5000 recrues par an

Prévu initialement le 1er janvier 2027, l'appel sous les drapeaux a été avancé au 1er juillet 2025. Désormais, les femmes âgées de 18 ans à partir de cette date charnière du 1er juillet seront convoquées, comme les hommes, à la "Journée de la Défense" début 2026 pour une série de tests médicaux et d'entretiens pour déterminer leurs aptitudes au service. Les candidates jugées aptes participeront alors à un tirage au sort pour savoir si elles sont retenues car les corps d'armée n'ont pas les capacités d'absorber qu'environ 5 000 recrues par an, chiffre qui sera porté néanmoins à 6 500 par an à l'horizon 2036 selon le ministère de la Défense.

L'ouverture du service aux femmes permettra de "développer davantage de puissance de combat", affirme le chef d'état-major de la Défense, Michael Hyldgaard, persuadé que les forces armées sont "prêtes à accueillir autant de nouvelles recrues féminines". "Vingt-cinq pour-cent des conscrits sont déjà des femmes", rappelle-t-il, faisant référence aux engagées volontaires qui peuvent depuis 1998 effectuer le service militaire aux côtés des hommes.

La décision du service militaire obligatoire suscite des réactions contrastées au sein des jeunes à l'instar des lycéennes du lycée d'Egå, à Aarhus, la deuxième ville du pays. Lucca Sandell, qui fêtera ses 18 ans en octobre, n'est pas "enthousiasmée à l'idée de faire (son) service". "Je n'aime pas la guerre, la violence, donc je ne pense pas que le service militaire soit quelque chose que j'aimerais vraiment", confie-t-elle à la chaîne de télévision publique DR. " J'en ai parlé à mes amies quand la nouvelle du service obligatoire est tombée. Nous étions toutes très inquiètes de la situation sécuritaire actuelle et craignions de devoir faire notre service militaire en temps de guerre", ajoute-t-elle. Un avis que ne partage pas Defne Topcu, âgée de 16 ans, qui salue au contraire "une initiative vraiment importante, car l'égalité entre les sexes ne consiste pas seulement à donner aux femmes de nombreuses opportunités et de nombreux droits. Il s'agit également pour nous d'avoir une responsabilité égale, et cela inclut le service militaire".

Sexisme et harcèlement

Mais des voix critiques s'élèvent contre le calendrier trop précipité choisi par le gouvernement, soutenu par une large majorité au Parlement. "Les forces armées ne sont pas prêtes à assurer de bonnes conditions aux nouvelles recrues du service obligatoire", selon Henriette Laursen, directrice du Centre national de recherches sur l'égalité entre les genres KVINFO, qui collabore avec le ministère de la Défense sur la diversité et l'égalité. "Il n'est pas juste que les femmes soient obligées de servir sous les drapeaux alors que de nombreuses conscrites volontaires continuent de subir des comportements abusifs", affirme-t-elle.

En effet, les problèmes de sexisme et de harcèlement sont récurrents dans les forces armées ces dernières années. "Seuls 5 % des volontaires restent dans le milieu militaire à l'issue de leurs contrats en raison du comportement dégradant et de violations diverses de leurs collègues hommes", pointe Dansk Kvindesamfund, l'Association des femmes danoises. En effet, selon une enquête du ministère de la Défense, publiée en 2024, plus de la moitié des conscrites volontaires ont signalé des attentions sexuelles non désirées et du harcèlement moral et sexuel des hommes. "C'est un chiffre trop élevé, et nous devons bien sûr faire quelque chose à ce sujet", assure le ministre de la Défense Troels Lund Poulsen, prônant désormais "la tolérance zéro" face aux atteintes contre les femmes soldats, et estimant "nécessaire de mettre en œuvre de nouvelles initiatives pour que les forces armées soient un lieu de travail agréable et sûr".