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Sex, Love, Dreams. Berlin 2024, Venise 2025, Berlin 2025. Comme l'Autrichien Ulrich Seidl l'avait fait avec sa trilogie Paradis : Amour, Foi, Espoir (présentée à Cannes, Venise et Berlin en 2012 et 2013), Dag Johan Haugerud a dévoilé sa trilogie osloïte dans les plus grands festivals. L'occasion de découvrir un réalisateur de 60 ans jusqu'ici inconnu en dehors des frontières de la Norvège… Et ce alors que le cinéma norvégien est très présent sur nos écrans cet été, avec Loveable de Lilja Ingolfsdottir (sorti le 18/6) et Sentimental Value de Joachim Trier (Julie en 12 chapitres), le grand prix de Cannes, attendu le 20 août.
En salles ce mercredi, Love** est le deuxième volet de la trilogie — Sex sortira le 30 juillet et Dreams, Ours d'or à Berlin en février dernier, est prévu pour le 10 décembre. Ce chassé-croisé dans les rues de la capitale norvégienne entre Marianne (Andrea Braein Hovig), une urologue, et Tor (Tayo Cittadella Jacobsen), un infirmier homosexuel, se présente comme une comédie rohmérienne explorant l'amour et le désir…
La consommation des corps
Au départ, Dag Johan Haugerud avait imaginé un film d'une heure environ, format qu'il apprécie particulièrement. Mais, faute de financements, il s'est finalement tourné vers trois films classiques. "Mon but était de faire trois films très différents sur les mêmes sujets. Même s'ils sont tous les trois basés sur de nombreux dialogues", nous expliquait le cinéaste il y a un an à la Mostra de Venise, où Love était en Compétition.
Le palmarès de la 75e Berlinale met en lumière les femmes, la (fin de) vie et la quête de libertéLa spécificité de Love par rapport aux deux volets de la trilogie, c'est qu'il "explore plus la sexualité gay, même si elle est présente dans Sex et Dreams". "Je montre comment cet infirmier gay vit sa vie et sa sexualité. Il veut partager son expérience avec cette femme hétéro. Cela parle du fait que l'homosexualité a peut-être quelque chose à offrir à la communauté hétérosexuelle", estime le réalisateur.
Ces applications fonctionnent comme des menus : vous commandez un homme ou une femme pour la soirée.
Love met notamment en scène l'utilisation d'applications de rencontres, l'un des personnages allant jusqu'à parler de Tinder comme d'un "bordel en ligne". "Cela facilite les rencontres. Mais celles-ci sont basées sur un échange quasi économique. Vous commandez un homme ou une femme pour la soirée. Ces applications fonctionnent comme des menus, comme lorsque vous commandez à manger en ligne…, sourit le cinéaste. Ce n'est pas la même chose qu'une vraie rencontre. Mais je connais des gens qui ont rencontré quelqu'un sur Tinder et qui ont fini par se marier et avoir des enfants."
Jacques Marquet (UCLouvain) : "Les sites et applis de rencontre sont un mode de rencontre parmi d'autres, mais…"Dans le film, après un rendez-vous galant avec un beau géologue, Marianne décide par exemple de swiper sur Tinder pour un coup d'une nuit. Rien de plus… "Je trouvais intéressant de voir comment on peut passer, en un clin d'œil, d'un état d'esprit romantique à de la pure excitation. Et si, à la fin, l'homme gâche tout en se montrant trop bavard, cela n'a pas d'importance, car Marianne a obtenu ce qu'elle voulait de cette rencontre…", commente Haugerud.
La nécessité de l'empathie
Pour autant, les personnages de Love ne sont pas mus que par leurs désirs. Au contraire, ils accomplissent aussi des actes de gentillesse totalement désintéressés. "Dans la trilogie, Love est le film qui parle d'amour. Au centre, il y a cette idée qu'il faut se comporter avec les autres de manière aimante, avec empathie. Le monde en manque cruellement aujourd'hui. […] La gentillesse est très importante. Les personnages du film la font passer avant tout, certainement avant la sexualité. Les gens agissent peut-être rarement ainsi, mais c'est intéressant de montrer que la gentillesse peut être une force motrice. J'espère qu'elle peut exister sans être considéré comme utopique…"
C'est intéressant de montrer que la gentillesse peut être une force motrice.
Si Marianne est médecin et Tor infirmier, c'est tout sauf un hasard pour Haugerud. Ça lui permettait d'aborder plusieurs thèmes. "Les travailleurs de la santé parlent très librement du corps et de la sexualité, car ils sont habitués à traiter le corps de façon très naturelle." Et si Marianne est spécifiquement urologue, c'est que "cette zone du corps est connectée à des choses que beaucoup trouvent honteuses, alors qu'on utilise tous cette partie du corps. On va tous aux toilettes…"
"Je voulais aussi montrer combien les différences de classes sont frappantes quand on est malade, ajoute le cinéaste. Certains n'osent pas aller chez le médecin, car ils ont peur. Tandis, que de l'autre côté de l'échelle sociale, on peut exiger des médecins qu'ils vous soignent avant les autres, on peut se payer certains traitements…"
Un cinéaste rohmérien
Si sa trilogie repose énormément sur de longs dialogues, finement écrits, c'est que Dag Johan Haugerud est un grand admirateur d'Éric Rohmer, qu'il a découvert par hasard avec La Femme de l'aviateur (1981), alors que la séance de la comédie qu'il voulait aller voir avec ses copains était pleine… "On avait 14 ans. On a ri pendant tout le film, parce qu'on ne comprenait pas pourquoi ces Français parlaient tout le temps. Mais c'est le seul film de mon enfance dont je me souviens. Cela m'a beaucoup marqué…", confie le Norvégien qui, durant ses études en histoire du cinéma, a consacré sa thèse aux films du cinéaste français.
"Ce que j'aime chez Rohmer, c'est la façon dont les dialogues parlent de choses très ordinaires, triviales, mais pour atteindre une grande profondeur." Un modèle qu'il reprend avec élégance dans ses trois films.
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