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L’indécente cruauté de Donald Trump et la nôtre

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Dans les marécages mortels des Everglades, en Floride, seront désormais enfermés les migrants qu’on ne saurait voir. Si les sans-papiers s’échappent, ils seront rattrapés par des alligators et des serpents venimeux, dit en blague Donald Trump. « Il faudra leur apprendre à courir en zigzag ! » ajoute le président de la plus grande puissance militaire au monde. Une geôle du Moyen Âge avec douves, pont-levis et bêtes féroces.

Un courriel de financement du Parti républicain annonçait en caractères gras, la semaine dernière, l’ouverture d’« Alligator Alcatraz », un camp d’emprisonnement « gardé par des alligators et surveillé par des pythons, pour les étrangers qui pensaient pouvoir déjouer le système ». Après avoir mentionné les « animaux sauvages assoiffés de sang », le courriel conclut : « C’est un aller simple vers le regret pour des criminels qui auraient dû s’auto-expulser. » Des « criminels » qui, pour la majorité, n’ont jamais été inculpés ni accusés d’un crime violent.

Le Parti républicain vend aussi des casquettes de baseball, des t-shirts et d’autres marchandises ludiques sur ce camp de travail improvisé, cet Alcatraz serti d’alligators. Des couvre-chefs avec le nom du camp où sera concentré le désespoir. Une casquette pour se couvrir la tête et le cœur. En 2025, on portera fièrement l’indécence.

La décence était déjà meurtrie quand le vice-président des États-Unis, J.D. Vance, avait qualifié des citoyens de l’Ohio d’origine haïtienne de « migrants mangeurs de chats ». Ou quand Trump les avait comparés à des déchets à mettre à la poubelle. Ou alors quand il a laissé entendre que le candidat démocrate à la mairie de New York, Zohran Mamdani, musulman, devrait être expulsé. La désinformation est une chose, et nous devons la combattre à grand renfort d’arguments et de faits. Il est toutefois plus difficile de combattre l’indécence et la cruauté.

Indécence en bon québécois

Ce déni d’humanité, je le vois ici aussi. Je le vois quand un chroniqueur sportif qualifie une ministre de « vulve », quand un chroniqueur populaire lynche un adolescent en publiant sa photo sur ses médias sociaux, quand des femmes agressées se font demander ce qu’elles portaient ce soir-là, quand des femmes voilées se font invectiver dans l’autobus ou quand un blogueur critique mon corps et celui de ma coanimatrice de podcast dans une vidéo de deux heures sur YouTube.

Il est difficile d’imaginer des propos plus injurieux que ceux encaissés par Joyce Echaquan avant qu’elle ait poussé son dernier soupir en septembre 2020. Dans une vidéo filmée lors de ses interactions avec du personnel de l’hôpital de Joliette, à travers les cris de cette mère attikamek de sept enfants, on entend : « Ostie d’épaisse de tabarnak […] Ça là, c’est mieux mort, ça », « T’es épaisse en câlisse » et « C’est meilleur pour fourrer plus qu’autre chose ». Écrire chacun de ces mots m’écorche encore le cœur, après toutes ces années. Joyce Echaquan est décédée de manque de soins, mais surtout de manque d’humanité. Elle a succombé à la cruauté.

Cette cruauté n’apparaît pas sur une table rase. Elle se construit dans le fil de notre indécence, année après année, insulte après insulte. Un exemple : en 2017, l’animateur de radio Jeff Fillion avait qualifié des femmes autochtones agressées sexuellement de laides, « déboîtées », droguées, aux dents pourries et aux prises avec l’hépatite, en comparaison des beaux policiers de bonne famille qu’on accusait d’inconduite. Un seul exemple pour illustrer des centaines d’années de mépris.

Je vois aujourd’hui cette cruauté dans des attaques ad hominem envers les personnes qui luttent pour leurs communautés. Ces « wokes » qualifiés par des chroniqueurs « d’extrémistes religieux, aveuglés par leur foi ». J’ai de très bons amis, des femmes au cœur grand comme le monde ou des hommes qui font de l’insomnie à se battre contre le racisme, dont l’existence et le corps sont dénigrés publiquement. Certains ont même cessé de parler en public pour s’éviter la cruauté.

D’ailleurs, l’obsession de certains commentateurs pour cet épouvantail « woke » est palpable. Une étude sommaire des titres de chroniques révèle que les personnes qui sont associées (malgré elles) à cette mouvance écrivent beaucoup moins de chroniques à ce sujet que ceux qui les dénoncent. Bien que personne ne s’auto-qualifie de « woke », le terme est devenu un quolibet à la mode pour dénigrer ses adversaires. Bien que je n’approuve pas le fait de traiter un de ces chroniqueurs de « Hitler », on doit dénoncer l’indécence. Il faut la qualifier en mettant les points sur le i, parfois avec vigueur, parfois avec humour, mais toujours avec mesure.

Je suis en désaccord sur beaucoup de sujets avec mes collègues, avec des chroniqueurs d’autres médias, avec des personnes que je croise dans l’espace public virtuel, mais je ne m’abaisserai pas à utiliser des flèches envenimées de la sorte. Le mépris n’exprime pas le désaccord, le mépris vise à taire le débat. Le mépris découle de l’indécence, et de l’indécence découle la cruauté.

Ce texte fait partie de notre section Opinion, qui favorise une pluralité des voix et des idées en accueillant autant les analyses et commentaires de ses lecteurs que ceux de penseurs et experts d’ici et d’ailleurs. Envie d’y prendre part? Soumettez votre texte à l’adresse [email protected]. Juste envie d’en lire plus? Abonnez-vous à notre Courrier des idées.

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