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Bruxelles, le 4 mai dernier. La victoire du Club de Bruges face à Anderlecht, en finale de Coupe de Belgique, laisse un goût amer aux passionnés du ballon rond. Magasins saccagés, affrontements de rue, chants racistes : les violences perpétrées par les hooligans brugeois font rapidement oublier le doublé de Romeo Vermant qui a offert le trophée aux Blauw en Zwart.
En ce dimanche de match, la police arrête 63 individus dont deux judiciairement, tandis que 80 personnes sont prises en charge par les services de secours. Suite à ces incidents, les députés de la Chambre convoquaient ce mardi divers spécialistes en commission Intérieur. Au centre des débats, l'efficacité de la fameuse "loi football".
Vingt-sept ans plus tard
Depuis son pupitre, Steven De Smet, ancien commissaire divisionnaire et spécialiste du hooliganisme, dresse un historique des débordements dans le milieu du football. "La violence dans le cadre des rencontres a toujours existé", rappelle-t-il aux parlementaires. En Belgique, il faut néanmoins attendre le 29 mai 1985 et la tragédie du Heysel (39 morts et des centaines de blessés) pour que les autorités réagissent. Une commission d'enquête parlementaire se met alors en route. Les questions entourant l'encadrement dans les stades animent le débat public. Et à l'approche de l'Euro 2000, une première initiative législative est prise avec la promulgation de la "loi football", fin 1998.
Il faut assumer que la législation sur le football est tout simplement superficielle. Elle a été élargie et complété à chaque législature sans jamais avoir été vraiment réformée.
Ce texte pionner oblige les organisateurs de matchs à prendre "toutes les mesures de précaution nécessaires pour prévenir les atteintes aux personnes et aux biens, en ce compris toutes les dispositions concrètes pour prévenir les débordements commis par les spectateurs". Cette première mouture fut ensuite étendue et adaptée à sept reprises ces vingt dernières années, souvent à la suite de débordements très médiatisés. En 2023, la ministre de l'Intérieur de l'époque, Annelies Verlinden (CD&V), renforce par exemple l'arsenal législatif en alourdissant les sanctions à l'égard des supporters violents et professant des propos racistes ou xénophobes.
La Loi football menace-t-elle le folklore en tribunes ? "Plutôt que d'être dans une logique où on va surveiller et punir, il faut écouter et se parler"Des chiffres en augmentation
Malgré ces serrages de vis successifs, le texte semble encore et toujours insuffisant pour prévenir et combattre les actes violents. Selon des chiffres fournis par le SPF Intérieur à La Libre, 1 194 P.V pour infractions à la loi sur le football ont été transmis par la police à la DG Sécurité & Prévention pour la saison 2023-2024. Soit une hausse de 13,5 % par rapport à la saison précédente. En commission, Joshua Geertsen, chef du service de la Sécurité du football (en charge de la coordination des acteurs du secteur) évoque également une "augmentation fulgurante" des sanctions administratives pour des incidents racistes. Ainsi, 28 personnes ont déjà été sanctionnées pour la saison 2024-2025, contre 23 pour l'ensemble des trois saisons précédentes.
Au rang des fumigènes : dans les quatre dernières saisons de Pro League, du matériel pyrotechnique a été détecté lors de 918 matchs causant 579 blessés. "Il ne s'agit que des cas enregistrés officiellement. Ce n'est donc que le sommet de l'iceberg", commente Joshua Geertsen. Et d'ajouter : "Ces points épineux sont les symptômes d'une fragilité structurelle profonde. Il faut assumer que la législation sur le football est tout simplement superficielle. Elle a été élargie et complétée à chaque législature sans jamais avoir été vraiment réformée".
"La loi football ne servira strictement à rien, sauf à plus nous contrôler et nous criminaliser"Renforcer encore la loi ?
Face aux insuffisances de cette loi, Joshua Geertsen plaide pour de nouvelles adaptations. Et cela tombe à point : l'Arizona annonce dans son accord de gouvernement vouloir durcir le ton face aux hooligans. Le ministre de la Sécurité Bernard Quintin (MR) prévoit notamment d'attaquer le portefeuille des supporters problématiques en majorant les amendes et en les indexant annuellement. Les actes et violences liés au racisme seront également plus sévèrement punis. Contacté, le cabinet du libéral indique que "le ministre organisera à la rentrée une rencontre avec les différents intervenants pour conclure la concertation sur la réforme de la loi football qui est en cours."
Car il reste de nombreuses questions à trancher. L'inspection à l'entrée des stades demeure, par exemple, défaillante. "Lors de la dernière modification légale de 2023, des contrôles de conformité entre le nom sur le billet et la carte d'identité ont été mis en place. Ils ne sont quasiment jamais appliqués", regrette le chef du service de la Sécurité du football. Pour corriger ces failles, le gouvernement envisage de créer une base de données centrale recensant les interdictions de stade.
Des inquiétudes
Dernier point sensible : recourir à l'aide de technologies biométriques pour contrôler l'accès aux tribunes. Autrement dit, utiliser des dispositifs de reconnaissance faciale ou d'identification par empreintes digitales. Les équipes de Bernard Quintin confirment qu'une "analyse est en cours sur les possibilités de mise en œuvre de l'usage des données biométriques dans les contrôles d'accès aux stades, telle que la reconnaissance faciale". Un projet qui nécessitera – sans nul doute – un cadre légal strict.
Cette idée inquiète cependant certaines associations. "Nous sommes très méfiants car les implications s'avèrent énormes en matière de vie privée, explique Manuel Lambert, juriste de la Ligue des droits humains. Pour l'instant, cela ne devrait se mettre en place que dans un cadre limité, mais notre crainte reste que cette technologie soit étendue dans d'autres contextes ensuite."
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