coups de grandes déclarations et de petites tactiques discursives, que certaines vies valaient plus que d’autres.

Je vois l’effritement de notre filet social, qui devient peu à peu de moins en moins universel. La privatisation grandissante de la santé, des transports en commun et de l’éducation atomise notre société. Cette privatisation qui dilue notre responsabilité commune envers nos concitoyens. L’utilisateur payera, le pauvre marchera, le malade mourra. La personne qui dort dehors pourra bien se débrouiller, tant que mes impôts sont bas. Pour paraphraser l’ancienne première ministre britannique Margaret Thatcher, l’empathie n’existe pas. Il n’y a que des individus. L’individualisme prime ainsi notre capacité à nous identifier à l’autre.

La télévision m’informe de la dégringolade de notre soutien aux populations dont nous sommes séparés par la distance. Je constate l’effritement des parts de budget qui soutiennent la dignité et la santé mondiales. Je vois des élans de solidarité et des étincelles de commisération pour des populations bombardées, mais aussi l’inaction des acteurs censés porter notre voix sur l’échiquier mondial. J’y vois l’éphémérité d’un cessez-le-feu censé nous redonner espoir. J’entends nos représentants me parler d’intérêts nationaux, mais pas de décence. Je lis certains commentateurs me parler du droit de se défendre alors que moi, ce que je vois, ce sont des enfants qui meurent sous les obus.

Je vois la difficulté des partis, des mouvements et des leaders qui parlent de redistribution, d’équité et de justice. Je vois ces mots devenir injures, tares, offenses. Prioriser l’empathie plutôt que l’efficacité n’est pas populaire. « Mon char, mon choix » a plus de résonance qu’« une assurance dentaire universelle pour tous ». Quand est-ce que les porte-parole des démunis et des exclus ont perdu la cote ? Quand ont-ils perdu nos votes ?

Je vois aussi des personnes ayant des plateformes médiatiques lyncher sur la place publique virtuelle un adolescent, traiter d’idiote une journaliste pour ses opinions, publier les photos et les profils de personnes qu’elles attaquent pour mieux les intimider. Ou permettre à leur auditoire d’aller le faire à leur place. Cette haine dépasse nos différences politiques — que je salue —, va au-delà des débats d’opinions, qui font partie d’une démocratie saine. L’intimidation publique sert à déshumaniser l’autre pour mieux le faire taire.

Le médecin spécialiste de l’empathie Charles-Antoine Barbeau-Meunier a expliqué en entrevue avec Rima Elkouri que cette émotion nous permet d’être sensible à la réalité et au bien-être d’autrui : « Si on est sensible au bien-être de l’autre, on comprend que notre bien-être y est lié. L’empathie est ce lien de sensibilité partagée. Cela nous motive à poser des gestes éthiques. » Selon Musk, voilà le problème : utiliser l’empathie serait pour lui un projet de destruction de la société. S’identifier à l’autre serait destructeur. « Trop » humaniser serait nuisible. Comme s’il y avait quelque chose comme « trop » d’humanisation.

Je ne défends pas ici toutes les dérives du côté gauche de l’arène. Mais je défends l’empathie. Plus de celle-ci permettrait une refonte de nos relations à l’autre. Elle nous permettrait d’humaniser notre voisin, la personne en situation d’itinérance, le demandeur d’asile et l’enfant gazaoui ou ukrainien. L’empathie nous permet d’entrer en relation avec le monde, un monde partagé et protégé. Pour tous. On peut toujours discuter du comment, du pourquoi et des priorités, mais notre lien émotionnel aux autres n’est pas le problème.

Hannah Arendt a dit : « La mort de l’empathie humaine est l’un des signes les plus précoces et les plus révélateurs d’une culture sur le point de sombrer dans la barbarie. » L’empathie n’est pas le problème de cette sacro-sainte civilisation occidentale, elle sera le remède qui nous sauvera de la barbarie.

Ce texte fait partie de notre section Opinion, qui favorise une pluralité des voix et des idées en accueillant autant les analyses et commentaires de ses lecteurs que ceux de penseurs et experts d’ici et d’ailleurs. Envie d’y prendre part? Soumettez votre texte à l’adresse [email protected]. Juste envie d’en lire plus? Abonnez-vous à notre Courrier des idées.

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