La fulgurance de la montée des eaux a surpris tout le monde dans le Var, ce mardi, malgré une vigilance orange aux orages. «C’était un phénomène assez violent et rapide», se souvient Guillaume, gendarme intervenu à Vidauban ce mardi, dans cette même commune où une personne a trouvé la mort après de soudaines précipitations et crues qui ont touché une partie du Var. Alors que le ministre François-Noël Buffet est attendu sur place dans la soirée, le bilan fait état de trois morts après des pluies diluviennes et très localisées sur le département.

Tandis que la pluie battait son plein dans la matinée, le gendarme de la compagnie de Draguignan a été appelé à intervenir sur une route départementale de Vidauban pour venir en aide à une conductrice qui s’était engagée sur la chaussée, bien qu’inondée. «La route était invisible mais elle pensait que ça allait passer, se souvient-il. Elle s’est retrouvée dans un fossé près de la rivière de l’Aille qui avait débordé. Il y avait peut-être 80 centimètres d’eau. L’avant de sa voiture était immergée. Quand nous sommes arrivés, elle était parvenue à sortir du véhicule mais elle n’arrivait pas à avancer. Elle avait de l’eau jusqu’aux cuisses et était pétrifiée de peur. Personnellement, pour moi, c’était la première fois que je vivais ça.»

«Comme une baignoire qui se remplit»

L’après-midi, le soleil est revenu, mais un autre étrange phénomène a surpris les gendarmes à quelques kilomètres de là, à Cogolin. «Rien ne laissait présager l’arrivée de l’eau si rapidement», confie le lieutenant Otman Oubassa, commandant de brigade à la gendarmerie de Grimaud. Dans l’après-midi, des automobilistes, majoritairement des personnes âgées, composent le 17 en urgence. Le temps est radieux. L’accalmie est réelle. Et ces automobilistes se trouvent sur une route qui n’était pas interdite d’accès, à la base parfaitement dégagée et très fréquentée par les locaux, la route du mort du Luc.

«L’arrivée de l’eau a été soudaine et massive, un peu comme au Mont-Saint-Michel, raconte le lieutenant. C’était comme quand vous remplissez une baignoire mais sans voir le robinet. Il a même fallu que les gendarmes déplacent leurs véhicules. Quand ils sont arrivés, les pneus étaient au sec. Quelques secondes après, ils ne l’étaient plus. On pense qu’il y a un surplus d’eau au barrage de la Môle qui peut expliquer le phénomène, même si on ignore encore l’origine à l’heure actuelle. On aurait pu croire qu’on était au milieu d’un lac, avec des crocodiles prêts à surgir, mais on était bien près de Cogolin, avec une route en dessous.» «Les automobilistes se sont laissés surprendre, abonde le major Thierry Ferez. La route en plus n’était pas interdite.»

«On a maintenu les personnes sur les toits de leurs véhicules», poursuit le lieutenant Oubassa. Les pompiers ainsi qu’un hélicoptère sont ensuite intervenus rapidement. Au total, quatre personnes dans trois véhicules ont été secourues dans ce secteur. «On a aussi retrouvé une personne emportée sur un kilomètre par une montée des eaux», s’étonne le lieutenant. Au total, jusqu’à 100 gendarmes ont été mobilisés lors de ces inondations dans le Var.