L’intelligence artificielle (IA) fait peur aux uns et fait rêver les autres. Les artistes de scène ne font pas exception à cette réalité. Avec ses idées de grandeur, Dave Gaudet veut ouvrir la porte à l’IA dans les spectacles d’humour. Deuxième texte d’une série sur les espoirs et les doutes face au potentiel créatif de l’IA dans les arts vivants.

La sphère de Vegas ou le Cirque du Soleil en humour, c’est ce à quoi l’humoriste Dave Gaudet compare son prochain spectacle, intitulé Intelligence artificielle.

Après avoir conclu la tournée de La légende, spectacle pour lequel il a vendu près de 50 000 billets, il se lance maintenant dans « une idée de fou ». Par le biais de blagues et de démonstrations fantaisistes, il abordera les bienfaits et les méfaits de l’IA.

« Je comprends pourquoi les acteurs ont fait une grosse grève aux États-Unis. C’est tellement dangereux comme outil, au point où c’en est épeurant, lance l’humoriste bilingue né en Alberta. Au milieu du spectacle, je suis capable de changer ma voix et de chanter comme Morgan Freeman. Je peux être Yvon Deschamps. Je peux ramener des morts. Je peux lui demander d’écrire une chanson en direct. »

La scène, elle, sera entourée et tapissée d’écrans sur lesquels seront projetées des images créées par intelligence artificielle.

« C’est aussi pour montrer jusqu’où on peut aller, créativement, avec l’IA », explique-t-il avec enthousiasme.

C’est aussi pour montrer jusqu’où on peut aller, créativement, avec l’IA.

— Dave Gaudet

Et il est possible d’aller très loin ! En expérimentant avec cet outil, il a été impressionné par ses possibilités. Selon les scènes, un décor numérique réaliste peut le transporter dans le bois, sur le bord d’un immeuble en hauteur à New York ou dans un spa finlandais. Il peut discuter en direct avec plusieurs versions de lui-même, en bébé ou en dragon.

« Je peux dire au public qu’Hollywood au complet est dans la salle. Et quand je dis ça, on va montrer les caméras placées dans la face des gens à la première rangée. Tout d’un coup, ils vont être les Avengers et Iron Man sera en train de “frencher” Thor », imagine-t-il.

Des numéros requerront des lunettes 3D. « On va aller jusqu’au maximum de ce qu’on peut faire avec l’IA », affirme Dave Gaudet.

Ce dernier commencera des spectacles de rodage sous peu, pour tester uniquement ses blagues, sans support technologique. « Il faut que ce soit drôle en partant », souligne-t-il. Un gros travail sera ensuite fait pour synchroniser les projections avec le texte.

L’avenir des spectacles

Dave Gaudet croit que l’IA sera importante pour l’industrie des spectacles dans les cinq prochaines années. Outre les effets visuels, elle peut être consultée pour la conception de numéros, en apportant des idées sur certains sujets, à la manière d’un brainstorm.

Il ne s’agit toutefois pas de demander à ChatGPT d’écrire des blagues. « Il n’y aura pas d’âme. Ça va m’écrire une blague de dauphin sans profondeur », dit Dave Gaudet en rigolant.

Son expérience pourrait inciter d’autres humoristes à utiliser cet outil, croit-il. « On va voir comment le public sera réceptif à un spectacle comme ça. »

Pour l’instant, la curiosité est piquée, puisque 10 000 billets ont déjà été vendus. Dave Gaudet vise les plus grandes salles du Québec. D’ici là, il dormira peu, prédit-il.