"C'est vrai, le secteur n'est pas facile. Nous devons rogner sur nos marges car nous ne pouvons pas augmenter nos prix de 10 % pour intégrer la hausse de nos coûts. Mais nous nous sommes focalisés sur l'avenir", explique Lionel Van der Haegen, Managing Director de cette brasserie familiale qui fête ses 175 ans en 2025. "La technologie a fortement évolué au cours des dernières années et il faut bien reconnaître que notre installation actuelle est en bout de vie, après avoir tourné une trentaine d'années". L'installation va toutefois continuer à tourner tant que la nouvelle salle de brassage, installée dans un bâtiment vide, n'est pas opérationnelle.

"C'est un investissement important", qui a d'ailleurs conduit à repousser à l'année prochaine la transformation d'un ancien corps de logis en centre d'accueil Horeca et en musée consacré à la brasserie. La Brasserie peut grâce à ce gel temporaire poursuivre "les investissements sur la partie commerciale et marketing".

Un portefeuille de 20 bières

La Brasserie de Silly, c'est aujourd'hui vingt bières, dont la Silly Triple Bio, la petite dernière. De quoi obliger Bertrand Van der Haegen, en charge du brassage, à jongler avec les outils de production. Il y a d'ailleurs une réflexion pour "rationaliser un petit peu la gamme". La brasserie familiale travaille en tout cas sur un projet de bière sans alcool (de 0,2 ou 0,3 % de degré d'alcool). "Nous espérons que le projet aboutisse encore cette année".

La Belgique représente 45 % des ventes de la brasserie, essentiellement vers les grossistes (70 %). La grande distribution représente à peine 5 % du volume. "Nous ne sommes pas forts du tout". L'idée est de progresser dans ce secteur, sans pouvoir rivaliser avec les offres promotionnelles de certains brasseurs. "On ne peut pas jouer dans cette course aux promotions, surtout pas dans le secteur de la pils". Silly écoule sa Pils bio en canette dans le retail. "Nous sommes très présents dans l'événementiel, qui représente entre 10 et 15 % de nos ventes". L'Horeca, c'est de l'ordre de 10 %.

Le marché belge est en fait un tremplin pour les exportations (55 % du total). "L'ancrage belge est important pour notre crédibilité à l'étranger. Pour nos visiteurs, il est en effet important de voir que nos bières sont vendues chez nous".

La Silly Blanche à l'export

La France, l'Italie et la Suisse sont les principaux marchés à l'exportation, avec la Silly Blanche en tête des ventes. La Chine a fortement baissé mais la brasserie a réalisé "une bonne année 2024 aux États-Unis", qui a représenté 3,5 % du total de la production. Comme d'autres, la brasserie attend de voir la suite des discussions sur les taxes à l'importation. Elle est depuis peu présente au Canada. "Un deuxième container va bientôt partir". Elle a aussi "deux trois projets dans des pays d'Asie".

La Brasserie table sur une hausse de sa production de 6 % sur l'ensemble de l'année. Les indicateurs sont encourageants. "Nous sommes en légère progression sur les six premiers mois de l'année par rapport à 2024". La brasserie se donne "une dizaine d'années" pour évoluer vers le maximum de sa nouvelle capacité de production.