Chers fidèles lecteurs de ce blog,

Cinq mois après le décès de mon père, je publiais ici – comme ma mère me le demandait depuis plusieurs semaines – l’homélie du père Guillaume, brillant théologien, dont les mots avaient su, avec une justesse rare, lui rendre hommage.

Cinq mois sans nouvelles, c’est long. Pourtant, dès le terrible matin du 23 septembre 2024, nous avions conscience qu’au-delà de perdre un père, nous perdions quelqu’un dont la pensée éclairait la conscience de plusieurs milliers de Français. Des lecteurs fidèles, qui se retrouvaient eux aussi orphelins, d’une certaine manière. Ces personnes comptaient beaucoup pour lui : elles formaient une sorte de seconde famille.

Mon père avait la France chevillée au corps. Dans cette période troublée que nous traversons, son analyse fine, sa culture impressionnante, mais surtout ses prises de position courageuses, constituaient un phare pour les nombreux matelots que nous sommes, parfois perdus dans la tempête. Nous savions que sa pensée, son engagement pour la France, méritaient d’être poursuivis : Poursuivre ce travail était sans doute le plus bel hommage que l’on pouvait rendre à un homme de conviction comme lui. .

C’est en consultant les statistiques du blog, il y a quelques semaines, que j’ai réalisé que plusieurs centaines de personnes continuaient à s’y rendre chaque jour, malgré l’absence totale de contenu depuis ce dernier billet, daté du 21 septembre : « Nouveau gouvernement et intense perplexité ». Au-delà d’un devoir de mémoire, il m’a semblé que c’était aussi un devoir envers vous, ses lecteurs, que de lui redonner la parole. De faire revivre ce lieu de réflexion et de débat qui lui tenait tant à cœur.

Le blog de Papa a donc repris vie le 8 mars dernier, alors que je me rendais en Savoie avec ma petite sœur Anne-Sophie, l’une de ses régions de cœur, où il avait exercé le métier aussi passionnant qu’exigeant de sous-préfet à Saint-Jean-de-Maurienne, entre 1994 et 1996.

N’ayant pas, au départ, le courage d’écrire moi-même, ne me sentant pas légitime, j’ai commencé par publier quelques-uns de ses anciens articles, ainsi que des textes repérés dans les médias. Mais je me suis vite rendu à l’évidence : je ne pouvais pas y arriver seul. L’héritage intellectuel qu’il nous laisse est trop vaste, trop dense. J’avais besoin d’aide et j’ai donc contacté une dizaine de ses lecteurs les plus fidèles, ainsi que quelques personnalités politiques et journalistes qu’il estimait et qui le connaissaient bien, pour leur demander de contribuer. À ma grande joie, presque tous ont répondu présents.

Je tiens ici à remercier très sincèrement ces premiers contributeurs – dont la liste, je l’espère, s’allongera dans les prochaines semaines : Monsieur le Député Julien Aubert, mais aussi les “disciples” de mon père, Cyril Grataloup et Gérard Bayon, pour leurs textes éclairants qui nourrissent ce blog avec exigence et fidélité. Merci également aux nombreux lecteurs qui continuent à faire vivre cet espace en commentant les articles avec la courtoisie et la hauteur de vue qui caractérisaient les échanges de ce blog. De mon côté, je m’engage à faire de mon mieux pour que le contenu de ce site reste aussi fidèle que possible à ce qu’il était du vivant de mon père.

Comme me l’a écrit l’un de ses lecteurs, lors d’un de nos échanges : « Une personne ne meurt réellement que lorsqu’on ne parle plus d’elle. »
En continuant à faire vivre ce blog, c’est mon père que nous faisons vivre encore un peu, parmi nous.

Je souhaite m’investir toujours davantage dans cette mission. C’est dans cet esprit que j’ai finalement décidé, moi aussi, de prendre la plume. Mais j’aurai besoin de vous pour entretenir ce blog : de vos réflexions, de vos écrits — qu’il s’agisse de comptes rendus de lecture, d’analyses de l’actualité politique ou de toute autre forme de contribution. Si certains d’entre vous l’ont connu personnellement au fil de sa carrière, je serais également très heureux de recueillir vos témoignages. N’hésitez pas à me contacter à cette adresse : [email protected]

Je vous souhaite à tous une belle semaine.

Thibaud Tandonnet