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Quelle relation entretenez-vous avec votre bac brun ? Projet personnel grisant ? Mal nécessaire ? Objet de curiosité ? Échec malodorant ? Obligation accablante ? Si on en croit un sondage Léger dont Le Devoir faisait état cette semaine, à Montréal, à peine la moitié des répondants disent recourir au fameux bac brun, pourtant disponible pour 93 % des ménages.
Quant à la collecte des ordures ménagères, passée à un rythme bimensuel dans plusieurs arrondissements, elle pue au nez de 54 % des Montréalais. Le manque d’espace pour entreposer les déchets, la mauvaise odeur et la crainte d’attirer de la vermine trônent au sommet des raisons qui fâchent le citoyen montréalais. RECYC-QUÉBEC calcule pourtant que 93 % de la population du Québec a accès désormais à un mode de collecte des déchets organiques. Mais il semble évident que les municipalités ayant une forte densité de population croisent plus de défis d’adhésion citoyenne.
La collecte des résidus alimentaires est pourtant un maillon indispensable de la chaîne de recyclage de toute société se disant verte. Le Québec a longtemps accusé un retard préoccupant en cette matière, mais les efforts des municipalités semblent avoir payé. Selon le dernier rapport annuel disponible de RECYC-QUÉBEC (2023-2024), le taux de recyclage des résidus verts et alimentaires est passé de 17 % en 2015 à 31 % en 2018, et enfin 60 % en 2021. Il s’agit d’un indéniable signe d’encouragement. Le travail est colossal : le Québec génère un peu plus de 6 millions de tonnes de matières résiduelles par année, dont 60 % sont des matières organiques.
Il reste encore du chemin à parcourir pour atteindre l’objectif que le Québec s’est fixé, soit d’instaurer la gestion de la matière organique sur 100 % du territoire municipal et dans toutes les industries, commerces et institutions d’ici 2025. Québec espère aussi « recycler ou valoriser 70 % de la matière organique d’ici 2030 ». Sa stratégie est axée sur la responsabilité partagée de tous les intervenants, y compris les citoyens. Et si des rebelles s’invitaient dans la danse du bac brun ?
Le coup de sonde effectué auprès des Montréalais ne laisse aucun doute sur la présence de ce que le sondeur Léger appelle en effet des « rebelles désintéressés », qui constituent quand même 27 % de la cohorte des interviewés. Ceux-là sont récalcitrants, et méconnaissent grandement les politiques de recyclage. Ça prend trop de temps et ça ne donne rien ! Le sondeur a colligé des réponses qui montrent que ce nonchalant ne trouve pas pratique la collecte des déchets de table, qu’il n’a pas suffisamment d’espace, qu’il ne ressent pas la moindre culpabilité d’expédier tous ses déchets dans les sites d’enfouissement. C’est lui qui, de loin, se montre le moins intéressé par une tarification incitative qui consisterait à faire payer les citoyens en fonction de la quantité de déchets qu’ils continuent d’envoyer à la collecte. Il n’a pas à craindre : Montréal a décidé qu’en cette année électorale, elle n’imposerait pas ce principe du pollueur-payeur.
Comment convaincre ce rebelle désintéressé que, malgré son indifférence, c’est dans un certain confort qu’il baigne ? La collecte des ordures, du recyclage et des matières organiques est à sa porte, ce que bien des nations du monde ne peuvent s’offrir. Bien que cela puisse représenter un plus grand défi dans les immeubles de plusieurs logements, l’expérience effectuée dans certains arrondissements par des projets-pilotes démontre qu’avec du temps, de l’information, un exercice de pédagogie constant, ce qui semblait au départ une hérésie peut très bien devenir une habitude.
Il le faudra bien. D’abord, car nos sites d’enfouissement ne pourront pas répondre à l’exorbitante quantité de déchets qui continuent de s’y amasser, en total irrespect des pratiques écologiques responsables que sont la réduction à la source, le réemploi et le recyclage. Ensuite, parce que ces déchets organiques, s’ils sont enfouis, produisent du méthane, un gaz à effet de serre 25 fois plus puissant que le CO2.
Les villes développent des modes de réutilisation de ces déchets. Montréal a son centre de compostage depuis 2024. Il traite 50 000 tonnes de matière organique par année, qu’il redistribue en compost, aux agriculteurs par exemple. La Ville de Québec utilise une usine de biométhanisation, un autre mode de revalorisation des déchets organiques. En 2024, elle a produit 3 millions de mètres cubes de gaz naturel destiné à Énergir, soit l’équivalent de quelque 2800 maisons chauffées sur une année.
En parallèle de ces actions nécessaires, on doit déjà commencer à songer aux manières de réduire ce qui est destiné au bac brun. Réduction à la source et diminution du gaspillage alimentaire sont des pans essentiels des coutumes auxquelles les citoyens doivent s’intéresser — les Nations unies estiment que le tiers de la nourriture que nous produisons mondialement est gaspillé, soit l’équivalent de 1,3 repas par jour pour chaque personne souffrant de la faim dans le monde. Qu’en dit le rebelle désintéressé ? Très peu pour lui, pour le moment, mais il assure que ce sont des mesures économiques qui le feraient revoir sa position. C’est à mijoter.
Ce texte fait partie de notre section Opinion. Il s’agit d’un éditorial et, à ce titre, il reflète les valeurs et la position du Devoir telles que définies par son directeur en collégialité avec l’équipe éditoriale.