NE LAISSER PAS LE 5G DETRUIRE VOTRE ADN Protéger toute votre famille avec les appareils Quantiques Orgo-Life® Publicité par Adpathway
FIGAROVOX/TRIBUNE - Conjugués à l’impotence régalienne de l’État, les liens croissants entre certains mouvements politiques et des organisations criminelles font flotter sur la France un air de fin de régime, analyse l’historien des institutions Philippe Fabry.
Philippe Fabry est historien des institutions et des idées politiques, et avocat. Il a publié entre autres Le Président absolu, la Ve République contre la démocratie (2022) et La Chute de l’empire européen (2022).
La dissolution de l’Assemblée nationale il y a un an a placé le pays au bord de la crise financière, avec un gouvernement minoritaire et impotent. La fin de règne d’Emmanuel Macron ressemble plus largement à une fin de régime, laquelle se manifeste en particulier dans la convergence entre les difficultés de plus en plus patentes de l’État à exercer ses fonctions régaliennes et l’enhardissement de la gauche extrême.
Cette convergence funeste se matérialise avec la dérive, lente mais réelle, qui évoque celle qu’a connue une partie de l’Amérique latine dans les années 1960 et 1970, où l’on observa le développement de liens organiques et opérationnels étroits entre groupes révolutionnaires marxistes et narcotrafiquants : les groupes révolutionnaires finançaient leurs activités grâce aux trafics, et les trafiquants soutenaient des organisations qui luttaient contre les forces de l’ordre et l’autorité de l’État. La relation historique entre les FARC et le narcotrafic en Colombie est bien documentée, ainsi que la proximité du Sentier lumineux avec la production et le commerce de la coca au Pérou.
Les mêmes mécanismes sont à l’œuvre en France, doublés d’une profonde alliance politique, spécialement depuis la montée en puissance de LFI et sa stratégie politique de captation de l’électorat immigré, en particulier d’origine maghrébine, africaine, de religion musulmane, habitant en banlieue et dont sont issus une grande partie des trafiquants. Ainsi, à Toulouse, en mai 2024, cinq membres d’un groupe nommé Offensive révolutionnaire antifasciste, probablement créé en 2023, ont été arrêtés et mis en examen. Ils étaient en possession d’une vingtaine de kilos de cannabis et de 12. 000 € en espèces. En avril, les mêmes individus avaient agressé des activistes identitaires et militants d’extrême droite, et publié les vidéos des agressions sur les réseaux sociaux.
LFI a été beaucoup plus prompte à dénoncer le dispositif policier, après les pillages qui ont émaillé les festivités de la victoire du PSG le 31 mai 2025, qu’à déplorer les pillages eux-mêmes et condamner les pillards
Philippe FabryLe combat politique légitime le crime et le crime finance le combat politique. Plus récemment, en avril 2025, la vague d’attaques coordonnées contre des établissements pénitentiaires – incendies, tirs de mortier d’artifice voire de kalachnikov – a été revendiquée par une organisation « DDPF » pour « droits des prisonniers français » ; ces événements à la fois portaient la marque de l’ultragauche et répondaient, selon le ministère de la Justice, à la décision du gouvernement de renforcer la sécurité et le contrôle pénitentiaires, notamment en regroupant les détenus les plus dangereux dans de nouvelles prisons de haute sécurité.
Outre ces cas patents de pure confusion entre l’activité criminelle et l’activité militante d’ultragauche, il y a tout un champ de partielle confusion entre délinquance et politique, d’un côté au-delà du seul narcotrafic, de l’autre au-delà de la seule gauche. Ainsi LFI a-t-elle été beaucoup plus prompte à dénoncer le dispositif policier, après les pillages qui ont émaillé les festivités de la victoire du PSG le 31 mai 2025, plus prompte encore à accuser le ministre de l’Intérieur d’avoir été « l’organisateur du bazar » selon le mot du député LFI Antoine Léaument, qu’à déplorer les pillages eux-mêmes et condamner les pillards. Suivant en cela une certaine tradition qui voit dans ce genre d’exactions une revanche prolétaire contre le capitalisme et le consumérisme.
À lire aussi Le Conseil constitutionnel valide les armes de la guerre contre le narcotrafic
D’autre part, en 2024, le cas du maire d’Avallon, Jamilah Habsaoui, a fait grand bruit. Elle a été placée en garde à vue, avec deux de ses frères, après que 70 kg de résine de cannabis, deux lingots d’or, 1 kg de cocaïne, 7. 000 € en espèces ont été découverts dans une maison lui appartenant et où vivait l’un de ses frères déjà condamné pour trafic de drogue. Si les derniers errements connus de la procédure tendaient à écarter sa responsabilité personnelle, l’exemple reste frappant de la proximité de certains élus avec les réseaux de trafic… quand ils ne sont pas eux-mêmes impliqués, à l’instar de la sénatrice Les Républicains Annick Petrus, contrôlée début mai à la douane avec une valise contenant 22 kilos de cigarettes non déclarées, d’une valeur de plus de 14.000 €.
Ce dernier cas est emblématique de ce que la compromission avec les trafics divers et variés, des stupéfiants aux cigarettes, est un problème de plus en plus répandu chez les élus locaux. Elle ne se limite pas à la gauche du spectre politique alors que, par ailleurs, les élus votent toujours plus de mesures hygiénistes en ce qui concerne le tabac, avec l’interdiction, à compter du 1er juillet 2025, de fumer sur les plages, parcs et jardins publics, aux abords des écoles, abris de bus… Mais aussi contre le simple vapotage, pourtant alternative plus avantageuse pour la santé publique à la consommation de tabac, dont le gouvernement veut limiter non seulement le dosage en nicotine mais aussi la variété des arômes ! Sans parler d’une enquête récente du Figaro , qui révélait à quel point la consommation non seulement d’alcool, mais de drogues est un problème à l’Assemblée nationale. On se souvient, là encore, du cas d’Andy Kerbrat, député LFI arrêté en octobre 2024 en flagrant délit d’achat de 3-MMC.
L’autorité de l’État est discréditée auprès de la population qui, comme en d’autres matières (l’immigration, au premier chef) se trouve poussée à envisager des solutions plus radicales et populistes pour espérer un retour à la loi et à l’ordre
Philippe FabryLe fossé entre ces politiques publiques affichées et l’ampleur de la diffusion de la « narcorruption » dans le tissu politique local et national nourrissent le sentiment que le personnel politique profiterait souvent au moins indirectement des trafics, voire une impression d’incompétence et d’impuissance dans la lutte contre les trafics . Quoi qu’il en soit, l’autorité de l’État est discréditée auprès de la population qui, comme en d’autres matières (l’immigration, au premier chef) se trouve poussée à envisager des solutions plus radicales et populistes pour espérer un retour à la loi et à l’ordre.
Dans le même temps, le phénomène de convergence de l’ultragauche avec les narcotrafiquants rend la violence politique de gauche progressivement impossible à distinguer du narcotrafic, et la réciproque sera de plus en plus vraie à mesure que les criminels s’attaqueront de plus en plus fréquemment aux autorités de l’État en tant que telles. Aussi, c’est d’ores et déjà risquer de fortement sous-estimer le degré de violence politique en France que de classer comme « simple » criminalité organisée des trafics ce qui est déjà une forme de lutte politique.
À lire aussi Jean-Éric Schoettl : «Loi contre le narcotrafic, pourquoi la gauche combat-elle le réarmement de l’État ?»
La proximité entre milieux délinquants et milieux militants a un effet de long terme délétère sur les mœurs politiques : la pratique de confrontation et de chaos à l’Assemblée nationale par LFI est un effet direct du parcours de certains de ses membres, comme Louis Boyard, qui reconnaît un passé de dealer. L’évolution actuelle des milieux militants prépare l’arrivée prochaine de figures encore plus radicales à gauche, qui pourraient provoquer, à leur tour, une radicalisation de l’électorat dans le refus du désordre et de la loi des narcos.